Rudolf Noureev … un nom qui est connu sur tous les continents. On l’appelle « l’homme du monde », on continue à lui rendre le culte et à admirer son talent même après sa mort. Le 17 mars on va célébrer largement son 75ème anniversaire. Moscou accueille à cette occasion une belle exposition consacrée au danseur et chorégraphe légendaire. Rudolf Noureev était né à Oufa, capitale de la République de Bachkirie au sein de l’Union Soviétique. En 1961 Noureev ne rentre pas en URSS après la tournée du ballet russe à Paris. Il danse depuis de nombreuses années au Royal Opéra House de Londres à Covent Garden puis s'engage comme danseur au sein du Ballet de l'Opéra national de Paris dans les années 1980 avant d'en prendre la tête comme directeur de la danse de l'Opéra de Paris.
L’exposition présentée aujourd’hui à Moscou a fait un long trajet : elle a été d’abord exposée sur l’île de Capri. Cette île se trouve juste à côté de l’archipel Li Galli, auparavant île personnelle de Noureev. L’exposition « Noureev – danse » est une vision de l’œuvre de Noureev à l’époque actuelle. Des pancartes créées par les étudiants de l’Ecole de l’art Stroganov, des portraits du danseur, des extraits de spectacles télévisés, des esquisses de décorations destinées aux spectacles de ballet des années 1950 sont appelés à raviver le souvenir du célèbre danseur et à montrer combien il est aimé dans son pays natal de nos jours malgré le fait qu’il l’avait quitté à l’aube de sa carrière. L’exposition aura lieu dans quatre villes russes qui ont marquées la vie du grand danseur. Ce sont Oufa (où Nouriev a passé son enfance), Kazan (la ville de sa mère), Saint-Pétersbourg (où il a fait ses études) et Moscou.
L’inauguration de l’exposition a été accompagnée par la présentation du documentaire « Rudolf Noureev : un démon rebelle ». Cet unique documentaire révèle plusieurs pages de l’histoire de l’ascension artistique d’un garçon issu d’une famille pauvre habitant une ville provinciale de l’URSS. C’est l’histoire d’un garçon qui a conquis le monde grâce à son talent. Son « saut » fameux d’Oufa à Paris, capitale du ballet, est bien décrit dans le film.
Alfia Chebotareva, producteur du documentaire, se rappelle :
Alfia Chebotareva : Nous avons visité plusieurs endroits d’Oufa que Nouriev fréquentait. Tous ces bâtiments des années 1940 sont encore là-bas mais ils seront bientôt détruits. Nous avons visité le Grande Opéra de Paris. Il est tellement surprenant qu’il ait pu atteindre l’acmé grâce à son caractère, son talent qui surmontait tous les obstacles !
C’est le danseur et maître de ballet russe, Andris Liépa, qui anime le documentaire. Ami de Nouriev, il eut l’occasion de travailler avec le chorégraphe et danseur sous sa direction. Le film sera présenté au grand public non seulement à Moscou et dans d’autres villes de Russie mais aussi à Paris, à Londres et lors du festival de Cannes.
La réalisatrice du documentaire, Tatiana Malova, a fait plusieurs interviews avec des stars de ballet, des amis et des proches de Rudolf Noureev. Mais la plus grande partie n’a pas été incluse dans le documentaire. Et donc l’idée est venue de créer une série de 12 films sur l’enfance et la jeunesse de Noureev. Ça sera un projet international et on en a déjà de bonnes nouvelles : le réalisateur françaisAntoine de Clermont-Tonnerre a accepté de collaborer avec l’équipe russe.
L’exposition consacrée à Noureev a été visitée par des hôtes venant d’Italie, de France et de Monaco. L’Artiste de Monaco, Una St. Tropez, nous a parlé de son amour du talent de Rudolf Noureev qui a été incarné dans un projet qui s’appelle « Dialogue avec Noureev ». C’est encore un projet inspiré par l’œuvre de l’étoile de ballet qui sera bientôt présenté au public en France et puis en Russie.
Una St. Tropez : Je suis auteur du projet Dialogue avec Noureev. On a commencé avec la collection artistique, la collection de 17 toiles autour de la vie de Rudolf Noureev. Et aussitôt que les gens ont appris ce qu’on faisait, on est allé beaucoup plus loin. Ça veut dire qu’il y avait le monde autour qui avait envie de participer ou qui avait envie de nous inviter de participer à leurs événements. Et bientôt on a composé La mélodie pour Nouriev,pièce musicale.On va faire la promotion de cette pièce. Avec la collection de toiles, la pièce musicale on est allé beaucoup plus loin. On a discuté avec un metteur en scène et on a décidé de créer une pièce de théâtre qui s’appelle Dialogue avec Noureev, où on est en train de discuter 20 ans après sa mort avec un tel artiste. Pourquoi ? Parce que l’art est éternel. Noureev est toujours là. Parce que derrière lui il a laissé un tel héritage qu’il ne peut pas disparaître, pas aujourd’hui 20 ans après sa mort, et j’en suis sûr, surtout pas 20 ans encore. On a commencé notre projet à Monaco. Et au mois de mars on sera à Bordeaux avec l’Opéra de Bordeaux et avec M. Charles Jude, c’est une énorme honore de travailler avec lui. On espère bientôt venir à Moscou. C’est prévu pour le mois de septembre. Et au mois de novembre on sera à Saint-Pétersbourg avec le projet qui s’appelle Dialogue avec Noureev.
LVdlR : Que pensez-vous du documentaire qu’on présente aujourd’hui ?
Una St. Tropez : Très tristement j’ai appris de ce film il y a trois semaines. J’ai été tellement triste de l’apprendre si tard mais quand je l’ai vu, j’ai été ravie de voir la façon de la vie de Noureev qui a été bien décrit dans ce film. Ce film me touche particulièrement et peut-être encore plus puisqu’il y avait une touche très humaine, très émotive sur Noureev lui-même. J’adore la petite partie où l’on voit un petit train devant la Tour Eiffel. C’est très touchant parce qu’on sait bien qu’il est né en train, qu’il avait la fascination pour les trains. On connaît tous les personnages qui apparaissent dans le film. On y découvre la complexité de la personnalité de Noureev.
LVdlR :Rudolf Noureev est un génie de danse reconnu. Est-ce qu’il a toujours beaucoup d’amateurs dans le monde et en Europe en particulier ?
Una St. Tropez : Il est extrêmement aimé et connu. C’est ça ce qui est très bon. Une fois le Dialogue avec Noureev commencé, tout le monde était autour de nous. Il y avait tellement d’intérêt, tellement d’amour… Mais les gens se demandent si on célèbre Noureev aujourd’hui en Russie. Et j’ai dit, à ma plus grande joie et surprise, la Russie adore Noureev. Parce que Noureev est un patrimoine russe. Et les Russes en sont tout à fait conscients, il l’aime comme on le voit ici, ce soir. Et j’ai été très heureuse d’annoncer ça !
L’homme le plus vivant dont la vie a été pleine d’émotions, de passion, d’amour, de travail, Rudolf Noureev est notre richesse culturelle internationale. Et ça me rend fière de savoir que ce talent brillant, cet homme du monde, était né et élevé sur la terre russe… Joyeux anniversaire, Monsieur Nouriev !