Les deux Corées fatiguées par la confrontation

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Le dirigeant de la RPDC Kim Jong-un a défini publiquement la première cible sud-coréenne que visera son armée si le conflit s’enlise. Il s’agit de l’île de Baengnyeong. Cependant, selon certaines sources, la rhétorique militaire des deux cotés du 38e parallèle ne risque pas de dégénérer en un conflit armé.

Le jeune dirigeant nord-coréen a demandé aux militaires de « prendre des photos des troupes ennemies qui sont embrasées par le feu pendant le combat et les envoyer au commandement de l’armée de la RPDC ». Si l’on en croit les déclarations officielles, les Coréens de toutes les professions et tous les âges exprimeraient le désir « d’anéantir les provocateurs que sont les impérialistes américains et leurs alliés, dont le régime fantoche sud-coréen ». A partir de 11 mars, le Nord a annulé l’armistice signé à la fin de la guerre de Corée en réponse aux exercices militaires de grande envergure Foal Eagle (Jeune aigle) organisés conjointement par les Etats-Unis et la Corée du Sud. Ces exercices dureront jusqu’au 30 avril. En parallèle, les exercices Key Resolve (Détermination clé) basés sur un modèle informatique, ont commencé. A son tour, Washington souligne que les exercices annuels portent un caractère de défense.

Mais la position pacifique des Etats-Unis est loin de convaincre tout le monde.

« L'aggravation de la situation dans la zone où sont présentes les troupes américaines donne la possibilité au Pentagone de maintenir son budget militaire », analyse Evgueny Kim, chercheur du Centre des recherches coréennes à l’Institut de l’Extrême-Orient de l’Académie des Sciences de Russie. « Et chaque fois qu’un nouveau dirigeant arrive au pouvoir en Corée du Sud ou en Corée du Nord, l’autre côté est tout de suite tenté de le tester. Cela a pour conséquence le refroidissement des relations. Je pense que les deux côtés auront la sagesse de ne pas dégrader le conflit jusqu’à l’affrontement militaire. Chaque détail peut certes le faire dégénérer, mais la guerre a peu de chances de se produire. Les Américains ne veulent pas d’actions militaires sur la péninsule coréenne. Ils ont suffisamment de problèmes ailleurs. Et en plus, la Russie, tout comme la Chine, sont catégoriquement opposés à l’exacerbation des tensions dans la région ».

Il faut reconnaître que les Américains font preuve d’une certaine détermination dans ce conflit. Selon le Conseiller adjoint du président américain à la Sécurité nationale Thomas Donilon, « nul ne doit avoir de doute que les Etats-Unis vont utiliser tout le spectre de leur possibilités pour se protéger des menaces que fait peser la Corée du Nord sur nous et nos alliés ». Les Nord-coréens maintiennent cependant leur position en défendant leur droit de posséder l’arme nucléaire. Cette dernière est une garantie de stabilité pour le régime en place. La communauté internationale ne panique pas car on aperçoit l’ombre de Pékin derrière les actions de Pyongyang.

« Un garant comme la Chine, ce n’est pas seulement un chef de file de taille en Asie, mais aussi dans le monde entier », estime le politologue et orientaliste Stanislav Tarassov. « Le centre de la force politique commence à se déplacer vers l'Asie. Pour son deuxième mandat, Obama a défini ce thème comme le vecteur principal de la politique extérieure des Etats-Unis. Evidemment, les Américains commencent à renforcer leur présence militaire dans cette région. Ils essayent d’y créer un centre économique parallèle. Nous voyons apparaître une illustration des problèmes sino-américains en miniature sur la péninsule coréenne ».

La péninsule coréenne célébrera les 60 ans de fin de la guerre cette année. Les deux pays ont vu se succéder plusieurs générations de dirigeants politiques et chaque nouveau arrivant devenait en quelque sorte l’otage du précédent. La crise actuelle a démontré que les deux pays sont loin de la volonté de faire la paix.

« Les nations séparées finissent par se réunir. Mais pour la Corée du Nord ce sera un chemin difficile. Même si c’est le même peuple, il s’agit de sociétés complétement différentes. Cela fait longtemps qu’ils sont séparés par la frontière. Le processus de leur réunion sera long et difficile », ajoute Stanislav Tarassov.

L’espoir de la paix reste toutefois bien réel. Même si le jeune dirigeant Kim Jong-un montre sa détermination de poursuivre la voie tracée par son père et son grand-père, il a malgré tout entrepris quelques mesures pour assouplir le régime. Quant à la présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye, elle a un langage ferme envers la RPDC, mais elle le fait plus à cause de son statut que par convictions personnelles. Les Coréens sont fatigués de la confrontation. Et les élites locales sont également épuisées par ce conflit. Il est donc probable que les enfants ou les petits-enfants des Coréens actuels puissent devenir témoins des mouvements révolutionnaires dans le dialogue intercoréen. /L

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