L’histoire de la Syrie et du Mali périt

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« Tout cela est un péché » - disaient les islamistes armés de Kalachnikov en détruisant au Mali l’un après l’autre les monuments historiques et culturels. Des mosquées millénaires, des mausolées, des tombeaux de saints musulmans, figurant sur la liste du Patrimoine culturel mondial de l’UNESCO, ont été rasés.

Les criminels appartiennent au groupe des rebelles islamistes « Ansar Dine ». Ils voient une violation de la loi islamique dans le fait que les adeptes locaux du soufisme adulent les saints et leurs tombeaux. L’islam n’autorise que le culte de l’Allah. Le soufisme est un courant de l’islam qui rejette la violence religieuse. Ayant pris le contrôle du nord du Mali au printemps 2012, les radicaux islamiques se sont mis à détruite les lieux saints. Ainsi dans la ville malienne de Tombouctou les extrémistes ont mis le feu à la bibliothèque Ahmed Baba, où étaient conservés des manuscrits anciens uniques. La directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova s’est rendu sur les lieux. Elle a raconté à notre radio ce qu’elle a vu.

Nous n’avons pu tout voir, la situation n’était pas entièrement sécurisée. Nous avons vu la bibliothèque Ahmed Baba, deux ou trois mille manuscrits détruits par le feu. Il est encore tôt de dire exactement combien de manuscrits ont été exterminés. Nous avons vu des mausolées détruits. Plus précisément, nous n’y avons rien vu sauf les pierres.

Tombouctou, ville des « 333 tombeaux de saints », où il y a beaucoup d’autres monuments historiques, a été fondé au Sahara entre le XI et XII siècles. Par la suite la ville s’est développée en un centre spirituel de l’islam. Le préjudice causé au patrimoine culturel et historique du Mali ne se prête pas pour le moment à une expertise. Un tout aussi grave préjudice a été causé aux monuments anciens, aux fouilles archéologiques et aux musées de la Syrie, ravagé depuis deux ans par un conflit armé. Véronique Dauge, en charge de l’Unité des Etats arabes à l’UNESCO, évoque l’état actuel du patrimoine historique et culturel des Syriens :

Nous avons reçu le rapport de la Direction générale des antiquités et des musées de Syrie, dans lequel elle a tenté d’évaluer la situation, le préjudice et des mesures prises pour sauver les curiosités et placer les valeurs des collections de musées dans un endroit protégé. Bien sûr, un grand préjudice a été causé au patrimoine culturel de la Syrie. Mais pour le moment nous ne pouvons pas le vérifier.

L’histoire de l’apparition de cette région compte environ dix mille ans, depuis l’existence des royaumes anciens. Jusque là tous les empires ou conquérants ont laissé leur trace sur cette terre – châteaux, monuments, forteresses, temples. La Syrie était toujours considérée comme la région la plus riche du monde pour le nombre et la diversité des fouilles archéologiques, qui sont quelque six mille ici.

Des fois un préjudice irréparable est causé non par les guerres et par l’ignorance, mais en raison de l’intolérance et de l’obscurantisme. Il suffit de rappeler comment les talibans ont dynamité en 2001 deux statues géantes de Bouddha dans la vallée afghane de Bamian, sculptées il y a cinq mille ans à même les roches de l’Hindou-Kouch, qui figuraient aussi sur la liste des monuments du Patrimoine mondial. Ce cauchemar se reproduit à présent au Mali et en Syrie.

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