Margaret Hilda Thatcher, baronne Thatcher, née Roberts le 13 octobre 1925 à Grantham est morte le 8 avril 2013. Margaret Thatcher, la première femme première ministre de toute l'histoire britannique et en même temps toute une époque de l’histoire britannique et de la politique mondiale.
La dernière fois, Margaret a été sur Downing Street le 10 juin 2010 pour rendre visite au nouveau premier ministre britannique conservateur David Cameron dont le parti avait remporté les élections en mai 2010. Celui-ci n'était pas encore né lorsqu'elle était déjà députée à la Chambre des communes, il n'avait pas encore terminé l'école lorsqu'elle était chef du parti des conservateurs.
Celle qu'on surnommait à l'époque de "dame de fer" "s'oxyde". Après plusieurs crises cardiaques et mini-AVC, les médecins ont recommandé à la première dame de la politique britannique de cesser à tout jamais les interventions en public. De plus, elle souffre de démence, compagnon malveillant de la vieillesse qui fait perdre la mémoire, change la personnalité et empêche le cerveau de fonctionner correctement. Il est même malheureux de voir qu'on l'amène en public (la dernière fois c'était le 19 septembre lors de la journée britannique de commémoration des victimes des guerres): il aurait été préférable qu'elle reste dans la mémoire "vivante", et non impuissante et veule.
Les avis concernant la contribution de Margaret Hilda Thatcher (Roberts) dans la politique mondiale (pratiquement les deux dernières décennies du XXe siècle) n'ont jamais été unanimes. Sa personnalité en elle-même polarise à l’extrême tous les débats sur les bonnes et les mauvaises choses qu'elle a accomplies. Personne n'a jamais été indifférent à l'égard de Thatcher, on l'aimait ou on la détestait. Mais les deux camps reconnaissaient tout de même que Margaret était une grande politicienne, un fort caractère, une femme possédant volonté et conviction. Sans ces qualités elle n'aurait pas pu devenir la première femme premier ministre dans le bastion masculin de la vie politique britannique. Qui plus est, rester à ce poste durant trois mandats, pratiquement 11 ans et demi, de 1979 à 1990. "Si vous êtes à la tête d'un pays comme la Grande-Bretagne, un peu de fer ne vous fera pas de mal", a-t-elle déclaré. (If you lead a country like Britain, then you have to have a touch of iron about you).
Margaret aimait dire qu'elle avait changé pratiquement tout en Grande-Bretagne, à l'exception du parlement, de l'armée et de la poste. Tel est l’amour des Britanniques des aphorismes paradoxaux. Toutefois, à en juger par la date de l'anniversaire, Margaret Hilda Roberts n'aurait pas dû avoir beaucoup de chance dans la vie, elle est née le 13 octobre 1925. De quelle chance pourrait-on parler... Fille d'un épicier d'une petite ville Grantham dans le comté de Lincolnshire. Obtention d'un premier diplôme de chimiste, d'un second de juriste. Dès l'université elle aspirait à la politique. Elle a tenté d'accéder au parlement en 1950 mais en vain.
La chance lui a souri lorsqu'en 1951 elle a épousé Denis Thatcher, propriétaire d'une société moyenne de fabrication de peintures et de produits chimiques. En 1959, âgée de 32 ans, Margaret a enfin pu accéder à la Chambre des communes en se faisant élir dans le district londonien de Finchley qu'elle a représenté en continu jusqu'en novembre 1992. En 1970, les tories sont revenus au pouvoir et le premier ministre de l'époque Edward Heath l'a nommé ministre de l'Éducation. Il semblait à l'époque que Margaret avait atteint le point culminant de sa carrière.
Tous le croyaient, excepté Margaret. Le cabinet de Heath a changé en 1974. A l'époque les travaillistes avaient remporté les élections. Pendant encore un an Heath était resté à la tête du parti. Mais dans ses rangs, en particulier parmi les fervents marqueteurs et les partisans de la réduction de toutes les dépenses gouvernementales, le mécontentement ne cessait de croître car ils estimaient que Heath avait trahi les intérêts des libertés des marchés.
Et en 1975 Margaret n'a pas laissé passer sa chance. Heath a décidé de démissionner de son poste de leader, son principal adversaire a retiré sa candidature à deux jours des élections et Margaret a pris une décision audacieuse en avançant sa candidature. Elle a remporté les élections avec la majorité des voix. Depuis, tel un bulldozer, elle est allée de l'avant, sans se préoccuper des avis négatifs ou positifs concernant ses actions. Une phrase sur les événements de l'époque : "Si vous avait pris la décision de plaire, il faut donc vous préparer à faire des compromis pour tout et en tout temps. Mais de cette manière vous n'arriverez à rien". (If you just set out to be liked, you would be prepared to compromise on anything at any time, and you would achieve nothing.)
Toutes les personnalités remarquables sont toujours entourées de nombreux mythes. Il en existe beaucoup concernant Margaret. Le premier sur le fait qu'elle avait un sens de l'humour remarquable et une langue bien effilée. Pas du tout ! En comparaison avec notre parlement cela est peut-être vrai. Mais en Grande-Bretagne, où les politiciens ont toujours fait preuve d'éloquence, Margaret, du moins pendant les premières étapes de gestion de l'opposition et du gouvernement, se distinguait plutôt par le vice de parole. Lors de ses déclarations elle prenait un ton de surveillant, d'enseignant. Elle allongeait ses phrases et parlait lentement. Elle a même dû prendre des cours particuliers de rhétorique. Mais cela concerne seulement ses débuts. L'expérience est une grande chose. Margaret apprenait et a appris à repousser avec efficacité toutes les attaques parlementaires.
En 1979, Thatcher est devenue premier ministre. Elle a commencé à dégager de l'espace autour d'elle en affichant les traits véritablement abrasifs de sa personnalité. Toutes les personnes qui était en désaccord avec les méthodes de guérison de l'économie britannique et qu'elle qualifiait avec mépris de pourris, ont été renvoyées. Or, ces méthodes prévoyaient des restrictions importantes des dépenses gouvernementales et des allocations sociales, ainsi que la suppression du contrôle gouvernemental de l'économie et la privatisation. La fille d'un épicier a littéralement viré du bureau toute "l'aristocratie traditionnelle conservatrice", des diplômés des grandes écoles privées. "J'ai énormément de patience, à condition que tout soit finalement fait comme je l'entends. Je partage tout avis, à condition que cet avis soit le mien".
Qu'il soit dit en passant, son surnom de "Dame de fer", Margaret le doit à notre journal "Étoile rouge". Elle l'a reçu en 1976. À l'époque Thatcher avait déjà la réputation d’un "Tonnant anticommuniste". En fait, elle a eu beaucoup de surnoms. De "blonde en plutonium" (pour la défense des droits de la Grande-Bretagne à l'arme nucléaire et au déploiement des missiles de croisière américains), d'Attila-couvain (par opposition à Attila le Hun) pour souligner qu'un caractère impitoyable de l'homme était caché sous l'enveloppe charnelle féminine. L'ancien président français François Mitterrand a été le plus élégant en parlant de Margaret: "Elle a les lèvres de Maryline Monroe et les yeux de Caligula". Ah, ces Français!
Les efforts de Thatcher dans le secteur économique n'ont pas donné de résultats notables pendant longtemps. Mais elle avait posé une base pour le rétablissement de l'économie plus tard. En 1982, Margaret était détestee pratiquement par tous. Et par miracle, l'agression de l'Argentine a conduit à la guerre des Malouines. Un autre coup de chance. La Grande-Bretagne avait largement remporté la guerre et la nation, comme cela arrive souvent en temps de guerre, a oublié les bévues de Margaret.
Thatcher a un autre mérite historique: elle a été la première des chefs européens à découvrir Gorbatchev, en le rencontrant à Londres en 1984, avant qu'il soit élu Secrétaire général. Elle a pris sa retraite en 1990. Plus tard en 1992, Margaret Thatcher a reçu l'attribution du titre de baronne Thatcher of Kesteven.