Le problème posé par les auteurs d'un article publié dans le dernier numéro de Nature peut être décrit de la façon suivante. Il est notoire qu’au centre de la galaxie NGC 1365 se trouve un trou noir géant d'une masse égale à 2 millions de masses du Soleil. Ce trou noir possède un disque d'accrétion formé par la matière qui tourne autour de lui. En fin de compte cette matière est capturée par le trou noir sous l'effet de la gravitation (le processus de capture est appelé accrétion). Capturée, la matière commence à s'accélérer et rayonner dans les rayons X. Les particularités de ce rayonnement donnent une idée des propriétés du trou noir. Ce dernier, hélas, ne rayonne pas, c'est pourquoi il faut se contenter de ces données indirectes.
Ainsi les caractéristiques du spectre du rayonnement du fer brûlant permettent de juger de la vitesse de révolution du trou noir. Les études précédentes ont montré que les rayons X de NGC 1365 correspondaient au modèle dans lequel la vitesse de révolution du trou noir est pratiquement maximale. Pourtant, et c'est là le problème, un autre modèle expliquait avec le même succès les données observées. Selon ce modèle, la distorsion du spectre du fer brûlant résultait des nuages de gaz autour du disque qui absorbaient les rayons X. La tentation était grande d'adopter le premier modèle, mais la rigueur scientifique exigeait des preuves plus convaincantes.
Et ces preuves seraient maintenant disponibles.
Les auteurs de l'article publié par Nature travaillent pour des centres d'Europe et des Etats-Unis sous la direction de Guido Risaliti (Observatoire astrophysique d'Arcetri de l'Institut national d'astrophysique d'Italie et Centre d'astrophysique de Harvard, Etats-Unis) et de Fiona Harrison (California Institute of Technology, Etats-Unis).
Du 25 au 27 juillet la galaxie NGC 1365 a été simultanément observée par deux sondes spatiales : XMM-Newton de l'Agence spatiale européenne (observation des rayons X mous) et NuSTAR de la NASA (observation des rayons X plus énergétiques). Les données provenant des deux sondes ont été comparées à celles des deux modèles. Les caractéristiques des rayons X mous et plus énergétiques devaient changer en fonction des distorsions des rayons provoquées par le trou noir ou le nuage de gaz. Les rayons X plus énergétiques viennent des zones plus proches du trou noir. Une comparaison minutieuse a démontré que les modèles qui ne tenaient pas compte de la vitesse de révolution du trou noir ne pouvaient pas expliquer les données observées.
Ainsi un pas en avant a été accompli. Cependant les experts indiquent que les raisons de la révolution du trou noir ne sont pas claires. Le mouvement a pu être impulsé graduellement, au fur et à mesure de la croissance, ou bien suite à la fusion de deux galaxies avec deux trous noirs géants dans leur centre. T