François a été admis dans l'ordre des Jésuites en 1958. Diplômé du collège jésuite de San Miguel dans la banlieue de Buenos Aires, il est devenu professeur, enseignant la théologie à l’Université.
« Les Jésuites sont un ordre très influent au sein de l’église catholique », explique Ivar Maksoutov, expert spécialisé dans les enseignements religieux de la faculté des Lettres : « Cet ordre est composé de missionnaires et il a beaucoup de succès. Il s’agit de réaliser des missions à l’intérieur de l’Europe pour restaurer l’ancienne gloire de l’église catholique. Rome a besoin avant tout de l’évangélisation ».
Societas Iesu, ou l'Ordre des Jésuites, a été fondé en 1534. La situation dans laquelle se trouvait l’église catholique de l’époque rappelle la situation actuelle. La Réforme et les guerres des paysans secouaient l'Eglise qui perdait de jour en jour sa crédibilité. Le facteur religieux cessait de jouer un rôle important dans la politique européenne. Les peuples condamnaient fermement l'extorsion et le chantage de l’église, se moquant du culte et du luxe des cérémonies et jours fériés. On considérait alors que les jours de l’Eglise étaient comptés.
L’Eglise ne pouvait pas ne pas sentir les menaces. Et elle a trouvé un allié pour restaurer le status quo : un noble espagnol, Ignace de Loyola. Les historiens écrivaient qu’Ignace avait une attitude snob, qu’il avait honte de la pauvreté et méprisait le travail. Toutefois Ignace de Loyola rêvait des exploits et de la gloire, priait avec dévotion pendant les fêtes religieuses et pêchait sans scrupule durant la semaine avant sa conversion. Cet homme fut le fondateur de l’ordre des jésuites.
En fondant le nouvel ordre, le pape Paul III avait déclaré qu’il avait pour mission de faire revenir à la foi catholique les masses populaires. L’ordre avait pour principes une discipline sévère, la centralisation stricte et l’autorité absolue du chef de l’ordre – celui qu’on appelle le Pape noir soumis à l’autorité du Pape lui-même. Les historiens précisent que la doctrine élaborée par les jésuites est considérée comme « adaptative », car elle donne la possibilité d'interpréter librement les dogmes religieux et moraux. Ces privilèges ont contribué à créer une organisation extrêmement flexible et robuste, dont l’influence s’est rapidement étendue à plusieurs pays.
Jorge Mario Bergoglio, le futur Pape François, défendait l’unité du mouvement jésuite. Pendant la dictature militaire en Argentine (1976-1983), il défendait la position apolitique de l'Eglise. C’est ce que les critiques lui reprochent actuellement. Et même si l’Eglise s’est excusée pour son inactivité et l'absence de position précise dans les années 1970-1980, les sceptiques n’ont pas jugé cette position convaincante.
Les critiques citent un exemple, dans lequel le rôle de Bergoglio semble ambigu. Deux jésuites avaient été enlevés en 1976 dans un quartier pauvre de la capitale argentine. L'un d'eux, Orlando Yorio, aurait accusé Bergoglio d’avoir dénoncé ses frères aux autorités militaires, et l’autre, Francisco Jalics, l’a indirectement confirmé dans un livre qu’il a écrit. Cependant, toutes les sources s’accordent sur le fait que Bergoglio a tout fait beaucoup pour faire libérer les deux jésuites.
Les experts estiment que le Pape François ramènera l’Eglise à une époque où les dirigeants catholiques étaient humbles et calmes, vivant avec les fidèles et leur enseignant des vérités de vie sur leur propre exemple. La clé de la renaissance du Vatican pourrait se trouver dans la façon de se comporter. /L
