Pâques et le temps des cathédrales

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Les cloches sont de retour et sonnent Pâques à la volée. La joie s’installe dans les cœurs des chrétiens.

Les cloches sont de retour et sonnent Pâques à la volée. La joie s’installe dans les cœurs des chrétiens. Mais en même temps je ne suis pas capable d’oublier que les églises sont de plus en plus désertées. Enfant, j’allais souvent à la messe à côté de Caën dans une vieille église qui sentait bon les cierges et où on jouait de l’harmonium. Il y a quelques années, je suis revenu au pays avec mon aînée et je voulais lui montrer les hauts lieux de ma France personnelle. C’était un pèlerinage sentimental. Eh bien, j’ai retrouvé la vieille église de village désaffectée. Et aujourd’hui je ne serais pas étonné d’apprendre qu’elle aurait été vendue à une communauté musulmane pour se faire convertir en mosquée. La France a l’air de se consumer à petit feu. La France se rapetisse et se cache. Elle se dissimule derrière les rideaux. Elle se fait discrète pour ne pas déranger les nouveaux venus. Et l’air joyeux de Pâques pourrait très bien être interdit dans certaines villes où il gênerait le sommeil pacifique des non-chrétiens. C’est triste mais c’est ainsi !

Sans chercher à faire la morale à qui que ce soit, je voulais tout juste dresser une comparaison avec la situation spirituelle de la Russie de nos jours. Il ne faut pas trop m’en vouloir. Je suis quand même un journaliste russe et par ce fait même peux me permettre de dresser une petite analyse interculturelle sans gêner qui que ce soit, j’espère !

A la différence de la France, la Russie, elle, semble être en plein renouveau spirituel. La foi gagne du terrain et les preuves sont nombreuses et bien apparentes, à ne citer que l’adoration de la Ceinture de la Vierge en automne 2011 où les foules des croyants ont formé une file d’attente longue de plusieurs kilomètres par un temps glacé le long de la berge du Moskova. Quelle que soit leur foi, les Slaves sont des gens très religieux.

Dans le domaine du catholicisme les Polonais sont aux premières loges avec leur culte des saints, par exemple la Vierge de Chestoshova. A son tour, la Russie resplendit d’une foi médiévale dans tout son éclat. Privés des biens les plus élémentaires, les gens sacrifient leur obole à l’Eglise. Si vous en voulez des preuves, on se contenterait de citer la quantité d’églises apparues en Russie depuis 10 ans. Mais déjà en 1995-97, lorsque la Mairie menait tambour battant la construction de la Grande Cathédrale du Christ le Sauveur à côté du Kremlin érigé en l’Honneur de la victoire contre Napoléon en 1812 et dynamité par les Bolchéviks, la contribution de la population a été énorme. Je me rappelle également une mission pour le compte du Port Autonome de Marseille que j’avais mené en mars 1996 à Saint-Pétersbourg en compagnie des deux fonctionnaires français Messieurs Tanguy et Thuret, tétanisés par les splendides églises de la banlieue apparues comme par miracle devant eux. Il faut vous rappeler que ce temps était extrêmement peu clément, que les devises manquaient à la toute jeune Fédération de Russie, mais les églises et cathédrales témoignaient en silence de la grande foi des autochtones. « Mais comment ? », s’est demandé à haute voix Jacques Thuret. « Où ont-ils trouvé les moyens pour bâtir tout cela ? » Et, en être sage, Tanguy de lui répondre : « Pour bâtir, cher ami, faut pas beaucoup de choses – un peu de chaux, de la brique, du plâtre mais surtout de la foi et les Russes en ont! »

Qu’on me pardonne la description de cette scène mais elle est assez éloquente pour prouver l’état d’esprit du peuple russe quoi qu’en disent les athées ! Il y a également le facteur économique qui nous fournit de la matière à réflexion. Ainsi Vladimir Ressine, de la mairie de Moscou, s’est chargé de la mise en œuvre d’un programme de construction d’églises qui semblent manquer à l’appel. En 2010, Monseigneur Illarion, chef du service des relations extérieures du patriarcat de Moscou, a fait savoir que l’Eglise orthodoxe russe entendait bâtir 200 cathédrales à Moscou. 2 ans plus tard on a vu 61 églises en travaux. Encore un an plus tard, 77 projets furent avalisés par les services de la Mairie. Nonobstant le fait qu’une église-type coûte en moyen de 4 à 8 Millions d’euros, elles poussent comme des champignons en remplissant le désert postcommuniste.

Autre signe révélateur représentatif est ce miracle du Baptême, fête religieuse du Baptême du Christ qui se célèbre dans la nuit du 18 au 19 janvier. Les Catholiques ne le savent peut-être pas, mais les Orthodoxes se rendent par milliers au bord de leurs fleuves et étangs pour risquer un plongeon dans l’eau glacée par moins 15 degrés centigrades de température ambiante. Un vrai miracle de foi qui est devenu un véritable mouvement social où les gens vont risquer jusqu’à leur vie et leur santé au nom du Christ. Quelle autre preuve peut encore être fournie au grand public occidental, si des fois il en faut une?

La France a-t-elle connu un tel mouvement populaire religieux d’autosacrifice après le temps des Croisades ? Malheureusement, l’émotion m’a fait oublier que citer les croisades n’est plus politiquement correct dans une France civilisée d’aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, je voudrais bien partager les propos des deux Français qui les ont rendus publics par l’entremise de leur page-internet « Les conversations françaises ». Ainsi, Monsieur de Suin, un intellectuel, écrit : « Je connais un peu le monde orthodoxe, dans sa frange radicale. L’Église autocéphale copte orthodoxe. L’Eglise russe est à bien des points de vue différente, car elle n‘est pas sous domination musulmane, mais il doit y avoir un certain nombre de points communs. En premier lieu, son extraordinaire renouveau spirituel après des siècles d’obscurantisme. Les vocations explosent dans ces pays et nous pouvons rougir de notre situation. En Russie, ce renouveau s’accompagne d’un retour sur la scène politico-sociale au service d’un nationalisme que les medias qualifieraient de réactionnaire et que je ne peux m’empêcher d’admirer. Que le nouveau chef de l’Eglise orthodoxe Cyril, plus occidentaliste que le slavophile Alexis, se rapproche de Rome, coïncide avec la divine surprise Benoît XVI. Effectivement les nouvelles de l’actualité sont souvent meilleures dans ce domaine ». Fin de citation.

Je crois avoir raison de dire qu’à la différence de la France et d’autres pays occidentaux, la Russie est à des années lumières de ce que nos amis anglo-saxons appellent « politiquement correct. » Par instinct, par vocation, les Russes revendiquent viscéralement leur foi et, comme disait autrefois Charles Pasqua, pour faire face au jeune islam, il faut avoir de la ferveur religieuse. Et Dieu merci, les Russes en ont à revendre. On ne peut que leur souhaiter d’aller jusqu’au bout dans leur quête religieuse qui serait en train de se transformer en une vraie idée nationale.

Alors Pâques en France m’inspire à espérer que la France connaîtra à son tour l’essor de l’idée religieuse nationale. Quand un peuple se sent opprimé, il s’appuie toujours sur ses racines pour rebondir. La France saura redresser la situation. Et j’espère qu’elle redeviendra la terre promise d’un monde catholique ressuscité ! Bonne fête, amis catholiques ! Puisse le son des cloches vous apporter le bonheur et la quiétude !

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