Le Vietnam recevra en tout 6 sous-marins du projet 636 pour une valeur totale de 2 milliards de dollars. La somme totale du contrat inclut la création d'une ’infrastructure côtière pour déployer des navires et la formation des équipages. Les sous-marins russes que le Vietnam reçoit actuellement sont une version modernisée du projet 877 EKM Kilo. Ces navires sont furtifs, possèdent un nouvel équipement de pointe et ont la capacité de transporter des missiles de croisière.
L’apparition de nouveaux sous-marins dans la flotte vietnamienne a suscité l’inquiétude auprès des militaires chinois. Le contre-amiral chinois Yin Zhuo a déjà déclaré par le passé que les sous-marins vietnamiens pourraient représenter une menace pour les communications maritimes vitales de la Chine. Il s’agit des lignes de navigation qui passent par le détroit de Malacca et la mer de Chine méridionale. C’est par ces voies maritimes que le pétrole et d’autres matières premières arrivent en Chine d’Afrique et du Moyen-Orient.
La Chine accorde une attention particulière aux activités des sous-marins étrangers dans la mer de Chine méridionale, surtout après la construction sur l'île de Hainan d’une base de sous-marins nucléaires chinois, qui accueillera leurs nouveaux navires avec des missiles stratégiques Julang-2. Les autorités chinoises craignent que les activités des forces navales étrangères dans cette zone puissent représenter une menace pour leurs forces de dissuasion nucléaire stratégique.
De toute évidence, la Chine n'apprécie pas le renforcement de la puissance navale du Vietnam au moment où les différends entre les deux pays s’aggravent. Cependant, l’attitude de la République populaire de Chine envers le Vietnam est différente de la réaction qu'elle a envers les alliés des Etats-Unis, comme le Japon ou les Philippines, avec lesquels l’Empire du Milieu a des désaccords territoriaux.
Même si cela peut paraître contradictoire, la Chine développe avec son voisin du Sud-est des liens intergouvernementaux, en leur accordant une grande importance. Le Vietnam a toujours joué un rôle clé dans la politique de la Chine en Asie du Sud-est. En 2011, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 25 milliards de dollars et ils continuent de croître. Si la Chine peut faire pression sur le Japon, elle adopte envers le Vietnam une politique de coopération.
C’est la raison pour laquelle les Chinois réagissent avec retenue par rapport à l’achat des nouveaux chasseurs, des navires lance-missiles Molnia (Eclair), et des sous-marins russes. Pékin se rend compte que l’ampleur de la modernisation des forces armées vietnamiennes est incomparable avec le programme chinois de modernisation militaire. En cas d’arrêt de la coopération russo-vietnamienne dans le domaine militaro-technique, le Vietnam risque de se rapprocher des Etats-Unis. Cela ne serait ni dans les intérêts de la Chine, ni dans ceux de la Russie. R
