Avant de s'ouvrir à Moscou l'exposition a séjourné à Paris ayant suscité un intérêt immense. En l'espace de deux mois elle a été visité par 20 000 personnes ce qui avait étonné même ses organisateurs. Selon l'ambassadeur de France en Russie Jean de Gliniasty l'idée de l'exposition est née de la question qui préoccupe aujourd'hui beaucoup de monde :
Le coup d'envoi a été donné pour la question de savoir quels liens intellectuels existaient entre nos pays à une époque difficile entre 1917 et la fin de l'époque de l'Union soviétique. La majorité des documents confirment l'existence de rapports intellectuels très intenses, à peine imaginés. Ces documents reflètent des débats, parfois âpres, des rencontres, des voyages, des flots migratoires. Bref, un riche entrecroisement de nos liens réciproques.
Les documents exposés viennent de différentes archives russes et françaises pour former un tableau objectif au maximum des rapports bilatéraux. A commencer par la réaction de deux diplomates français, Jacques Sadoul et Joseph Noulens, à l'arrivée des bolchéviks au pouvoir en Russie en 1917. Le premier était membre du parti communiste français et il va de soi qu'il a chaleureusement salué cet événement. L'autre l'a qualifié de « spectacle de la destruction des esprits » et de « désordre après la démagogie ». L'exposition reflète la polémique suscitée en France dans les années 1960 après l'attribution du prix Nobel à l'écrivain soviétique Mikhaïl Cholokhov. Ou encore la protestation de l'opinion publique française provoquée par le jugement des écrivains contestataires russe Siniavski et Daniel. Mais il y a aussi des pages d'histoire que rien n'a assombri. L'exposition offre un large éventail de documents des années 1930 consacrés aux visites en URSS des écrivains français célèbres André Gide, Romain Rolland, Louis Aragon, ainsi que des physiciens mondialement connus Paul Langevin et de Frédéric Joliot-Curie. Galina Kouznetsova, spécialiste des Archives d'Etat de Russie, a noté au sujet de l'histoire russo-française du XXe siècle dans son entretien à La Voix de la Russie :
Ici il n'y a pas de dramatisme : cette histoire est telle qu'elle est. D'aucuns trouveront des sujets dramatiques dans les documents relatifs à l'émigration russe. D'autres seront attristés par l'histoire des contestataires. D'autres encore seront chagrinés par le fait qu'Henri Barbusse est mort à Moscou et non pas à Paris...
Une des personnes se trouvant aux origines de l'exposition, Mikhaïl Chvydkoï, représentant du président de Russie pour la coopération culturelle internationale, ajoute :
Pour la Russie, le dialogue avec la France ne s'arrête jamais. Parfois il est dramatique, voire tragique, parfois il est absolument sentimental. Les Russes et les Français ont quoi dire les uns aux autres et ils s'efforcent de le dire pendant plusieurs siècles.
Une telle randonnée à travers les archives donne à l'histoire une dimension humaine. « Il ne faut pas essayer d'en tirer des enseignements, estime le chef des Archives du ministère des Affaires étrangères Frédéric du Laurens. Nous ne devons qu'éveiller des documents d'un long sommeil et entendre ce qu'ils peuvent nous dire ».