Victoire de Stalingrad : de l'espoir à la confiance

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Les dernières unités allemandes ont cessé de résister à Stalingrad le 2 février 1943. Le résultat de la campagne lancée en été 1942 par un élan des Allemands vers la Volga et le Caucase peut être résumé en deux mots : défaite cuisante.

Les dernières unités allemandes ont cessé de résister à Stalingrad le 2 février 1943. Le résultat de la campagne lancée en été 1942 par un élan des Allemands vers la Volga et le Caucase peut être résumé en deux mots: défaite cuisante.


La situation se renverse

La Wehrmacht n'a atteint aucun de ses objectifs: Stalingrad n'a pas été prise, l'URSS n'a pas été isolée des régions pétrolières du sud et le pétrole

du Caucase n'a pas rempli les réserves de carburant de l'Allemagne. Mais les pertes ont été énormes. Entre l'été 1942 et l'hiver 1943, l'Allemagne a perdu près d'un million d'hommes et énormément de matériel. La 6ème armée de la Wehrmacht, l'une des plus puissantes, a été complètement anéantie et les troupes blindées ont subi d'énormes pertes.

La défaite de Stalingrad a également affecté les alliés de l'Allemagne – après avoir perdu durant l'hiver 1942-1943 la majeure partie de leurs troupes opérationnelles, la Roumanie, la Hongrie et l'Italie ont pratiquement cessé de participer à la guerre sur le front germano-soviétique.

Stalingrad ne fut pas la première défaite stratégique des Allemands – ils en avaient fait l’expérience à Moscou — ni la plus écrasante au regard de l’été 1944. Mais cette bataille vient toujours à l'esprit car elle a marqué le tournant de la guerre: la débâcle de l'Allemagne nazie et de l'Axe en général était devenue évidente pour tous les observateurs.

Les satellites ont réduit leur participation à la guerre et ont commencé à chercher une issue, tandis que les sentiments antinazis ont commencé d’essaimer à travers l'Europe — dans le positionnement des parties neutres et en Allemagne même. Le Reich ne visait pas la victoire définitive mais voulait faire durer la guerre et attendre la division entre les alliés, ce qui aurait permis de conclure un accord de paix à des conditions plus ou moins acceptables.


De plus, le début de la désintégration au sommet du Reich a entraîné plus tard la tentative d'assassinat d'Hitler et pratiquement tous les dirigeants allemands ont commencé à chercher une issue sans que les autres "camarades du parti" soient au courant.

Comment faire revenir la chance?


"C'est le calme plat sur tous les fronts depuis six mois…
— Ils n'arrivent pas à s'en remettre de Stalingrad, camarade Staline.

— Après Kharkov, nous non plus, camarade Vassilevski!"

Ce dialogue entre Staline et Vassilevski tiré d'un film ne s’est peut-être jamais tenu mais décrit très exactement la situation.

En dépit d'une défaite cuisante à Stalingrad, l'Allemagne demeurait un ennemi puissant et redoutable, capable d'infliger des frappes douloureuses comme à la troisième bataille de Kharkov en février-mars 1943: les Allemands ont réussi à reprendre la ville libérée par les troupes soviétiques et à repousser le front vers l'est en formant le "saillant de Koursk".

Au printemps 1943, les Allemands ont préparé une offensive pour encercler et anéantir les unités soviétiques avant de poursuivre l'offensive. L'un des meilleurs stratèges allemands, Erich von Manstein — qui s'était brillamment distingué à Kharkov — était d'ailleurs favorable à un lancement immédiat de l'offensive. C'est l'effet de la bataille de Stalingrad qui a contribué au report de l'offensive à plusieurs reprises.

Pas seulement pour des questions financières: le haut commandement du Reich avait perdu confiance en ses forces, ce qui explique les reports des délais avec des prétextes tels que
"Plus de Tigres!", "Renforcez la protection des Tigres!", "Plus de Panthers!", "Plus de Ferdinands!", "Manque de chasseurs bombardiers!".

Les représentants du gouvernement allemand avaient conscience que la puissance de l'URSS croissait plus rapidement et que le report de l'offensive augmentait l’écart de potentiels au détriment de l'Allemagne.

Néanmoins, ces derniers n'étaient plus déterminés à lancer l'offensive immédiatement: les succès de 1941-1942, quand les Allemands parvenaient à remporter la victoire avec moins de forces grâce à leur concentration intelligente dans les zones stratégiques, ont été balayés par 

la défaite de Stalingrad et désormais, le commandement allemand tente désespérément d’atteindre une supériorité numérique au détriment de la qualité de ses troupes, grâce aux nouveaux modèles de chars et d'avions. Au niveau tactique, cela aurait pu fonctionner.

Les Tigres, les Panthers et les anciens modèles de chars modernisés étaient une arme redoutable s’ils étaient placés entre des mains habiles. Au niveau opérationnel, le nouveau matériel ne suffisait pas "pour tout" et les pertes mécaniques comme au combat étaient plus importantes que prévues. Au niveau stratégique, les performances des Tigres n'avaient plus d'importance dans la bataille de potentiels perdue par le Reich.

Bien sûr, on pourrait dire que cette bataille était perdue d'avance – à l’été 1941 déjà, quand s'était formée la coalition antihitlérienne, il était évident que le potentiel de l'URSS, des USA et de l'Empire britannique réunis était largement supérieur à celui des pays de l'Axe – l'Allemagne, l'Italie, le Japon et leurs satellites.

Cependant, la roue du succès militaire tourne et étant mieux préparés pour la guerre, les dirigeants allemands pouvaient tout à fait espérer battre l'URSS avant qu'elle n'arrive à se mobiliser. Après cela, le Royaume-Uni demanderait la trêve et les Etats-Unis ne seraient pas entrés en guerre sans avoir d'allié sur le continent.

La défaite des Allemands à Moscou a montré la futilité de leurs espoirs mais n'a pas privé l'Allemagne de sa capacité d’action. Après la défaite assourdissante à Stalingrad et des pertes encore plus lourdes, l'Allemagne était condamnée. Six mois de combats acharnés et ininterrompus pour cette ville, dont le nom est inscrit à jamais dans les annales de l'histoire militaire, ont été nécessaires pour entendre le verdict définitif.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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