Intervenant un de ces jours à l’Institut Catholique de Paris, le chef des maronites (chrétiens orientaux) du Liban Béchara Boutros Raï a déclaré qu’au Proche-orient, les musulmans devaient coexister avec des chrétiens : Pour nous, les musulmans ne sont pas des terroristes. Ce ne sont pas des gens qui veulent de la violence ou la guerre. L'islam et les musulmans sont modérés. Il faut soutenir la présence des chrétiens dans tous les pays du Moyen-Orient pour sauvegarder l'islam du fanatisme et de l'intégrisme, écrit Alexei Grigoriev, citant ses paroles. - Les craintes de Béchar Boutros Raï relatives à la radicalisation de l'Islam se confirment par les faits réels. Sont devenues plus actifs les salafites en Tunisie et dans d'autres pays du Maghreb. Les menaces de l’Al-Qaïda à l'adresse des Européens sont constantes au Maghreb islamique. Puis, les événements dans les pays d'Afrique vers le sud du Sahara, les voisins du Maghreb... Enfin, l'Egypte. En plus, il y a le PO, le Yémen, la guerre actuelle en Syrie. Et partout, on retrouve les traces de l'islamisme radical. De plus, s'expriment les opinions que le niveau de la radicalisation de l'Islam a déjà atteint, au moins, dans plusieurs régions musulmanes, le point du non-retour. Voici ce que dit à ce sujet dans l'interview au correspondant de La Voix de la Russie Vladimir Karyakin, le cherecheur principal du Centre des études de la défense de l'Institut Russe des études stratégiques.
Oui, je vous dirai que, bien sûr, le point du retour à l'harmonie confessionnelle, à la tolérance est déjà dépassé, trouve-t- il. parce qu'il y a beaucoup de raisons et ces raisons sont profondément enracinées dans l'organisation politique du monde arabe. Ces raisons engendrent l'extrémisme, qui est initié par l'influence des wakkabites de l'Arabie Saoudite, du Qatar, ainsi que par le mouvement des «Frères -musulmans», qui tâchent de garder le pouvoir en Egypte. Et tout cela fait que la turbulence sociale, des hostilités internes au sein de l'Islam, l'instabilité dans le monde arabe s'accroissent tout le temps. Et la raison, c’est qu’au Proche-Orient et en Afrique du Nord, il y a deux types d’États. Ce sont les États monarchiques construits sur le pouvoir illimité du monarque ou du sultan, qui vivent d'après les lois de la charia. À propos, dans ces États, il n'y a pas de signes du "printemps arabe». Et les États d'un autre type, ce sont les États laïques, des républiques apparues après l'accession à l'indépendance des métropoles européennes. Ce sont la Tunisie, la Libye, l'Algérie, l'Egypte, la Syrie, le Yémen. Le Maroc est resté un royaume, et en outre aujourd'hui, il est tout à fait tranquille, puisque là les excès du "printemps arabe» étaient facilement prévenus. En général, la stabilité de n'importe quel État arabe est définie par sa légitimité dans les yeux de l'opinion publique arabe musulmane. Et celle-ci trouve légitime cet État, qui vit d'après les lois de la charia, que le prophète Mohammed et quatre khalifes justes ont légué. Ainsi, tous ces États laïques, les républiques qui se sont formés après la Seconde Guerre mondiale, sont illégitimes pour elle, c'est pourquoi ils doivent être détruits, et à leur place doivent apparaître les États de la charia.
Pour détruire les régimes laïques, illégitimes dans les yeux de l’opinion publique musulmane, l’oumma, continue Vladimir Karyakin, on utilise diverses méthodes, y compris la force, en vue de l'usurpation du pouvoir par les islamistes radicaux. On les peut les traiter d’une sorte d'avant-garde du retour de ces pays vers l'Islam traditionnel basé sur la charia. Д Le démantèlement de tels États se produit progressivement. D'abord, l'opposition se renforce. Elle incite aux actions massives du mécontentement social, présent dans tous les pays arabes. Le mécontentement amène au chaos, qui est utilisé par l'opposition armée, et même aux guerres civiles de tous contre tous. C’était le cas en Libye, et maintenant - en Syrie. Ensuite, les islamistes proches de l'Islam radical viennent au pouvoir. L'exemple brillant – c’est l'Egypte, où les originaires de l'organisation radicale Frères-musulmans sont venus au pouvoir et ont annoncé la création de l'État de la charia. Mais les forces se produisant pour la préservation du régime laïque en Egypte, sont encore suffisamment puissantes, c'est pourquoi la tension politique dans ce pays ne s'affaiblit pratiquement pas. La situation en Tunisie est à peu près pareille, où les islamistes sont les plus proches du pouvoir. La même chose se passe en Libye. L’objectif commun des wakkabites, des salafites (les courants les plus radicaux dans l'Islam) c’est la construction du Deuxième Califat Islamique. Entre autres, le futur centre du califat du 21e siècle est déjà annoncé – c’est l'Arabie Saoudite. Le Califat lui-même unira les monarchies du Proche-Orient, y compris la Jordanie, ainsi que le Maroc. Et quand ce nouveau Superétat se renforcera, il commencera à répandre l'influence sur les territoires adjacents pour détruire définitivement tous les républicains et laïques. Le pivot de la réalisation de ces plans géopolitiques, ce sont justement les groupements radicaux extrémistes des islamistes qui font parler d’eux à la lmimite entre le 20e et le 21e siècles et qui annoncent leurs prétentions à l’heure actuelle non seulement dans les régions musulmanes traditionnelles pour eux mais aussi dans le monde chrétien, Par exemple, en Europe. Malheureusement, dit Vladimir Karyakin, l'islamisme radical n’a pas oublié la Russie. On sait que même à Moscou et à Saint-Pétersbourg, on a révélé des cellules wakkabites et que chez eux, on a trouvé la littérature wakkabite, le titre de ces écrits est justement « le Deuxième Califat Arabe ».