L’intérêt des étrangers pour la Russie est facile à expliquer : la crise économique qui se prolonge dans la zone euro touche durement les principaux marchés qui sont sclérosés, notamment et surtout ceux de l'automobile. En 2012 les ventes de véhicules en Europe ont baissé de près de 8 %, et celles de Renault – de plus de 22 %. La Russie sur ce fond apparaît comme une vraie oasis. Selon les données de l’Association du business européen, notre marché de petites cylindrées et de camionnettes commerciales a augmenté l’an dernier de 11 %. Comme l’a déclaré aux journalistes russes Carlos Ghosn, président de l’Alliance Renault-Nissan, à terme moyen notre marché « continuera de rester l’un des plus dynamiques au monde ». C’est ce qui attire chez nous des constructeurs de voitures de série de l’Europe, de la Corée du Sud et de l’Amérique. Comme le note l’expert Léonide Golovanov, le consortium français est devenu l’un des plus gros investisseurs étrangers dans l’industrie automobile nationale :
« L’Alliance Renault-Nissan est l’un des acteurs les plus énergiques. Elle participe dans le capital d’AvtoVaz, le gère en fait. Sûrement également le côté technique. En effet, les Français vont développer la localisation des modèles ici, en Russie. C’est à cela que sont liés leurs plans pour l’investissement ».
Renault a déjà investi directement dans des projets russes plus d'1,4 milliards d’euros. Il est vrai que cela n’entraîne pas pour le moment un transfert de technologies. La Chine, qui a gagé également sur les investisseurs étrangers, occupait une position plus dure, en obligeant les partenaires à jouer d’après ses règles.
Léonid Klimanovitch, vice-président de l’Association russe des journalistes se spécialisant dans l’automobile, est persuadé qu’à l'avenir les productions d’assemblage de consortiums étrangers, même sans les méthodes pratiquées par les Chinois, conduiront au transfert de technologies et deviendront le catalyseur pour l’essor sur place de productions d’équipements pour véhicules :
« On sait exactement à partir de combien de véhicules par an – 10 000, 200 000, 300 000 – il devient plus intéressant de développer la production des équipements pour véhicules sur place, et non de les transporter. Plus on produit de véhicules, plus des équipements seront produits ici pour eux. De nouvelles usines seront construites ou des anciennes – modernisées ».
Les autorités russes sont disposées à s’en tenir à ce schéma. Le régime d’assemblage qu’elles ont approuvé oblige les investisseurs à créer des productions d’une capacité minimale de 300 000 véhicules par an. /L