Des erreurs dans la structure de l’UE ont abouti à une crise dans la zone euro. Instruits par l’exemple de l’UE, les Etats de l’espace postsoviétique qui aspirent aujourd’hui à promouvoir leur intégration, doivent tirer des conclusions appropriées, considère Evgueni Primakov.
« C’est très bien que nous avons une intégration. C’est très bien que les choses avancent avec le Bélarus et le Kazakhstan. Malgré certains problèmes, l’Union Douanière progresse. Et l’Espace économique commun va connaître des progrès. Il est essentiel que tous les pays qui y prennent part comprennent la nécessité de se doter de structures supranationales. Un autre moment, dont je tiendrais compte, c’est la nature des leçons à tirer : il me semble qu’on ne doit pas engager, les yeux fermés, beaucoup de pays dans des processus d’intégration. Si nous laissons la porte large ouverte maintenant, nous aurons de nombreux pays souhaitant participer à l’Union Douanière – ne vont-ils pas noyer ainsi l’Union ? ».
On a parlé aussi de la Géorgie : est-il possible de rétablir les relations entre Tbilissi et Moscou ? Et peut-être, son retour dans la CEI ? De l’avis de M. Primakov, une telle évolution est réelle, mais le processus sera long.
« Ce serait très bien, si la Géorgie retourne dans la CEI. Mais c’est un processus bien long. Parce qu’il y a des problèmes qui ne peuvent pas trouver leur solution rapidement par les parties. Nous ne pouvons renoncer à la reconnaissance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Tandis que la Géorgie ne saura reconnaître les pertes de son intégrité territoriale. Dans ces conditions nous devons tout simplement nous rapprocher à petits pas pour finalement réunir des conditions à la solution de nombreux problèmes qui paraissent actuellement insolvables ».
L’académicien a répondu également à la question sur la Syrie et le sort de Bachar al-Assad. Il a relevé que la politique de Moscou à l’égard de ce pays est profondément morale. La Russie ne soutient pas le régime de M. Assad et ne cherche pas à le maintenir à tout prix au pouvoir, comme on cherche à le présenter en Occident. Moscou est persuadé que le peuple syrien doit décider lui-même qui va le gouverner, a noté M. Primakov.
Quant à la vie politique intérieure de Russie, Evgueni Primakov regarde l’avenir avec un « optimisme prudent ». Il estime que le pays entre dans une nouvelle étape de son développement. Une étape où la stabilité sera déterminée par les décisions du pouvoir, prises avec un large soutien du peuple. Et tous les prémices pour cela existent réellement. /L