Anastasiadis devra revenir après sur l'île et présenter le plan qui sera voté dans le Parlement chypriote. Il est probable que la réunion aura lieu au début de la semaine prochaine.
À Bruxelles, on a prévenu que si le plan n’était pas approuvé, l’UE devrait convoquer un sommet extraordinaire et remettre en cause l'appartenance de l'île à la zone euro. Le nouveau plan est même plus dur pour une série de paramètres que celui qui a été rejeté par les députés au début de la semaine écoulée. « Chypre connaitra une période dure », a reconnu le commissaire européen sur les questions économiques et financières Olli Rehn avant la séance.
Il s'agit de l'introduction d'un impôt de 20 % sur les dépôts de plus de 100 000 euros dans la plus grosse banque chypriote d'État - Bank of Cyprus et de 4 % sur les dépôts, dont les montants dépassent 100 000 euros dans d'autres banques. Autrement dit, un cinquième des dépôts des plus grands titulaires sera exproprié. Le plan auparavant rejeté prévoyait des impôts de 9,9 et de 6,75 %. Les deux tiers de tous les dépôts en Chypre appartiennent aux Anglais et leurs compagnies. La deuxième grosse banque de l'île, Laiki sera sans doute fermée ou bien elle fusionnera avec la Banque de Chypre. Justement cette question se décidera à Bruxelles.
Le Parlement de Chypre selon toutes les apparences approuvera ce plan. Il n’y a pas d’autre issue. Mais pour les députés, cela signifie « un suicide politique » : peu de Chypriotes voudront les soutenir après cela. Prodromos Prodromou député du Parlement grec du parti conservateur Union Démocratique qui est au pouvoir exprime son opinion :
« Nous nous sentons comme si l'Eurogroupe nous faisait chanter. Ils prennent et nous imposent les décisions qui sont paradoxales pour la zone euro. Pensez vous-mêmes. Nous faisons partie de l’union bancaire. Mais pour n'importe quelle union bancaire, l'introduction des taxes sur les dépôts est tout à fait inconcevable. Il est difficile d’y croire… »
A Chypre, même l'Eglise s’est jointe à la solution du problème. L'Eglise orthodoxe est le plus grand propriétaire foncier sur l'île. Elle joue un grand rôle dans l'économie du pays. L'archevêque de Chypre Chryzostom II a déjà rencontré le président. Le premier hiérarque a proposé de prendre des crédits sur gage garantis par les biens des églises :
« Tous les biens de l'Eglise sont à la disposition du pays et peuvent être utilisés pour le soutien du peuple de Chypre, pour que le système bancaire ne s'écroule pas et pour que nous puissions continuer à tenir le coup sans l’aide étrangère. On considère Chryzostom comme un grand eurosceptique ce que, justement, il a prouvé lors de sa rencontre avec le président. Au dire des journaux chypriotes, l'archevêque a déclaré que la sortie de l'île de la zone euro dans la situation actuelle était un pas logique au seuil de l'échec de l'euro. Je ne dis pas qu'un tel échec se passera demain. Mais, en considérant l'activité de ces génies de Bruxelles, un tel scénario est inévitable », a déclaré Chryzostom II.
Chypre devra amasser environ 6 milliards d'euros pour recevoir de l'Union européenne un paquet d'aide de 10 milliards d'euros. Si le dernier plan n'est pas approuvé par les 17 membres de l'Eurogroupe, l'île, probablement, devra quitter la zone euro. Dans ce cas, le collapsus bancaire et l'échec économique peuvent l'attendre. /L