Vous écoutez notre émission hebdomadaire Gros plan sur l'Afrique. Aujourd’hui notre commentateur Alexeï Grigoriev vous parlera de la guerre au Mali qui entre dans sa seconde phase. A la fin de l’émission on survolera les principaux événements de la semaine en Afrique. Envoyez-nous vos commentaires sur l’adresse électronique suivante : yazon@ruvr.ru
En s’adressant aux soldats français à Tombouctou le 4 février dernier lors de sa visite au Nord-Mali et à Bamako, le président François Hollande a félicité les forces franco-maliennes du succès de la « première phase » de la guerre contre les groupes djihadistes. Mais l’opération « Serval » se poursuit, a dit le président…
La France entre dans une phase de « sécurisation » au Mali et elle irait « jusqu'au bout » pour « ne pas laisser un seul espace » de ce pays « sous le contrôle des terroristes », a réitéré le président Hollande lundi le 11 février à Paris lors d’une conférence de presse conjointe avec le président nigérian Goodluck Ebele Jonathan. La Nigéria assure le commandement de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali). Lorsque François Hollande a affirmé que la France était déterminée d’aller jusqu’au bout au Mali, il était déjà sans doute au courant de ce que les terroristes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest avaient pénétré à Gao, une ville malienne libérée le 26 janvier des djihadistes.
Cette attaque surprise peut être considérée comme le début de la guerre des maquis, écrit notre commentateur Alexeï Grigoriev. Contrôlée par la milice malienne et les soldats nigérians, la ville de Gao est à nouveau devenue théâtre des combats. Pour la première fois les ennemis se sont affrontés face-à-face. Les soldats français ont également participé aux combats. La ville a été libérée pour la deuxième fois. Les terroristes ont cependant eu le temps de miner les routes et plusieurs sites clés de la ville. La bombe artisanale la plus grande de 600 kilos d’explosifs a été trouvée et désamorcée par les démineurs français. Il y a eu également plusieurs caches d’armes et de munitions qui ont été découvertes. Il semble que les djihadistes avaient l’intention de reprendre le contrôle de la ville. Ce qui s’est passé à Gao vient confirmer ce dont parlent les experts : la guerre de libération du Nord-Mali et le rétablissement de l’ordre sur cet énorme territoire demandera encore beaucoup d’efforts et de temps. D’ailleurs, les soldats maliens et ceux de la Misma n’étaient pas à la hauteur dans les combats à Gao, selon des témoins européens. Pour le moment ce sont donc les Français qui restent la principale force de frappe.
Voici ce que dit à propos de la suite de la guerre le journaliste italien Franco Venturin dans son article publié à Corriere della Sera : « Les forces françaises n’ont pas rencontré beaucoup de résistance au Mali en prenant le contrôle des villes laissées par l’ennemi. Quant aux djihadistes qui sont devenus rebelles, ils reculent vers le plateau Adrar des Ifoghas à la frontière entre le Mali et l’Algérie mais ils comptent revenir et attaquer. Il est peu probable que les gens des groupes terroristes aient étudié la stratégie de Mikhaïl Illarionovitch Koutouzov ; on peut en revanche dire avec certitude que le commandement militaire et l’Elysée considèrent qu’il est extrêmement dangereux rester longtemps dans les sables du Mali…
Les soldats d’Hollande ne veulent pas répéter au Mali le sort des soldats de la Grande armée de Napoléon en Russie d’il y a deux siècles. Il est évident qu’il s’agit de deux guerres absolument différentes et que les dunes brûlantes n’ont rien à voir avec les steppes glaciales qui ont conduit à la chausse-trape moscovite en 1812 ». Notre correspondant a demandé à Jean-Henri Gontard, consultant cherchant à favoriser les contacts entre les rebelles du Mouvement National de la Liberation d’Azavad, de parler des difficultés de la poursuite de l’opération « Serval ».