L’ex-vice-premier ministre des Finances de la Turquie et l’actuel chef du parti Turquie Abdullatif Sener donne son point de vue dans un entretien qu’il a accordé à La Voix de la Russie.
« Tout acte terroriste est un crime contre l'humanité. A cause de ces explosions des personnes innocentes sont tuées. La lutte contre le terrorisme est l’une des plus importantes missions de la communauté internationale aujourd’hui. Je considère avant tout l’attaque terroriste de vendredi de ce point de vue. Il est tout aussi important de comprendre exactement qui pourrait être derrière cet acte terroriste. Je pense que pour le comprendre, il faut étudier plus en détail la politique syrienne de la Turquie.
J'ai toujours été opposé à la politique syrienne de l’actuel cabinet des ministres, et j’ai toujours été contre la présence des militants d'Al-Qaïda dans la région. La majorité des membres de l'opposition syrienne, ce ne sont pas des Syriens, il s’agit des membres des différents groupes armés étrangers. C’est à cause d’eux que la Syrie en train de perdre ses citoyens, c’est bien eux qui violent les droits de l'Homme en Syrie. Les chiffres officiels disent qu’environ 60.000 Syriens sont morts depuis le début du conflit. Les groupes terroristes en sont les premiers responsables.
En soutenant l'opposition syrienne, la Turquie commet une erreur, car elle facilite par ce biais la pénétration dans cette région des membres d'Al-Qaïda. Selon certains rapports, 15.000 à 20.000 militants d'Al-Qaïda se trouvent actuellement à la frontière turco-syrienne, et ils sont capables de la franchir des deux côtés. Actuellement, Al-Qaïda n'a pas de problèmes avec la Turquie. Mais que va-t-il se passer si jamais elle aura des différends avec notre gouvernement ? Ces bandes armées ont déjà fait exploser une bombe devant une banque à Istanbul. Beaucoup d’innocents ont été tués. Nous n’avons pas eu d’autres attaques terroristes de cette ampleur sur notre territoire. Toutefois, des membres d'Al-Qaïda arrivent dans la région en grand nombre. Et même s’ils organisent les attaques terroristes principalement en Syrie et en Irak, leur seule présence dans la région est une menace pour nous. Autrement dit, si un seul militant d'Al-Qaïda est présent dans la région, c’est un risque pour cette région, y compris pour la Turquie. Ce n’est pas dans les intérêts de notre pays de mener une politique à la suite de laquelle le nombre de terroristes dans la région augmente. Par conséquent, je crois que le cours politique de l’actuel premier ministre Recep Tayyip Erdogan envers la Syrie est erroné.
La récente attaque devant l'Ambassade américaine à Ankara est directement liée à Al-Qaïda. Je voudrais attirer l’attention sur les informations parues dans les médias que le gendre du leader d’Al-Qaïda Oussama ben Laden, Suleïman, a été tué à Ankara. C’est le résultat d’une opération secrète menée conjointement par le Service national de renseignement de la Turquie et la CIA.
Nous avons besoin de comprendre qui est visé dans cette attaque. Certes, il s’agit d’une explosion devant l’Ambassade américaine. Mais où ? A Ankara. Cela signifie que l'attaque vise principalement la Turquie, qui devrait en tirer des conclusions et prendre les mesures de sécurité nécessaires.
La politique syrienne de la Turquie est pleine de contradictions. D'une part, le gouvernement contribue à l’augmentation du nombre des membres d'Al-Qaïda dans la région. Et d’un autre côté, notre pays déploie des systèmes de missiles Patriot qui nous sont fournis par les pays occidentaux. La tentative de réunir deux ennemis sur le même territoire – c’est la plus grande erreur que puisse faire le gouvernement turc. Quel Etat pourrait contribuer aux affrontements armés et des attentats terroristes dans son pays? Aucun pays ne veut d’une telle situation! Et nous avons bien à la fois des membres d’Al-Qaïda et des systèmes Patriot sur notre territoire ».