La Libye, pourra-t-elle éviter la seconde révolution ?

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Le 17 février, la Libye célèbre le deuxième anniversaire du d

Le 17 février, la Libye célèbre le deuxième anniversaire du début de l'insurrection nationale visant le renversement du régime de Mouammar Kadhafi qui avait dirigé le pays pendant plus de quarante années. Dans mes archives, écrit Alexeï Grigoriev, il y a une interview de l'expert connu sur les problèmes du Maghreb, le professeur de l'histoire, l'Algérien Benjamin Stora, pris en rapport avec le premier anniversaire de «la révolution libyenne». Voici ce que le professeur Stora y a dit.

Est-ce que les pouvoirs actuels de Tripoli ont fait rapprocher le pays de l'acquisition de ces objectifs ? Et le principal – ont-ils fait revenir l'unité politique de ses populations hétérogènes – il y a là quelques dizaines de tribus – pour les unir dans un État commun, ce qu’avait réussi à faire Mouammar Kadhafi, en créant la Jamahiriya libyenne ? Au moins, pour le moment, une telle unité n'est pas observée. D’ailleurs, plusieurs Libyens ont commencé à célébrer le deuxième anniversaire de la révolution le 15 février. Les manifestations orageuses se sont passées à Benghazi, où exactement il y a deux ans, le 15 février 2011, l'arrestation de l'avocat Fath Terbil est devenue le signal pour le début de la manifestation du mécontentement massif des citadins par le régime de Kadhafi. Deux ans plus tard, les habitants de Benghazi sont sortis dans les rues pour exprimer (maintenant déjà aux nouveaux pouvoirs du pays) leur mécontentement de pratiquement tout ce qui définit aujourd'hui l'aspect du pays. Vendredi le 15 février, les inconnus ont fait exploser la voiture d’Aymen Al-Arak, l’ancien leader des rebelles qui les avait appelés alors à aller sur Tripoli. Mais auparavant, à Benghazi, il y a déjà eu une série d’attaques sur les étrangers, les commissariats de police et de meurtres des agents des forces de la sécurité. L'attentat le plus bruyant était commis le 11 septembre contre le consulat des États-Unis. Quatre personnes, parmi elles, l'ambassadeur américain en Libye Chris Stevens étaient devenues ses victimes.. Plusieurs médias étrangers ont marqué l'aggravation brutale des humeurs antigouvernementales dans la société. Ainsi, le journal français Figaro écrivait que deux ans après la révolution, en Libye se préparait « la deuxième révolution ». Et l’agence France-Presse communique sur les tracts circulant à Tripoli et Benghazi quelques jours avant le deuxième anniversaire de la révolution, appelant les gens à « la rébellion nationale » et à « la désobéissance civile », devant « amener à la chute du régime ». Ils appellent les Libyens à faire des stocks des produits de l'alimentation et du combustible pour se préparer au collapsus dans le pays après le 15 février. Le portail Jeune Afrique trouve le grand coût de la vie comme source du mécontentement national, ainsi que le chômage massif parmi les jeunes et l'absence complète de la sécurité et, en plus, les fortes « humeurs fédéralistes » et le doute au sujet de la légitimité du parlement et du gouvernement. Ainsi, parmi les slogans diffusés à Benghazi, il y avait l'exigence de l'autonomie de la région de Kirenaiki, riche en pétrole. Comme l’écrit le journal pro-gouvernemental Libya herald, les fédéralistes de Kirenaiki appelaient aux protestations massives ce jour pour « corriger la marche de la révolution ». Pour prévenir la menace de la transformation des actions massives en quelque chose de plus grave que l'expression pure et simple du mécontentement, les pouvoirs se sont soigneusement préparés à la célébration du deuxième anniversaire de la révolution. D'après la disposition du premièr ministre Ali Zeidan, du 14 au 18 février se ferme entièrement la frontière de la Libye avec la Tunisie et l'Egypte, est limité brutalement le nombre des vols internationaux, les forces de la sécurité sont en état d’alerte. À Tripoli sont établis 1400 points de contrôle et en plus, 640 unités mobiles devaient patrouiller les rues de la capitale. Bref, les pouvoirs se sont préparés au pire et, paraît-il, non sans raisons.

A la réunion de « la table ronde » consacrée aux « Leçons de la révolution en Libye : deux ans après le début des désordres» organisée par l’Agence d'Information de Russie Novosti, il était question de Libye, de son passé récent, de son présent et de son avenir. Voici ce qu’a dit en particulier, en inaugurant la rencontre le président de l'Association des diplomates russes Pavel Akopov, l'ancien ambassadeur de l'Union Soviétique en Libye.

La Libye est ma douleur et mon amour, dit Pavel Akopov, Une partie de ma vie s’est passée là et tout ce qui s'y est passé et se passe maintenant, se répercute dans mon cœur. Et particulièrement la justice sommaire sur Kadhafi. La répression inhumaine provoque en moi un regret profond parce qu'il a succombé dans une situation aussi sauvage. Dans les années 80, plusieurs gens trouvaient que Kadhafi était presque fou, imprévisible, un terroriste, un dictateur. Étant ambassadeur en Libye, j’ai rencontré Kadhafi plus de quarante fois et je n’ai jamais eu le sentiment qu’il était imprévisible. Les Américains avaient intérêt à « noircir » Kadhafi, puisqu'il était contre eux. Eh bien, est-ce qu’un fou aurait pu passer ces réformes et transformations en Libye, qui avaient une immense signification socio-économique pour le pays ? Au cours des premieres vingt années de son pouvoir, il a créé en Libye la base de l'industrie - des raffineries du pétrole, des usines chimiques, qui travaillent jusqu'à présent, il a construit 20 mille kilomètres de magnifiques routes croisant le pays du nord vers l'est et du sud vers le nord. Il a construit « le Grand Tube Libyen» de mille kilomètres de long et il a fait venir l'eau des lacs souterrains sous les sables du Sahara sur la côte. Plusieurs gens accusaient Kadhafi de se servir du trésor public comme de sa propre bourse. C'est absurde. Pratiquement tous les revenus provenant du pétrole étaient dépensés sur les besoins de l’État, sur les programmes sociaux pour la population. Mon estimation personnelle de ce qui s'est passé après le remplacement du régime, continue l'ancien ambassadeur soviétique. – je trouve que des changements cardinaux dans la vie de la société de Libye ne se sont pas passés. De plus – déjà deux ans se sont écoulés après le remplacement du régime, mais la stabilisation dans le pays n'est pas observée. Au contraire, on risque, paraît-il, un démembrement du pays. Plusieurs observateurs marquent la croissance de l'opposition dans la société entre les partisans du nouveau régime et ses adversaires ce qui déstabilise la situation générale. Du temps de Kadhafi, l'opposition avait lieu aussi, elle n'était pas aussi considérable, presque fatale, comme maintenant.

« En Libye, il n’y a pas eu de révolution», affirme un autre participant de la rencontre, le vice-président de l'Académie des problèmes géopolitiques Denga Khalidov. – On ne peut pas considérer comme une révolution la manifestation du mécontentement d’une partie de la société par la politique de Kadhafi, dont a profité l'Ouest pour le remplacement de son régime. Tout le monde sait comment il a profité du mécontentement et comment il a réalisé ses buts dans ce pays. Mouammar Kadhafi a réussi à créer son modèle d’une démocratie tribale. C’est vrai qu’il se heurtait à la manifestation du séparatisme de Tripolitanie, –de son centre Benghazi avait commencé l'insurrection. Le paradoxe c’est que Benghazi est devenu aujourd'hui le centre de l'opposition aux pouvoirs centraux à Tripoli, ayant remplacé Kadhafi avec un soutien immense militaire et diplomatique de l'Ouest. Et voici qu’aujourd’hui, ces pouvoirs ne peuvent pas baisser le degré du mécontentement même d’une partie de la population de Libye, mais on ne peut pas exclure la répétition de ce que dans le pays on appelle la révolution. Mais ce sera déjà une autre révolution, qui peut démonter les « acquis » des pouvoirs actuels du pays. Mais le peuple libyen n’y gagnera rien, croit Danga Khalidov.

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