Quand la France accumule toutes les contradictions du monde

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Le rationalisme extrême de notre siècle semble avoir atteint son point de décadence au-delà duquel il se réfugie dans l’irrationnel pur et simple.

Le rationalisme extrême de notre siècle semble avoir atteint son point de décadence au-delà duquel il se réfugie dans l’irrationnel pur et simple. La France, héritière des Lumières, héritière de philosophes aussi brillants que Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault, héritière de ce que certains perçoivent comme une démocratie accomplie, ne sait plus du tout si elle doit militer pour un laïcisme agressif, oublieux de ses fondements spirituels ou pour une tolérance illimitée et surtout, en retour, unilatérale. Car j’insiste sur le fait que laïcisme et tolérantisme sont rigoureusement incompatibles. On ne peut militer pour le respect des Droits de l’homme sans dénoncer, par exemple, le salafisme. Par contre, quiconque trouve répréhensibles les principes du salafisme est automatiquement répudié au rang très peu honorable de raciste, donc, de personne intolérante et hostile au multiculturalisme. Quiconque avoue soutenir Bachar Al-Assad est traité d’antidémocrate invétéré, alors donc que le soutien d’Erdogan ou d’Abdallah Ier ne choque manifestement personne. Dans un sens opposé, quiconque confie ne pas s’apitoyer sur le sort des Pussy Riot et dénonce le mouvement FEMEN est par définition suspect. « Angela Merkel n’a pas l’habitude de courber l’échine face à Poutine (…), elle n’avait pas hésité à critiquer publiquement Poutine au sujet des peines de prison contre des membres du groupe punk féministe Pussy Riot », constate un quotidien international diffusé en version française. Cette phrase est tout à fait symptomatique dans la mesure où elle révèle à quel point l’expression d’un féminisme débridé, dévergondé et éhonté semble cher à une Europe pourtant assez loyale au voile intégral. La France représente un cas à part puisqu’elle triple la portée sans cela déroutante de ces paradoxes. A qui la faute ?

Sans doute, entre autres, à Messieurs Sartre et Foucault prémentionnés puisque leur système de pensée qui fut à une époque donnée le symbole d’une France intellectuellement libérée signifia en fait le début de la fin. Monsieur Sartre qui prônait la prééminence de l’existence sur l’essence, sous-entendant en parallèle la discorde insurmontable des deux, percevait l’histoire comme une série d’expériences issues du Néant et promises à retourner dans les profondeurs abyssales de ce Néant. Ce déracinement délibéré du processus historique a sans conteste dévalorisé l’identité des nations et légitimé n’importe quelle expérience dite existentielle, qu’elle soit conforme à l’intérêt des citoyens ou non. Si le volontarisme social de M. Sartre n’est pas dénué d’un certain intérêt à condition d’être consommé avec modération, la schyzophilie de M. Foucault, reconnue et acclamée par l’écrasante majorité des élites intellectuelles, a renversé ce qu’il restait de repères au système réflexif français. Par schyzophilie j’entends une curieuse affinité pour tout ce qui relève de la pathologie, que cela soit le crime ou la folie à l’état pur. Faut-il s’étonner, partant, que la France se noie dans des contradictions qui dépassent toute conception plus ou moins saine ? Cinquante ans de réformes dites libéralistes ont suffi à raser ce qu’il y avait de meilleur, ce qu’il y avait de plus éminent dans notre culture.

Ainsi, et là je partage la thèse de mon collègue, M. Latsa, une soi-disant guerre contre les religions (le soi-disant m’appartient car cette guerre s’exerce de façon hypocrite) a posé les fondements d’« une guerre de religions » qui pour l’heure n’existe qu’en puissance mais suscite déjà tant d’angoisse. Ainsi, le multiculturalisme est en train d’engendrer le multiconflictualisme, cela à 200 à l’heure. Ainsi, la nature se défiant du vide, le rejet de nos valeurs prépare tout simplement et tout bonnement un autre système éthique inadapté aux illusions démocratiques.

La France, et cela vaut à des degré divers pour toute l’Europe, joue contre elle-même. Veut-elle se suicider ?

Quels archétypes définissent aujourd’hui la société française ? J’en mentionnerai les plus saillants dans le contexte de leur coexistence. Vous m’excuserez ce survol bien vague qui néanmoins pose les jalons d’un immense problème.

Il y a l’intellectuel moyen de Science Po qui n’a d’autre arme que son idéalisme agressif, son ton doctoral et sa manie de défendre de faux intellos tels que BHL parce qu’il s’agit d’un phénomène de mode et parce que, tels des perroquets, ils répètent à longueur de journée le mot démocratie. Je dis bien intellectuel moyen parce que ces gens-là ne font aucune attention aux actes de leurs divinités, les paroles leur suffisent. Essayez donc de contredire cette catégorie de personnes, vous vous heurterez à une arrogance qu’ils veulent rendre de surcroît dédaigneuse. Ils font preuve d’une tolérance, voire d’une complaisance des plus incroyables par rapport aux actes les plus sordides tout en se montrant impitoyables face aux concessions les plus innocentes.

Il y a Monsieur ou Madame tout- le- monde, épuisé (e), qui ne demande qu’à avoir un emploi stable et un régime d’austérité raisonnable. Il se moque éperdument des philosophies sociales, ce qu’il lui faut, c’est être à l’aise dans son pays.

Il y a le Français résistant. Marginalisé, il va retrouver des gens solidaires de sa vision sur des réseaux sociaux tels que facebook où il pourra s’exprimer tout son soûl. En dehors de ces derniers, il se voit obligé de filtrer chacun de ses mots dès lors que la conversation dévie sur des sujets sensibles.

Il y a l’immigré de la première ou de la deuxième génération qui, tout en s’adaptant, peine à comprendre ces Français qui ouvrent leurs portes à n’importe qui ne faisant aucun cas de leur identité. Je connais ainsi un Algérien habitant Nice, très trempé dans la politique qui, étant lui-même né à Alger, déplore l’immigration de masse incontrôlée voyant en elle l’un des facteurs de la « perdition » (je reprends son terme) de la France.

Il y a l’immigré intégriste qui trouve inutile de s’accommoder aux traditions du pays d’accueil. Il n’a pour lui aucun respect et persiste à vouloir extrapoler le code déontologique de sa société à celui de la société française (européenne). Toute tentative de l’en dissuader est réprimée comme tentative xénophobe.

Et maintenant, en toute bonne foi, où donc va mener la coexistence imminente de ces cinq catégories, sachant que la dernière est particulièrement forte de son bellicisme et de ses convictions religieuses ? Nous avons atteint le summum de nos contradictions, mais le dénouement n’est pas encore là. A nous de le rendre autre qu’il ne devrait l’être.

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