On voit se transformer le marché des ressources énergétiques et la stratégie de ces principaux acteurs. Il est vrai que si l’on parle tendances pour les 10 à 15 ans prochains on n’entrevoit pas de solution de remplacement considérable à l’énergie basée sur le carburant, remarque Alexeï Gromov, directeur adjoint de l’Institut de la stratégie énergétique :
Au regard de la géopolitique, la ligne politique générale des plus gros pays consommateurs consiste dans l’autosuffisance. Il s’agit des Etats-Unis, de l’UE et de la Chine. A cet effet on recourt à des technologies et ressources différentes. Un défi global dans l’énergie du point de vue de l’économie est de passer du marché du vendeur, auquel s’est habitué le Gazprom russe, au marché de l’acheteur. Et en conséquence –à une concurrence toujours plus serrée.
Le progrès technique fait que des sources d’énergie sans cesse nouvelles sont exploitées, y compris celles qui étaient considérées jusqu’à récemment non traditionnelles, dont le gaz du schiste, le méthane des couches de houille, remarque Andreï Konoplianik, professeur de la chaire « Business pétrolier et gazier international » à l’Université russe du Pétrole et du gaz Goubkine :
Le progrès des technologies permet d’abaisser le niveau des frais en dessous des prix. Cela n’empêche aux investisseurs stratégiques dans des projets de mise en valeur de nouvelles sources d’énergie, voraces en capitaux, d’obtenir une norme de profit. C’est la tendance du progrès technologique, rendant possible l’exploitation de nouvelles ressources. Pendant encore deux prochains cycles d’investissement, soit le double de 15-20 ans, les ressources énergétiques traditionnelles – pétrole, gaz, houille – vont dominer. Mais leur part va aller diminuant, alors celle des sources d’énergie renouvelables et non traditionnelles va aller croissant. Sur la vague de la révolution du gaz de schiste aux Etats-Unis on y a vu un brusque accroissement de l’offre du gaz. Sous l’effet du domino le marché américain s’est fermé aux importations du gaz naturel liquéfié (GNL).
Se trouvant loin des principaux marchés de consommation sans compter l’Europe, la Russie assume des frais de production plus élevés que les concurrents, met en relief l’expert :
Nous n’avons d’autre solution que de concentrer les efforts sur la réduction des frais d’extraction et d’exploitation des ressources énergétiques. Créer un climat d’investissement propice pour des branches fabriquant des équipements pour mettre en valeur des ressources non traditionnelles de pétrole et de gaz constitue un défi technologique pour nous.