Sergueï Ivanov a rappelé dans une grande interview au journal russe Komsomolskaia Pravda que « l’aspect actuel de l’ABM suscite pas mal de questions ». La configuration réelle du système américain de défense antimissile en Europe ne coincide pas avec les menaces provenant de la Corée du Nord ou de l’Iran. Cela concerne les forces stratégiques nucléaires de Russie et sape l’équilibre des forces. Dans la situation actuelle, Moscou ne peut pas réduire ses arsénaux nucléaires, elle est en retard sur les Etats-Unis.
Les paroles d’Ivanov sont une première réponse de la Russie aux propositions récentes de la Maison Blanche sur la réduction des arsenaux nucléaires. Le 14 février, Rose Gettemuller, le vice-secrétaire d’Etat des Etats-Unis sur le désarmement, les avaient communiqué à Moscou. Le contenu des nouvelles initiatives de Barack Obama n’est pas diffusé officiellement. Mais, selon les données des médias, Washington a proposé de réduire d’un tiers les arsenaux nucléaires. En ce moment, les Etats-Unis possèdent 1 700 charges nucléaires. Suivant l’accord START-3, vers 2018, leur nombre doit être réduit jusqu’à 1 500. Il semble qu'Obama propose de réduire leur nombre jusqu’à un millier.
D’après l’avis de Moscou, dans les négociations sur la réduction ultérieure des arsenaux nucléaires des Etats-Unis, il faut tenir compte aussi des problèmes de l’ABM et des armes nucléaires tactiques, des armes conventionnelles, et des arsénaux des autres pays, tout du moins de la Grande-Bretagne et de la France. Il faut prendre aussi en compte que la Chine, l’Inde et le Pakistan disposent également de l'arme nucléaire.
Les experts russes estiment qu’il sera difficile d’inclure d’autres pays dans le format des négociations sur le contrôle nucléaire. C’est ce qu’a dit à La Voix de la Russie l’expert du centre de la sécurité internationale de l’Institut IMEMO Piotr Topytchkanov.
« Dans l’intervention du président Vladimir Poutine il était question de participation des autres pays. Il s’agit, sinon de limiter les armes nucléaires, au moins d’effectuer un contrôle multilatéral. Mais dans les autres capitales, on le trouve prématuré. A Pékin, à Londres, à Delhi, à Islamabad, on dit : nous sommes prêts à discuter la réduction des armes nucléaires, mais il faut d’abord réduire vos arsenaux pour qu’ils soient conformes aux nôtres ».
Les propos de Sergueï Ivanov ne veulent pas dire que Moscou renonce aux négociations avec les Etats-Unis. Au Kremlin, on s’attend à ce que les Etats-Unis commencent à prendre en compte les intérêts de la partie adverse dans les discussions sur le désarmement. Les relations de partenariat entre les deux pays le sous-entendent.... /L