Je conduis une Land Rover qui commence à dater. Elle a plus de 6 ans et lorsque j’étais passé au salon, on m’en a proposé une autre, une toute nouvelle version bourrée de gadgets et dotée de l’intelligence artificielle à un tel point que le jour où je perdrais les pédales sur l’autoroute, ma bagnole serait capable de comprendre que le conducteur n’est plus en état de maintenir le cap. Ensuite le cerveau de la Rover allumerait les feux de détresse, baisserait la vitesse et chercherait à garer la voiture sur la bande d’arrêt d’urgence. Le même jour, une fois arrivé à la maison, je me suis fait aborder par ma femme qui m’a réclamé, à titre de son cadeau d’anniversaire, le nouvel aspirateur-robot que l’on peut se faire livrer des Etats-Unis par poste moyennant un petit chèque de quelques 150 euros. Ledit engin est capable de détecter les saletés sur le parquet, rentre se refaire les piles et la santé au chargeur, peut atteindre n’importe quel trou avec son balai télescopique et sait manœuvrer en évitant de tomber lorsqu’il est à côté de l’escalier. Il paraît qu’il se laisse guider par son émetteur ultra-sonique. Bref, la guerre des étoiles débarque en direct dans notre quotidien. Les supporteurs sont nombreux à saluer la percée effectuée mais moi, je me demande : la robotisation de la vie peut-elle devenir dangereuse pour l’humanité ?
En fait tous les robots sont des produits dérivés des engins volants sans pilote appelés communément « drones ». Ces appareils dont on ne cesse de débattre serviraient de projection virtuelle de l’opérateur qui peut se trouver à cent lieues du champ de bataille. Tout ça est bien connu et est en passe de devenir un truisme même pour les élèves de la maternelle. La France justement s’est faite un nom à travers le monde pour la construction des drones d’observation. Autres pôles d’attraction de la dronautique internationale sont les Etats-Unis et Israël.
Or, il se trouve que la France serait en train d’acheter des robots volants à l’étranger, et plus exactement, outre-Atlantique. Philippe Migault, notre collègue de l’IRIS, soutient que si l’information s’avère vraie, il ne s’agirait que d’un achat sans importance pour combler le trou de l’autoproduction. Selon Philippe, la France serait capable de produire n’importe quel drone. L’appel à Washington ne serait lié qu’à l’urgence de la commande militaire. Quoi qu’il en soit, nous voudrions comprendre quels sont ces robots dont la France voudrait se doter le plus vite possible pour soutenir la liberté en Syrie, vous pensez-bien !
Il se trouve que les Etats-Unis ont été les premiers à utiliser un robot volant pour détruire une personne physique. Le personnage en question s’appelait Mohammed Atef et habitait l’Afghanistan. Le robot, lui, portait et porte toujours le nom de Predator. Ils se rencontrèrent un jour. Cela se passa en novembre 2001. Par ce fait même Washington est passé outre l’interdit international de confier les armes à des robots. Il va de soi que la décision de la mise à feu pour la destruction physique de M. Atef a été prise par un humain qui contrôlait le drone.
Mais au bout d’un certain temps, les robots peuvent très bien être exempts de ce contrôle. Le lobby le plus actif pour la promotion des machines de combat autonomes se trouverait justement au Congrès des Etats-Unis. C’est avec l’appui des sénateurs américains qu’a été prise la décision de doter une plateforme volante avec les missiles Hellfire ce qui veut dire « Feu de l’enfer ». Et c’est comme ça que le Predator naquit. Et c’est justement de ce fameux Predator que l’armée française veut se doter.
Ceci dit, il existe plusieurs autres types de drones en exploitation aux Etats-Unis, à savoir : Ravenet son homologue israélien Bird Eye 400 conçus tous les deux pour la surveillance et missions ponctuelles de renseignement. Ils sont au nombre de plusieurs dizaines de milliers sous la bannière étoilée. En même temps, il n’y en a quasiment pas dans l’Hexagone. Les Russes possèdent bien les appareils de ce type et ce, à partir des années 80, les premiers ayant été testés en Afghanistan avant le départ des troupes soviétiques. Le drone américain Shadow(Pénombre) fait toujours partie de la classe tactique mais vole à plus haute altitude et est capable de guider les missiles pour les frappes de précision. Enfin viennent les drones de la catégorie MALE selon le classement de l’OTAN. Ces machines ne sont représentées justement que par Predator et Reaper américains pour 3 types israéliens : Hermes-900, Heron et Eitan. Et mine de rien, c’est bien le Predator qui aurait été demandé par la Défense française. La raison semble être simple : il est l’un des rares à pouvoir effectuer des frappes. La France, elle, n’a jamais développé des robots de combat. Toutes ses machines volantes ne servent pas de plateforme pour transporter les armes mais sont juste des outils de surveillance.
Donc selon le scénario que l’on est en train d’imaginer, la Défense nationale veut ces drones pour appuyer l’initiative des rebelles en Syrie mais sans faire signer l’agression. Si on abat un drone, on ne réussira jamais à trouver son pays d’origine. Bref, une arme idéale pour livrer la guerre aux responsables de la Syrie. Autrement dit, la France semble se préparer à une agression non signée contre un pays proche-oriental peu développé mais qu’elle ne réussit pas à vaincre.
On ne peut que se souvenir du film immortel « Terminator ». Parfois la science-fiction prédit bien l’avenir. Surtout quand c’est un avenir cauchemardesque.