Depuis des dizaines d’années l’idée de cloner un représentant de cette espèce éteinte fascine les esprits péri-scientifiques et les masses. A l’heure qu’il est on ne parle plus de faire renaître les sauriens et d'autres animaux préhistoriques. De leurs ossements qui sont restés si longtemps enfouis, il ne reste que des empreintes et des fossiles.
Tandis que les mammouths laineux sont apparus pratiquement en même temps que les hommes, mais leur histoire fut beaucoup plus courte. A la différence des dinosaures dont les restes sont surtout découverts dans des déserts arides rocheux, les mammouths fossiles sont retrouvés dans le pergélisol en Sibérie subarctique et en Amérique du Nord. Les tissus mous, les os et même dans certains cas la fourrure congelés se sont bien conservés durant mille ans dans ce « frigidaire ». Ce qui a permis aux chercheurs d’avancer sur un ton sérieux – quoique avec circonspection – l’idée de cloner un mammouth. Il ne faut pour cela qu’un fragment de tissus dans lequel l’ADN se soit bien conservé. La réalisation de ce projet est tout à fait possible, mais ne mènera à rien de bon. Telle est l’opinion d’Alexandre Tchoubenko, biologiste, journaliste et rédacteur du site Jeunesse éternelle :
« L’emplacement des gènes dans les chromosomes est inconnu, je ne suis pas sûr que le nombre de chromosomes soit connu, puisque dans les tissus congelés il ne reste que des « bribes » d’ADN. D’autre part il est douteux que l’éléphante ne rejettera pas l’embryon du mammouth même s’il l’on parvient à l’obtenir. L’idée de Jack Horner de l’Université du Montana, qui a l’ambition de créer des dynopoules ou des poulosaures, est bien plus intéressante et prometteuse. Pour le faire il veut activer les gènes inopérants d’une poule, de façon qu’une espèce de bébé dynosaure sorte de l’œuf, en plusieurs stades ».
De l’avis de l’expert cette expérience coûtera quelques 2 millions de dollars, tandis que pour cloner un mammouth il faudrait des milliards. Les hommes d'affaires américains ont fixé un prix combien plus modeste pour « ressusciter » les animaux de compagnie. Le clonage de leur chien ou chat adoré reviendra aux propriétaires à environ 250 000 dollars. Or il ne faut pas confondre un animal de compagnie à un mammouth qui, de l’avis de nombreux scientifiques, ne survivra pas dans les conditons actuelles car le climat a changé durant les 400 000 dernières années.
Pendant que certains chercheurs tâchent de cloner le mammouth, leurs collègues de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie ont déjà reproduit le génome d’une espèce rare de grenouille, disparu au début des années 80 du siècle dernier. Il est vrai que les embryons obtenus n’ont pas été viables, comme c’était dans le cas du bouquetin des Pyrénées cloné en 2009 et mort quelques minutes après sa naissance. Néanmoins les scientifiques restent optimismes et comptent sur une percée prochaine dans le clonage des espèces éteintes. L’apparition de monstres ne sera-t-elle pas le résultat de leurs efforts ? Viatcheslav Tarantoul, docteur ès sciences biologiques, professeur, directeur adjoint de l’Institut de génétique cellulaire de l’Académie des sciences de Russie, rappelle :
« Il est même question de cloner l’homme de Néandertal. C’est une ramification du genre Homo. Cette question fait l'objet d'un vif débat au sein de la communauté scientifique, comme d’ailleurs le clonage de l’homme. Est-ce que ce sera un homme ou un animal ? Bref, il existe des problèmes d’ordre technique, moral et, bien entendu, économique ».
Il y a encore un problème important. Une véritable guerre pour les restes fossiles des espèces disparues est menée en Yakoutie recouverte de permafrost. En 1990 le trafic de défenses d’éléphants a été interdit dans le monde entier, ce qui a entraîné la hausse des prix des défenses de mammouth qui servent à sculpter divers objets, depuis les pièces d’échecs jusqu’aux bijoux. Une paire de défenses peut coûter au marché noir jusqu’à 75 000 euros. On sait que Michelle Obama possède un collier en ivoire de mammouth.
Le problème encore plus important est la biodiversité de la Terre qui se réduit. Par conséquent il n’est pas exclu qu’il faudra bientôt penser au clonage des tigres, des léopards et des rhinocéros qui pour le moment vivent encore à nos côté. /L