Le congrès du parti Alternative für Deuschland (Alternative pour l'Allemagne - AfD), qui a pour objectif de restaurer le deutschemark, s’est déroulé dans une atmosphère de confiance. 25% des Allemands sont prêts à soutenir ce parti aux prochaines élections. Un des leaders de AfD, le chercheur et écrivain Conrad Adam, estime que le besoin dans la société d’une discussion ouverte sur les mesures susceptibles de sauver les économies de l'UE est très fort.
« Nous sommes persuadés que la présence de l'Allemagne au sein de l’union monétaire est trop onéreuse », explique-t-il à La Voix de la Russie. « Cela coûte plus cher que la décision de mettre fin à cette expérience ratée. Le prix à payer sera plus élevé quoi qu’il en soit, et si nous ne quittons pas cette voie, ce prix ne fera qu’augmenter. En sortant de la zone euro, l'Allemagne y gagnera ».
Selon Conrad Adam, le principe du marché socialement responsable qui a prouvé la stabilité de son développement d'après-guerre en Allemagne n’a pas besoin d’être révisé sous le prétexte fallacieux de préserver la situation politique. Le politique juge inacceptable de dépenser des centaines de milliards pour le sauvetage de l’euro. À cet égard, les eurosceptiques critiquent Berlin, qui ignore la possibilité de revenir au mark et aux petites unions monétaires au sein de l’Europe.
« L'euroscepticisme a toujours été présent en Allemagne », analyse Vladislav Belov, le directeur du Centre de recherches allemandes à l’Institut de l’Europe. « Les adversaires de l'euro se basaient sur des modèles imparfaits de la zone euro. La zone euro doit se construire elle-même non seulement sur le plan économique mais aussi une base politique solide. Il fallait construire une confédération politique. Car la politique budgétaire unifiée ne peut être réalisée que si les fonctions du gouvernement sont exercées au niveau supranational, peu importe sa composition. L'avenir de la zone euro – c’est la confédération politique. Le débat fera des dégâts. Le chemin vers cette confédération sera long ».
On peut distinguer deux catégories d’eurosceptiques. La minorité se prononce pour le démantèlement de l'Union européenne en tant que telle. Leur slogan: « Sauver l'Europe - désintégrer l'Union européenne. Cependant, les experts doutent que ce scénario soit réalisable. La plupart des eurosceptiques ne sont pas contre l'Union européenne, mais contre l'euro sous sa forme actuelle. À leur avis, l'introduction de l'euro est une erreur historique. Aujourd'hui, l'euro ne réunit pas, mais divise l'Europe.
« L'euroscepticisme est fort en Europe », explique Vladimir Brouter, expert du Centre international de recherches politiques et humanitaires. « D'autre part, l’intégration n’a pas d’alternative réaliste. L’Allemagne en tant que locomotive économique de la zone euro supporte toute la charge des problèmes économiques. La Pologne ne veut pas intégrer la zone euro. La Grande-Bretagne n’examine même pas de cette question. Ceux qui se sont retrouvés en dehors de la zone euro sont dans une meilleure posture. Leur situation économique est plus sensible aux méthodes non traditionnelles de réglementation. L'UE a vraiment peur de la désintégration. Cependant, on ignore de quel côté elle peut commencer ».
La question du sauvetage de l’euro est moins économique que politique. Il y a deux solutions : l’intégration macroéconomique plus étroite avec le transfert de certaines fonctions de l'État au niveau supranational, ou l’éclatement de la zone. Il n’y a aucun autre terrain d'entente. Et une décision sur l'unification politique dans les conditions actuelles semble peu probable. Apparemment, l'Union européenne va quitter petit à petit la scène politique. T
