Que devient le peuple Hmong ?

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A Dinan, un jour de décembre 2011, face au monument aux mort de l’Indochine, le colonel Robert Jambon, Commandeur de la Légion d’Honneur maintes fois médaillé mettait fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête. Il voulait alerter l’opinion publique sur la trahison de la France et surtout de ses dirigeants, envers le peuple Hmong. Ce geste qu’il avait qualifié comme son dernier « acte de guerre » avait fait le tour des médias. Mais qu’en est-il de la situation des Hmong au Laos après l’acte exemplaire de fidélité et de courage du vieux soldat ? http://www.soldatsdefrance.fr/Dernier-acte-de-combat-d-un-grand-Soldat-de-France-le-Colonel-Robert-JAMBON_a920.html .

Ce drôle de nom n’inspire sans doute pas grand-chose aux Français mais les Hmong sont une des nombreuses minorités du Laos. C’est un peuple de montagnards et de trafiquants qui choisit la liberté lors de la guerre d’Indochine entre 1946 et 1954. Peuple tranquille mais libre, les Hmong s’étaient rebellés contre les colonisateurs français entre 1917 et 1922 mais avaient fini par être vaincus et les Français s’étaient intéressés à leur sort. L’un d’eux Touby Lyfoung (1917-1979 ?) devait rester le symbole d’une alliance du cœur entre cette minorité laotienne et les Français de l’Indochine. Il était le fils d’un notable et un homme dit-on cultivé. Dès mars 1945, il avait fait bon accueil aux commandos Français et participé à la guérilla contre l’occupant japonais.

Contrairement à une faible minorité de Hmong qui se rallièrent au Viêt Minh à partir de 1946, Touby Lyfoung comprenant le danger pour son peuple se rallie à la France. Il le fait comme beaucoup d’autres chefs de nombreuses autres minorités indochinoises. Leurs vies et leur intégrité tant morale que culturelle se trouvaient menacées. De fait, il combattra avec acharnement l’ennemi vietnamien et communiste. En opposition à l’histoire officielle mensongère, la défaite de Diên Biên Phu n’est pas une victoire totale du Viêt Minh. Si le Tonkin est désormais perdu et si les Français doivent abandonner le Nord du Vietnam, dans le Sud les Français ont vaincu et écrasé leur adversaire… Cette victoire sera d’ailleurs la raison pour laquelle il y eut la création de deux entités vietnamiennes : le Sud-Vietnam de Bảo Đại et le Nord-Vietnam d’Hô Chi Minh.

Pendant ce temps au Laos, Touby Lyfoung participa à la formation d’un nouveau royaume indépendant qui sera vite sous la pression de la Guerre du Vietnam (1964-1975). Ce furent les Américains qui ayant refusé d’aider la France la décennie précédente durent désormais tenter l’impossible dans la péninsule indochinoise. Mais dans le pays du million d’éléphants, la victoire finale des Vietnamiens entraîne une invasion immédiate. En 1974 le parti communiste laotien, le Pathet Lao prend le pouvoir, plusieurs centaines de milliers de soldats vietnamiens appuient les rares communistes locaux. Touby Lyfoung choisi de rester… D’abord ministre dans le nouveau gouvernement, les communistes balayent les vestiges de la démocratie par un coup de force et une terrible dictature commence.

Les Hmong, combattants acharnés contre les communistes vietnamiens et locaux seront immédiatement les cibles d’une féroce répression. Touby Lyfoung est arrêté et envoyé dans un des terrifiants camps de rééducation mis en place par les Vietnamiens. Il disparaît dans ce camp de la mort avec des milliers d’autres, peut-être abattu par un gardien d’un simple coup de fusil en 1979. Le dernier Roi du Laos, Savang Vatthana (1907-1978) meurt aussi avec sa femme et son fils dans l’un de ces camps abominables. Il meurt de faim comme beaucoup de soldats français fait prisonniers et internés autrefois dans d’autres camps au Tonkin. Le taux de décès de ces camps fut par ailleurs bien supérieur aux camps de la mort des nazis. Désormais la répression contre ces combattants de la liberté n’a plus de limite, et c’est un véritable génocide, celui que dénonçait le colonel Robert Jambon au moment de son suicide…

Car ces camps d’extermination lente sont toujours en activité. Les survivants acculés résistent avec l’énergie du désespoir. Des villages entiers ont été rasés, bombardés, empoisonnés, exterminés parfois avec des armes chimiques. Cette extermination a provoqué un grand exode, principalement vers les USA à l’exemple de leur chef de guerre Van Pao (60 000 personnes), combattant émérite (1929-2011) ou en France et en Guyane (10 000 et 1 600 exilés) http://objectif-cap-sizun-polynesie.over-blog.com/article-cacao-un-village-h-mong-en-guyane-41567697.html . Cette abominable répression n’a pas cessé, également contre d’autres minorités dans toute l’étendue du Vietnam et du Laos (le peuple des Méos entre autre). En 1990, alors qu’un maquis était cerné par l’armée régulière vietnamienne, fut capté en France l’émission d’un poste radio en langue française… il s’agissait de l’un de ces soldats français qui n’avaient pas voulu abandonner les populations sur place. Il lançait un dernier appel désespéré avant l’hallali. Il a préféré la mort au déshonneur, combien de ses frères Hmong, Méos, Cham ou Mnong sont morts ainsi ?

Ce qui est sûr au sujet des Hmong spécifiquement, c’est que leur situation a été dénoncée à de nombreuses reprises lors de reportages télévisés : par Philip Blenkinsop en 2002, par les Français Thierry Falise en 2003, Grégoire Deniau et Cyril Payen en 2005 et par l’Américain Roger Arnold en 2006. Ils sont traqués et cernés dans les forêts et les massifs montagneux menant une lutte silencieuse pour leur survie. Ceux qui sont pris meurent dans les camps d’extermination et de rééducation notamment au Laos. L’un des camps créé dans les années 70 était encore en activité de manière certaine en 2008. Réfugiés en nombre en Thaïlande, plus de 10 000 d’entre eux étaient parqués dans des conditions humanitaires indignes et le 28 décembre 2009 ce dernier pays avait décidé de livrer au Laos, 4 000 Hmong condamnés à une mort atroce dans les camps.

Lorsque le colonel Robert Jambon se suicidait en 2011 c’était après avoir tenté d’alerter toutes les autorités françaises compétentes : ministres, présidents de la République, personnalités célèbres : Kouchner, Menard, Ormesson, Devedjian, Chirac, Sarkozy et l’ensemble des journaux importants de France… En vain ! Désespéré le vieux soldat avait choisi de livrer sa dernière bataille et l’histoire fut enfin relayé par les médias assoiffés de sensationnel. L’an dernier en décembre 2012, une soixantaine de Hmong sont venus rendre hommage au courageux soldat. Aujourd’hui en 2013, il ne semble pas qu’aucun politique de gauche ou de droite ne soit monté au créneau pour sauver l’honneur, pour sauver ce peuple. Ils continuent de mourir, et pourtant ils furent des héros et moururent pour la France.

Nous ne voulons pas croire qu’une fois encore les Français oublieront leur devoir de mémoire, eux qui sont tellement attachés à défendre de belles causes. Celle-ci ne vaut-elle pas cent fois les mauvaises causes défendues par les élites françaises dans le sillage des BHL, des Fabius et des Fourest ? Que la mort du colonel Jambon ne soit pas inutile et que pour une fois la diplomatie française agisse là où nous avons tant de dettes à payer : celles du sang et de l’honneur.

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