Le 19 mars 2011, la coalition militaire créée d'avance à l'initiative de la France et de la Grande-Bretagne, avant tout, a commencé des opérations militaires en Libye au soutien des rebelles, mécontents du régime de Mouammar Kadhafi. La France a commencé l’opération la première, le 19 mars, ayant expédié l'escadrille des Mirages et des Rafales bombarder la colonne blindée de l'armée de Kadhafi se dirigeant à Benghazi, le rempart des rebelles. Un des experts français a appelé cela une des plus importantes actions militaires de l’histoire récente. Et cela a commencé exactement tout de suite après que la coalition occidentale ait « arraché » le 18 mars au conseil de sécurité de l'ONU «la résolution N 1973,» permettant à celle-ci d’intervenir dans le conflit militaro-politique entre les deux camps opposés en Libye. On aurait pu l'appeler une guerre civile, si n’y avait pas eu d’intervention de l'Ouest aux côtés des adversaires du régime de Kadhafi. Notamment cette intervention a transformé le conflit purement interne en une guerre à grande échelle. D’ailleurs, dans l'interview à la station de radio « France Info » à la veille des débats dans l'Assemblée Nationale sur les opérations militaires de la France en Libye, le général Vincent Desportes, l’ancien directeur de l’Ecole de Guerre, à propos, ayant perdu son poste pour avoir critiqué des actions de l'Ouest en Afghanistan, a dit, en répondant à la question sur l'intervention militaire de l'Ouest dans la crise en Libye - « On y a confondu guerre et maintien de l’ordre ». Et comme il s'est révélé très vite, le seul but de cette intervention, c’était le renversement du régime de Moummar Kadhafi. Bref, le 19 mars, le président de la France de ce temps-là Nicolas Sarkozy, lors du Sommet de Paris de soutien pour le peuple libyen, avait annoncé solennellement le début de l'opération « Aube d'une odyssée ». Quinze jours plus tard, l'OTAN s’y est jointe. La guerre a duré presque sept mois et s'est achevée formellement le 20 octobre par la liquidation de Mouammar Kadhafi. Selon les pouvoirs actuels de Libye, cette guerre a fait 30 mille victimes parmi les Libyens. D’ailleurs, vendredi, le 15 mars, le CS de l’ONU a prolongé pour 12 mois encore la mission de soutien de la Libye. Son but est la normalisation de la situation, le lancement des transformations démocratiques, la protection des droits de l'homme, la restitution de la sécurité publique, la lutte contre la diffusion illégale de l'arme. Est-ce que, il y a deux ans, l’Occident a bien fait d’intervenir dans le conflit en Libye ou il aurait fallu laisser les Libyens eux-mêmes résoudre leurs problèmes ? L'ancien ambassadeur soviétique en Libye, le directeur actuel du Centre du partenariat des civilisations de l'Institut des relations internationales à Moscou, le docteur ès sciences historiques Veniamin Popov répond à cette question du correspondant de La Voix de la Russie …
Sincèrement, je pense que l'OTAN et avant tout l'Angleterre et la France ont commis une grande erreur, ayant commencé le bombardement de la Libye, il me semble que l'Ouest regrettera après cette erreur, comme celle qu’il a commise en Irak. Déjà dix ans nous séparent de l'intervention américaine en Irak et voici qu’un de ces jours, le journal Financial Times a appelé l'intervention en Irak « la plus grande erreur diplomatique depuis les temps de la Seconde Guerre mondiale ». Je pense que dans quelques années, la même appréciation sera donnée aussi aux actions en Libye. Pourquoi ? A cause des interventions de telle sorte ont souffert en apparence seulement deux pays, mais en fait, il y en a plus. En réalité, la Libye ne peut pas revenir à la vie normale, alors que c'est un pays très riche. La tension ne baisse pas là et si quelques forces interviennent dans l'affaire, la Libye risque de se désagréger en deux parties – la Tripolitanie et la Kirenaika. Maintenant, entre ces régions, il y a une discussion sérieuse et même une lutte pour la distribution des revenus que procure l'exploitation des ressources pétrolières du pays. Actuellement, le Mali est devenu la victime du remplacement du régime en Libye à cause de l'intervention militaire active de l'Ouest. Et la désagrégation en deux parties menace ce pays aussi. Et bien que les Français, faisant semblant de corriger leurs erreurs, soient intervenus dans le conflit malien, cela ne signifie pas encore qu'ayant atteint des progrès militaires, ils réussiront à obtenir les mêmes succès dans la sphère politique - la préservation du Mali comme l'État uni. À mon avis, dans cette région de l'Afrique apparaît un foyer immense de tension, qu’utilisent habilement, à propos, les islamistes radicaux liés avec l’Al-Qaida. Même chassés du Mali, les islamistes resteront au Sahel et chercheront à atteindre leur but - la création des États basés sur la charia. Et cela menacera déjà les autres pays du Sahel. Et le Nigeria, où le groupement Boko-Kharam agit depuis longtemps et activement. L'islamisme radical est une menace également pour l’Afrique du Nord – la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie, l'Egypte et, certainement, la Libye. En contribuant à la chute du régime de Kadhafi, l'Ouest, sans le vouloir peut-être, a ouvert « la boîte de Pandore ». La flambée de tension dans le Proche-Orient est la conséquence des événements en Libye. Selon le scénario libyen et dans la forme beaucoup plus cruelle et sanglante, se développent les événements en Syrie. Et c'est une menace pour les pays voisins, y compris la Turquie et les monarchies arabes. Partout se fait réellement sentir la montée de l'islam politique radical. Et comme il me semble, - dit pour conclure l'expert russe, - l'Ouest ne note pas bien toutes les conséquences de ces processus dangereux. Mais une de ces conséquences saute aux yeux - l'opposition grandissante, même si elle est latente pour le moment, entre la communauté islamique et chrétienne. Aujourd'hui, l'Ouest doit remarquer l'aggravation de cette opposition, puisque demain il peut déjà être trop tard. Ayant commis il y a deux ans une erreur en Libye, l'Ouest n'a pas le droit de la répéter dans d'autres régions islamiques.