La Géorgie ne peut pas se passer de la Russie

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La Russie et la Géorgie sont des voisins de longue date et les peuples des deux pays ont en commun la foi et l’histoire. La Russie est en même temps une des grandes puissances mondiales et la Géorgie ne peut pas se mesurer à elle. Les leaders géorgiens doivent l’avoir en mémoire lorsqu’ils définissent la politique extérieure de la république, estime Konstantin Tchikviladzé, expert en relations russo-géorgiennes et directeur de la communication de l’Institut de l’Eurasie.

La Géorgie est redevable à la Russie de la préservation de son identité nationale. Géographiquement, la Géorgie orthodoxe s’est retrouvée coincée entre deux grands pays musulmans, la Perse et la Turquie. L’expérience montre que dans cette situation l’État a le plus grand mal à préserver son identité culturelle. L’union avec la Russie orthodoxe a été salutaire pour la Géorgie chrétienne, mais tout cela était passé sous silence à l’époque de Mikhaïl Saakachvili, et la propagande officielle mettait au contraire l’accent sur les aspects négatifs de l’histoire commune, rappelle Konstantin Tchikviladzé.

« Il y a toujours de mauvais moments, même au sein d’une famille unie, et c’est d’autant plus vrai pour les relations entre les pays. Je pense néanmoins que les Géorgiens et les Russes doivent surtout parler des aspects positifs de leurs relations. La Géorgie doit notamment apprécier le fait d’avoir su préserver sa foi et ses traditions que Saakachvili n’a pas pu démolir en dix années de politique pro-américaine ».

Sous Saakachvili, la Géorgie est devenue un Etat fantoche à la solde des États-Unis. K. Tchikhviladzé estime que cela s’explique par les liens étroits que le président entretient avec les services spéciaux américains. C’étaient eux, les véritables organisateurs de la « Révolution des roses ».

« Le peuple espérait une vie meilleure. Or, soutenu par les services spéciaux américains et d’autres puissances obscures, Saakachvili a poussé le peuple à prendre part à cette révolution. La Géorgie évolue depuis dans le sillage des États-Unis et lui obéit au doigt et à l’oeil ».

La politique menée par Saakachvili pendant cette décennie a quasiment fait perdre à la Géorgie ses acquis séculaires, dont la culture, la foi et les traditions du peuple. Selon K. Tchikvilidzé, cette dérive a été programmée par les États-Unis.

« Pourquoi les États-Unis, ont-ils soutenu et encouragé Saakachvili ? Mais parce qu’ils n’avaient pas besoin d’avoir au Caucase un peuple ayant une identité et des traditions nationales, un peuple fondamentalement bon qu’ils n’arrivaient pas à comprendre. Il préféraient avoir un peuple sans foi, malléable, facile à gouverner à leur façon ».

Selon Konstantin Tchikviladzé, le nouveau leader géorgien Bizina Ivanichvili est également pro-américain dans une grande mesure mais il a longtemps travaillé en Russie et il la connaît bien. Autrement dit, Ivanichvili comprend que Tbilissi ne pourra rien faire faute de relations normales avec Moscou. Ce qui permet d’espérer que le dialogue russo-géorgien deviendra progressivement plus constructif. T

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