Le programme spatial iranien commence à prendre forme

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L’envoi d’un singe vivant dans l’espace par l’Iran et le retour du primate sain et sauf sur Terre a suscité l’intérêt des médias du monde entier. Les experts militaires s’interrogent si la république islamique serait proche de la réalisation des objectifs fixés par le président Mahmoud Ahmadinejad. En vertu de ce programme, au plus tard en 2021, l’Iran devrait envoyer en orbite un homme dans un vaisseau spatial et en 2025 – l’expédier sur la Lune.

La fusée a soulevé la capsule avec un singe à l’intérieur à une altitude de 120 km et après quelques minutes, elle s’est posée sur Terre. Le premier pas vers le vol habité dans l’espace a ainsi été marqué, a indiqué le ministre de la Défense de l’Iran, le général Ahmad Vahidi. Mais est-ce que ce lancement a vraiment eu lieu ? Le « passager » de ce vol, a-t-il vraiment survécu ? Difficile d’en donner une confirmation en se basant sur des sources indépendantes. Les chaînes de télévision locale ont seulement montré une séquence vidéo du lancement d’une fusée et la photo du singe avant le vol. Les autorités iraniennes ont d’ailleurs passé sous silence la date du lancement, expliquant que cette date coïncide avec l’anniversaire du prophète Mahomet. Un autre point qui reste flou : les sunnites ont célébré cet événement la semaine dernière, alors que l’Iran chiite devait le célébrer le 29 janvier.

Ce vol suborbital de la capsule signifie que l’Iran pourra bientôt envoyer sur orbite soit des satellites d’un poids allant jusqu’à deux tonnes, soit des missiles balistiques avec un rayon d’action de plusieurs milliers de kilomètres. C'est le point de vue du chercheur français Bruno Gruselle. Son opinion n’est pas partagée par le directeur du Centre des recherches sociales et politiques Vladimir Evseev. Selon l'expert russe, les Iraniens ont jusqu’à présent mis sur orbite circumterrestre seulement trois satellites légers (Omid, Rassad-1 et Navid-e Elm o Sanaat), chacun ayant un poids d’environ 50 kilos. Les autres lancements étaient suborbitaux.

« C’est la fusée Safir-2, faible en termes énergétiques, qui est devenue le principal lanceur des appareils spatiaux iraniens. Sa première étape – c’est le missile balistique Shahab-3, et la deuxième étape – c’est le missile Shahab-2. Les lacunes techniques lors de la conception de la fusée Safir-2 ont forcé les Iraniens à se limiter au vol jusqu’à l’altitude précédemment indiquée. Apparemment, les spécialistes iraniens testaient les technologies pour réaliser des vols orbitaux et la sortie de l’homme dans l’espace. Mais l’Iran possède également une autre fusée très puissante – Simurgh. Pour l’instant elle n’a pas pu décoller correctement. Simurgh est une fusée analogue à la Ynha-3 nord-coréenne. La seule différence entre les deux fusées, c’est que la Ynha-3 possède une troisième étape ».

A en juger par l’envoi dans l’espace des êtres vivants, l’Iran chercherait à mettre en place des technologies pour les vols habités. Cependant le doute plane quant à la forme sous laquelle ces vols seront réalisés. S’agira-t-il d’une sortie de l’homme dans l’espace et de son retour ensuite ? Ou est-ce un programme qui est prévu en plusieurs étapes ? Ces questions sont étroitement liées à la construction des fusées en RPDC, poursuit Vladimir Evseev.

« En septembre dernier, un accord sur la collaboration et l’échange des technologies a été conclu entre l'Iran et la Corée du Nord. Apparemment les Iraniens étaient présents lors du premier lancement de l’Ynha-3 en décembre. Le lancement s’est très bien passé, et il permettra de donner suite au projet de construction de la fusée Simurgh. Cette réussite sera utilisée comme une arme de propagande puissante en Iran. Car tout ce qu’annonce le gouvernement iranien est loin d’être mis en pratique ».

En envoyant un singe dans l’espace, l’Iran cherche à parcourir le même chemin que celui du programme spatial soviétique et américain dans les années 1950. L’envoi d’un être vivant dans l’espace, même lorsqu’il s’agit d’un vol suborbital – c’est un pas vers la mise en place d’une puissance spatiale, explique le vice-rédacteur en chef du magazine Novosti kosmonavtiki (Les nouvelles de l'astronautique) Igor Lissov.

« Les Iraniens se considèrent, et à juste titre d’ailleurs, comme une civilisation totalement autosuffisante. Ils se sont fixés comme objectif de créer des fusées, des satellites, et ils réalisent cet objectif. Tous les lancements sont loin d’être réussis, mais c'est grâce à ces erreurs techniques que les spécialistes iraniens arrivent à perfectionner leur programme spatial. Ils n’ont vraiment pas beaucoup de retard technique. Et le plus important – c’est qu’ils ont un désir fort de continuer à augmenter ce niveau, à la différence de certaines grandes puissances spatiales ».

Toutefois, l'atterrissage d’un astronaute iranien sur la Lune en 2025 – c’est de la science-fiction, estime Igor Lissov. Il s’agit de délais complètement irréels.

Le 28 janvier, lorsque le Monde a appris qu’une capsule iranienne serait lancée, un autre événement important s’est également produit. L’Iran a proposé de nouvelles conditions pour la reprise des pourparlers sur son programme nucléaire. Cette coïncidence n'est pas fortuite : l’Odyssée de l'espace du primate a montré quelle percée vient de réaliser Téhéran dans le domaine des technologies des missiles balistiques. /L

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