La Russie et le Vietnam vont conclure dans un avenir proche un accord sur les conditions d’entrée des bateaux militaires russes dans les ports du pays, a indiqué le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou. En outre, cette année, la société russe Admiralteïskie verfi (Chantiers navals de l’Amirauté) compte transmettre au Vietnam deux des six sous-marins achetés pour les besoins des forces navales du pays. Il s'agit d'un des sous-marins diesel-électriques du projet 636 Varchavianka.
La livraison d’armes pour la flotte du Vietnam, c’est sans doute un nouvel aspect de la coopération des deux pays en matière de la défense. Mais le partenariat dans le domaine naval et militaire ne se limitera pas à six sous-marins, précise Igor Korotchenko, rédacteur en chef du magazine Natsinalnaïa oborona (Défense nationale) dans un entretien accordé à La Voix de la Russie.
« Le Vietnam continue à acheter à la Russie des navires de combat de la classe Guépard. Des navires lance-missiles sont construits sous licence russe dans ce pays d’Asie. Ces derniers possèdent une force de frappe impressionnante. Par ailleurs, j’évoquerais également la création avec le Vietnam d’une coentreprise de production des missiles antinavires de type Ouran ».
Outre les contrats en cours pour la livraison des avions modernes et de l’armement terrestre, le Vietnam est en train de décider ce qu’il va faire avec l’armement datant de l’époque soviétique et se trouvant en sa possession. Ces armes peuvent être modernisées et leur durée de vie sera ainsi prolongée. Tous ces projets mettront le Vietnam à la troisième place parmi les clients des fabricants d’armes russes, explique Igor Korotchenko. La première place est occupée par l'Inde, la seconde – par le Venezuela, et la troisième est pour l’instant toujours conservée par la Chine.
Un rapport d’experts a été présenté aux participants du Salon international de l’armement IDEX 2013 à Abou-Dhabi en février dernier. Ce document prévoit qu’au cours de cette année, le volume d’exportation des armes russes dépassera le niveau de 2012, atteignant près de 15 milliards de dollars.
Selon Igor Korotchenko, ce sont les chasseurs Su-30 qui sont les plus populaires parmi l’armement exporté par la Russie. Toutefois, les Etats-Unis dépassent la Russie par le volume total des avions militaires exportés, alors que la qualité des chasseurs russes n’est pas inférieur aux avions américains du même type.
« Les chasseurs Su-30 sont très compétitifs », affirme Igor Korotchenko. « Cet aéronef est produit sous des versions différentes, avec notamment la version Su-30 MKI pour l’Inde. Les avions MiG sont également achetés, notamment la version embarquée MiG-29KOB commandée par l’Inde. D'autres versions du MiG-29 sont achetées par un certain nombre de pays qui n’ont pas d’ambitions militaires aussi importantes que Dehli et dont la longueur des frontières ne permet pas d’utiliser des avions de combat à grand rayon d’action ».
Les clients étrangers aiment aussi les armes terrestres de production russe, par exemple les chars. Ainsi, l'Inde a déjà assemblé sous licence plus de 300 chars et va continuer à les fabriquer.
La Russie a certes perdu certaines positions sur le marché de l’armement à l’étranger au cours de ces dernières années. C’est notamment le cas de la Lybie, où les fabricants britanniques, italiens et français se sont partagés le marché. L’avenir des contrats de l’armement signés avec le Venezuela reste également sous question suite au décès du président de ce pays Hugo Chavez. La Russie y livrait des hélicoptères, des chars et des lance-roquettes.
Toutefois, le marché de l’armement reste très flexible, s’adaptant aux changements des gouvernements et de la politique étrangère. Ce fut une surprise pour les entreprises russes de découvrir qu’après un si grand nombre d’années de présence américaine en Irak, ce pays serait d’accord de conclure un grand contrat sur la livraison d’armes avec la Russie. Il y a quelques jours, le ministre des Affaires étrangères de l’Irak Hoshyar Zebari a confirmé que le contrat pour la livraison d'hélicoptères d'attaque russes et des systèmes de défense aérienne à Bagdad sera réalisé dès juin de cette année. Selon les prévisions du Centre d'analyse du commerce mondial des armes, au cours des huit prochaines années, la Russie va rester à la deuxième place en termes du volume d’exportation de l’armement dans le monde, ne se laissant pas devancer par la France, la Grande-Bretagne, ou la Chine.
