L'Azerbaïdjanais doute des perspectives du projet de gazoduc Nabucco, a déclaré mardi à Bakou le vice-président du groupe azerbaïdjanais SOCAR (State Oil Company of Azerbaijan Republic), Elchad Nassirov, lors d'une réunion de la commission pour la sécurité énergétique de l'Assemblée parlementaire Euronest.
"Le projet Nabucco s'est déjà rétréci pour devenir Nabucco West et il n'est pas évident que même ce projet soit réalisé (…) Nous pouvons confirmer que l'UE et les membres du projet Nabucco sont incapables de trouver des fonds nécessaires pour construire ce gazoduc ", a indiqué M.Nassirov cité par l'agence "News Azerbaidjan".
Initialement évalué à 7,9 milliards d'euro, le coût du projet Nabucco a ensuite atteint 12, puis 20 milliards d'euros, a rappelé le responsable. "Que ces 20 milliards d'euros signifient-t-ils pour l'Union européenne qui paie plus de 20 milliards d'euros de trop par an, parce qu'il n'y a qu'un seul fournisseur sur le marché? Que ces 20 milliards d'euros signifient-t-ils pour l'OTAN composé principalement des pays membres de l'UE? C'est le coût de trois semaines d'opérations militaires en Irak. Ces fonds ne donneraient pas d'effet en Irak, mais ils permettraient à l'Europe de se protéger contre tout changement dans le secteur énergétique", a poursuivi M.Nassirov.
Appelé à concurrencer le projet russe South Stream, le gazoduc Nabucco doit acheminer le gaz de la mer Caspienne vers l'Europe en contournant la Russie. Privilégié par l'Union européenne et les Etats-Unis, il est censé réduire la dépendance de l'UE vis-à-vis des importations gazières russes. Les travaux de construction de Nabucco auraient dû commencer en 2011 et se terminer en 2014. Mais la réalisation du projet a été reportée à maintes reprises en raison d'absence des fournisseurs de gaz pour ce pipeline.
L'Azerbaïdjan envisage d'exporter près de 10 milliards de m³ de gaz par an en Europe dans le cadre de la deuxième étape d'exploitation de son gisement gazier Shah Deniz. A l'heure actuelle, le consortium pour l'exploitation du gisement étudie deux variantes de transport de gaz vers l'Europe - par le gazoduc Nabucco West, qui est une variante du projet Nabucco, trois fois moins longue et beaucoup moins coûteuse, et le gazoduc TAP (Trans-Adriatic Pipeline). Le groupe annoncera sa décision en juin 2013.