La Russie s’en va vers le Nord

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Le Président russe a très officiellement donné son programme du développement du

Le Président russe a très officiellement donné son programme du développement du Grand Nord dans « Les fondements de la politique d'Etat de la Fédération de Russie jusqu'à 2020 ». Et la Défense a confirmé que pour protéger ses frontières dans cette région glaciale, Moscou augmentera sa présence armée avec la création de deux brigades arctiques. L'Etat-major serait en train d'étudier les scénarios du déploiement de ces unités ce qui générera forcément une nouvelle hémorragie budgétaire. Les brigades devraient être localisées à Petchenga, à 100 kilomètres de la ville de Mourmansk à proximité immédiate de la frontière norvégienne. A l'heure qu'il est Petchenga sert de base à la deux-centième brigade d'infanterie motorisée.

Pourquoi tout ce remue-ménage ? Mais parce que 25 pour cent de réserves planétaires d'hydrocarbures – c'est à dire pétrole et gaz naturel - sont tésaurisés dans la région du Pôle nord.

La Russie entend-t-elle porter la guerre à l'Océan Arctique ? Contre qui va-t-on combattre - ours polaires, phoques ou autres représentants peu nombreux de la faune locale? Eh bien non! Il s’agit d’un cas de légitime défense à l’échelle planétaire.

En parlant de la présence slave dans la région, il faut également prendre en compte les garde-frontières dont le dispositif a été renforcé par l'acquisition de nouveaux navires de patrouille. Les experts estiment qu'il faudra augmenter le contingent jusqu'à 12 mille personnes ce qui devrait suffire largement dans le cadre des objectifs fixés et des consignes reçues.

En attendant, le Canada et les Etats-Unis s'étripent joyeusement pour le contrôle de la voie maritime nordique qui passe le long de la côte du continent américain. Cette route est devenue beaucoup plus accessible après la fonte d'une grande partie de la calotte polaire. D'autres prétendants aux richesses arctiques sont le Danemark, la Norvège, la Suède et l'Islande.

Dernier détail à prendre en compte : il y a un an, les militaires français ont fait un stage de formation avec leurs confrères russes dans la région de la ville de Severomorsk, base navale arctique russe. C’était dans le cadre des grandes lignes de la coopération entre les deux pays

Ces mesures s’avèrent très importantes, voire cruciales pour asseoir la présence russe dans ses eaux glaciales qui sont génétiquement acquises à Moscou.

Voici quelques cas qui étoffent le bien-fondé d’un tel raisonnement. Depuis déjà belle lurette, les pêcheurs du grand Nord russe demandent la protection militaire de leur pays dans la région polaire de Spitzbergen, riche en poisson mais ou la ligne de démarcation avec la Norvège n'est toujours pas tracée. Eh bien, le Kremlin a confirmé la frontière mais au grand dam de ses propres bateaux de pêche mettant en cause la légitimité de l'exploitation de ses ressources ce qui équivaut a un rendement annuel de l'ordre de 800 Millions de dollars. Ou est le bon sens, diriez-vous? Il est comme toujours ailleurs. C’est que la Russie vient de déposer sa demande de révision de l’attribution des zones économiques exclusives. A ce qu'il paraît, elle ne veut pas se chamailler avec tous ces voisins et préfère être sure de son coup en lâchant du lest du côté de la Norvège. Cette explication est tangible parce que normalement la Russie ne permet à personne de flinguer son ego. Par exemple, elle ferraille passionnément avec le Japon sur le tracé de ses frontières dans la région des îles Kouriles et cependant cède sur un coup de tête un pan de son territoire aquatique que la Norvège obtient sans coup férir ? Il devrait vraiment y avoir une anguille sous roche !

Quoi qu’il en soit, pour ces bateaux de pêche et le tracé de la frontière aquatique, le parlement régional de Mourmansk souffle le chaud et le froid. Le 18 novembre 2010 déjà il adopte une déclaration adressée aux deux chambres du parlement central de la Fédération de Russie en demandant de ne pas ratifier l'accord avec la Norvège. Quelques mois plus tard, la même douma régionale cédant à la pression du parti la Russie Unifiée, majoritaire à Mourmansk, annule sa propre déclaration. On sent que les autorités russes sont à leurs premiers balbutiements quant à la politique maritime nationale et ne savent pas à quel saint se vouer.

Alors la création des forces armées pour la défense des intérêts russes le long de sa côte arctique est un facteur indicateur révélateur du réveil de l’ours. Et la requête adressée il y a plus de 12 ans - en 2001, à la commission de l'ONU sur la rectification de la Convention internationale sur la région Arctique est une autre preuve flagrante du maintien de ses intérêts. Or si la Russie obtient gain de cause, elle pourra agrandir son territoire de zone exclusive économique de quelques 1,2 Millions de kilomètres. Ce qui est loin d’être le prix des cacahuètes ! A l'heure qu'il est, Moscou fourbit les derniers éléments de ce dossier épineux redemandés par les fonctionnaires onusiens pour trancher. Et à citer en dernier lieu la décision rendue publique par Nikolaï Patroushev du Conseil de Sécurité de la Russie qui, en l’an de grâce 2011, a officiellement déclaré que Moscou lançait la construction de 4 brise-glaces à être mis en service en 2015. Le secrétaire du Conseil de Sécurité de la Russie a évoqué l'esprit du partenariat stratégique qui a inspiré les Russes à construire ces nouveaux navires. Il est à noter que, à la différence de la Russie, les autres Etats avec la côte arctique ne possèdent aucun brise-glace. On constate une fois de plus que la Russie sort de la période d'indécision et semble forger les grandes lignes de sa nouvelle politique maritime se donnant les moyens de ses nouvelles ambitions.

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