Mohamed Morsi a organisé une réunion d'urgence du Conseil national de défense de l'Egypte. Cet organe, soumis au contrôle du président, réunit tous les ministres responsables des forces de sécurité et des forces armées du pays, ainsi que le commandement militaire de toutes les provinces. Le Conseil national de défense a évoqué le droit de l’Etat d’instaurer l’état d’urgence dans les régions, où se déroulent les manifestations. Samedi soir, les troubles continuaient au Caire, à Suez, en Alexandrie et à Port-Saïd. Les médias parlent de dizaines de tués et de centaines de blessés. De nombreuses personnes ont été arrêtées. Le mouvement des Frères musulmans a prévenu que la police et l’armée pourraient ouvrir le feu sur les manifestants si leurs actions présentent une menace à l'infrastructure stratégique.
Au matin du 27 janvier, l'armée égyptienne a occupé des positions stratégiques dans la ville d'Ismaïlia. Il s'agit d’un site stratégique qui garantit le fonctionnement du canal de Suez. L’administration du canal de Suez et tous les services techniques ont leurs bureaux dans cette ville. Les chars et les véhicules blindés ont été introduits à Suez et à Port-Saïd - deux villes situées à l'entrée et à la sortie du canal. A Port-Saïd, le nombre de victimes des affrontements a dépassé 30 personnes.
Les émeutes et les affrontements violents avec la police et l'armée ont commencé en Egypte le jour du deuxième anniversaire de la révolution, le 25 janvier. En 2011, elle a provoqué le renversement du régime du président Moubarak. Tout comme il y a deux ans, la place Tahrir au Caire est devenue le centre des protestations.
Tous les manifestants veulent la même chose: faire revenir la révolution égyptienne usurpée par le mouvement des Frères musulmans.
« Nous appelons à une nouvelle révolution, parce que les Frères musulmans et Morsi ont usurpé le pouvoir », explique un manifestant. « En quoi sont-ils différents de Moubarak? La seule différence, c’est que la vie est devenue plus difficile et plus chère ! ».
« Cela fait deux ans que nous nous tirons dessus. J’ai vu à nouveau beaucoup de blessés. Ce n’est pas l’avenir dont nous rêvions pour notre pays ! »,lance un autre manifestant.
Le président égyptien Mohamed Morsi rejette les affirmations de l'opposition selon lesquelles il s'agit d'un soulèvement populaire contre «le nouveau pharaon ». Sur son compte Twitter et sa page Facebook Morsi exhorte la population à respecter les principes du changement révolutionnaire et à exprimer ses opinions de manière pacifique. Il a également prévenu que le gouvernement n'hésiterait pas à « poursuivre les criminels et à les traduire en justice ».
Les experts russes estiment que les difficultés de Morsi ne font que commencer. Car l’Egypte s’est retrouvée au bord de l'effondrement économique, analyse le célèbre orientaliste russe Leonid Issaev.
« Dans un avenir proche, l’Egypte risque de se transformer en un pays endetté, car Le Caire est obligé de contracter des emprunts auprès d’organisations internationales diverses et d'autres États. Par ailleurs, à cela s’ajoute le fait que Le Caire a perdu de son influence sur la scène internationale et régionale. Sous Hosni Moubarak, l’Egypte jouait un rôle clé dans l’évolution de la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Désormais, il ne joue plus aucun rôle dans ces processus. On peut dire que l’Egypte est en train de perdre sur tous les tableaux ».
Aujourd’hui, l’Egypte s’est divisée en partisans et opposants de Morsi. Le principal parti d'opposition, le Front du salut national, a demandé la création d’un gouvernement de « salut national ». Morsi a fait comprendre qu’il est prêt à mener le dialogue uniquement avec des hommes politiques indépendants de renommée nationale. T