La France s’enfonce. A qui la faute ?

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Yvan Blot n’a pas froid aux yeux. Philosophe, haut fonctionnaire d’Etat et professeur d&rsquo

Yvan Blot n’a pas froid aux yeux. Philosophe, haut fonctionnaire d’Etat et professeur d’économie chez Sophia Antipolis à ses heures perdues, il vient de sortir un livre chez les éditions Apopsis intitulé « Les faux prophètes » où il détrône les grands notables de la société moderne : Rousseau, Voltaire, Freud et Marx. En fait, Yvan Blot semble avoir pris ses armes contre cette modernité qui dessert la France la rendant la risée de l’Europe avec les droits de l’Homme et Marianne datant d’un autre âge et le désir enragé d’accueillir toute la misère du monde. Si la civilisation française était appelée à disparaître (et on espère que ce ne sera jamais le cas), on lira sur le gisant « Ici repose la plus grande chimère de l’humanité ! » Je ne sais comment étaient les aristocrates du dix-huitième pour inculquer au peuple cette rage destructrice qui semble animer les descendants des révolutionnaires français. Mais en fait ils ne font qu’emprunter la même voie que les communistes soviétiques, héritiers de la même tradition laïque que la France. On constate le même comportement obscurantiste au grand dam de la raison et du bon sens, les mêmes symptômes d’un messianisme aggravé, le même comportement débile face à un danger patent. Et dire que ces gens décident de la pluie ou du beau temps en Europe !

Yvan Blot essaie de démontrer que la vieille Europe n’est plus parce que rasée par la poussée démentielle de la racaille animée par les grands esprits destructeurs. Il n’y a qu’un seul moyen : c’est de faire pénitence et de rebrousser le chemin pour renouer avec l’esprit de la nation qui a fait les grandes heures de la France. Et comme la nature ne souffre pas le vide, si la France omet de le faire, elle se fera remplacer par d’autres civilisations, plus saines, plus intègres et moins débauchées par le Mal quoique moins expérimentées et avancées.

La voie est dure mais c’est celle du salut. Il faut également apprendre l’humilité et perdre l’habitude de s’ériger en professeur grondant les cancres. C’est, à ce qu’on croit, les grandes lignes de la pensée d’Yvan Blot que l’on va laisser parler pour qu’il nous livre la quintessence de son ouvrage.

Yvan Blot. Je crois que notre pays a pris un mauvais tournant. Rousseau c’est ce que je critique chez lui c’est son égalitarisme maniaque. En France c’est particulièrement vrai parce qu’on est un pays où la jalousie et l’envie anime le corps social depuis très-très longtemps. Ca fait beaucoup de tort chez nous. Ensuite pour ce qui est de Marx, j’enfonce les portes ouvertes parce qu’il est aujourd’hui très critiqué. Je ne dis pas que tout ce qu’il dit est faux. Je trouve que son analyse de bourgeoisie est très exacte, par exemple. Et en ce qui concerne le dernier, c’est-à-dire Freud, je pense qu’il a vraiment fait beaucoup de mal. Si ce n’est pas lui, ce sont en tout cas ses disciples. Il prend l’homme en animal et je crois que l’homme est beaucoup plus que cela ! Mais cela dit mon livre n’est pas totalement négatif. Parce que derrière chaque auteur négatif, je voulais mettre un auteur qui est pour moi positif. Pour répondre à Voltaire j’ai mis Pascal. Pour répondre à Rousseau, j’ai mis Nietsche parce qu’il est antiégalitaire essentiellement. Face à Marx j’ai mis Kierkegard parce que c’est un philosophe de l’individu et de la liberté de l’individu. Et face à Freud j’ai mis Heidegger parce que lui aussi il a traité de la psychanalyse à sa manière dans le cadre d’une philosophie existentialiste.

Je crois que c’est l’erreur principale de tous ces philosophes qu’ils ont tous une vision mécaniciste des hommes parce qu’à l’époque la médecine n’ét ait pas très évoluée et ils croient vraiment que l’homme fonctionne comme un animal par des stimulus et des réponses automatiques fournies par le cerveau. Moi je crois que c’est beaucoup plus compliqué que ça ! Une chose qui me frappe chez Freud : quelque chose qui lui paraît complètement incompréhensible, c’est tout ce qui est animé par des éléments où il n’y a pas d’utilité immédiate. Du style de l’héroïsme d’un soldat pendant la guerre ! Freud a dit plusieurs fois : « Mais à quoi sert la beauté ? Cela ne sert à rien ! » C’est pour lui un point d’interrogation. Il se dit finalement que si la beauté cela doit servir à quelque chose dans la mesure où cela peut se rattacher à l’instinct sexuel. Mais la notion sexuelle c’est tout à fait Freud !

VDLR. C’est de la bestialisation !

Yvan Blot. Ce message est partie aux Etats-Unis et puis a retraversé l’Atlantique pour faire des dégâts ici ! Mais maintenant il est sûr qu’il est en plein déclin, Freud ! On dirait que c’est complètement dépassé ! Heureusement, à mon avis !

VDLR. Quel avenir pour la France ? Doit-on désapprendre la modernité ? Lorsque vous dites que la France a pris un mauvais tournant, doit-on comprendre que c’est le cas pour toute l’UE et pas seulement pour la France ?

Yvan Blot. Oui, c’est l’Europe et les Etats-Unis, bien sûr ! C’est ce qu’on appelle l’Occident couramment qui pâtit de tout cela. Je suis parfaitement d’accord avec vous. Je connais mieux les chiffres français, bien sûr, mais je sais que les chiffres sont les mêmes. A partir des années 68, on peut dire où le freudisme prend beaucoup de place dans la société… On constate l’effondrement catastrophique du taux de natalité en France ce qui signifie la mort interne de la nation… Ca c’est quand même très clair. La même chose en Allemagne et en Italie et dans la plupart de pays… Et puis on a une montée incroyable du taux de criminalité et de délinquance. J’ai lu les statistiques françaises qui vont dans le même sens : à partir des années 60 il y a une explosion du crime. Donc on peut dire que la répression morale ne joue plus tellement son rôle : on ne peut pas mettre un policier derrière chaque personne. La substance morale de la société s’est effondrée. Du monde occidental, cela s’entend !

Un savant que j’aime beaucoup, moi, qui est le professeur Hayek, professeur d’économie, le Prix Nobel, agnostique, disait que les religions ont un immense mérite : elles canalisent le comportement humain pour rendre à la vie sociale possible parce que l’homme a sélectionné à travers les siècles certains comportements – et on s’en est aperçu – qui étaient bénéfiques à l’homme. Alors si on casse ces traditions religieuses, évidemment, c’est la barbarie qui s’installe parce que le cerveau agressif de l’homme reprend le dessus. Et donc je dirais que le problème n’est pas de fonder une société sur le principe de la liberté : la liberté seule peut mener au crime. On ne peut non plus fonder une société sur le seul principe de l’autorité parce qu’elle débouche, elle aussi, sur l’arbitraire et le crime, mais il y a quelque chose de plus important qui s’appelle la Tradition ou les Traditions. Et les civilisations, en fait, sont des traditions qui se sont développés sur des millénaires. Et il est extrêmement dangereux de les casser comme ça sans réfléchir ! Parce qu’elles sont induites de toute une sagesse et je ne parle pas de l’esprit religieux, moi ! C’est un argument plutôt de sociologie. Donc je crois qu’une vraie société doit reposer sur les traditions et nous autres, la Russie comme la France, notre tradition sur le plan moral est indiscutablement le christianisme ! onc vouloir extirper le christianisme de la société est une véritable erreur même pour celui qui n’a pas de foi ! C’est ce que pensait le Prix Nobel Hayek. Il n’avait pas de foi du tout mais il pensait que la religion était foncièrement indispensable. C’était Tocqueville qui a expliqué que le système américain ne pouvait être bénéfique que si les gens avaient une certaine morale religieuse. Et que les soubassements de la société c’était cette morale et on voit que l’Amérique de ce point de vue-là est entrée dans un processus d’autodestruction parce que sa base religieuse est en train de s’effondrer. »

Un animal doué de raison serait un monstre parce qu’il posséderait l’intelligence de la condition humaine et les instincts d’un consommateur irresponsable et amoral. L’état actuel des choses est tel que parfois je me mets à envier les arabes français qui, eux, ont bien les critères d’un jugement de valeur et ne se doutent pas au nom de quels principes ils combattent. Les gens doivent croire et garder l’espoir. Or, la France est plus qu’en perte de vitesse. Elle s’oublie elle-même ce qui peut avoir des conséquences autrement néfastes. Le réveil peut être très-trèsdur.

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