La Russie a salué la victoire de Nicolas Maduro à l'élection présidentielle au Venezuela, écrit mercredi le quotidien Kommersant. Bien que les sources diplomatiques russes affirment que même en cas de victoire de l'opposant Henrique Capriles les changements n’auraient pas été majeurs, il sera bien plus confortable pour les autorités russes d'avoir affaires au successeur d'Hugo Chavez. Cependant, Henrique Capriles refuse de reconnaître sa défaite et fait descendre ses partisans dans la rue.
Moscou semble convaincu de la victoire de Nicolas Maduro. Le président russe Vladimir Poutine avait même déjà invité fin mars le successeur d’Hugo Chavez au deuxième sommet du Forum des pays exportateurs de gaz qui se déroulera à Moscou les 1er et 2 juillet. Maduro avait accepté l'invitation.
Immédiatement après l'annonce des résultats, Nicolas Maduro a reçu les félicitations d'autres dirigeants mondiaux. Parmi les premiers : le président de l'Equateur Rafael Correa, à qui l'on promet la place de guide spirituel de la gauche en Amérique latine - libérée après le décès de Chavez - et la présidente de l'Argentine Cristina Kirchner. Plus tard, Poutine a également envoyé ses félicitations à Nicolas Maduro. Selon le service de presse du Kremlin, les deux présidents ont eu une conversation téléphonique lundi pendant laquelle ils ont mutuellement affirmé leur engagement à maintenir le partenariat stratégique entre les deux pays et discuté plusieurs aspects pratiques de coopération.
Cependant, tout le monde n'a pas salué les résultats de la présidentielle au Venezuela. Après l'opposition locale, les Etats-Unis ont également appelé à recompter les voix. Tandis que l'UE a annoncé qu'elle avait "pris note" de la victoire de Nicolas Maduro. Ces déclarations ont été ignorées par Caracas mais les propos du ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo, qui a dit douter de la "propreté du processus électoral", ont provoqué une forte réaction – l'ambassadeur vénézuélien à Madrid, Bernardo Alvarez, a été rappelé à Caracas pour consultations.
Les experts sont convaincus qu'à court terme Nicolas Maduro poursuivra la politique d'Hugo Chavez. La rhétorique antiaméricaine, propre à l'ex-dirigeant, ne devrait pas cesser. En pratique, les relations entre Caracas et Washington ne sont pas si mauvaises. L'ambassadeur américain au Venezuela aurait déclaré à son homologue russe que "malgré toute cette rhétorique au Capitole et à Caracas, les Etats-Unis continuent d’acheter au moins 60% du pétrole vénézuélien et jusqu'à 70-80% des importations, au Venezuela, proviennent d'Amérique".
Selon les experts, les relations privilégiées entre la Russie et le Venezuela ne risquent pas de se dégrader. Tout d’abord, des liens économiques étroits s’étaient noués entre les deux pays pendant la présidence d’Hugo Chavez – avant tout dans le secteur pétrolier. A l'heure actuelle, le Consortium pétrolier national (NNK) produit seulement 1 800 barils par jour sur le gisement vénézuélien Hunin-6. Mais il est prévu prochainement d'augmenter cette production jusqu'à 50 000 barils. Cette opération serait rendue possible si le problème du transport pétrolier était réglé : il est transporté aujourd'hui dans des camions citernes mais à terme, il est prévu de construire un oléoduc entre le gisement et les terminaux. Selon les prévisions du NNK, d'ici 2019, la production atteindra 200 000 barils par jour.
Les sources des compagnies pétrolières russes au Venezuela reconnaissent qu'il n'est pas facile de traiter avec les autochtones. "Ils estiment que si l'on travaille sur leur territoire, ils peuvent nous dicter leurs lois", déclare une source. Tout en réfutant que les compagnies pétrolières russes travaillent au Venezuela pour des raisons politiques. "Personne ne m'a dit qu'il travaillait à perte ici, en payant pour une quelconque décision politique venant d’en haut", confirme l'ambassadeur russe au Venezuela Vladimir Zaemski.