Le gage de l’Occident sur la force et les manipulations politiques dans le continent africain a une nouvelle fois administré une mauvaise surprise. Et pas pour les seuls habitants de la région, mais aussi pour les citoyens des Etats occidentaux mêmes. Comme on devait s’y attendre, l’opération de la France au Mali a enjambé les frontières de ce pays et a fait ricochet en Algérie, où les terroristes d’Al-Qaïda ont pris des centaines d’otages, dont des dizaines, y compris européens, ont péri. Une tentative maladroite de la France de retrouver au Mali l’aura de puissance coloniale – et cela au 21e siècle – a provoqué une extrême aggravation de la situation en Afrique, déjà en proie à de nombreuses contradictions internes. Une « petite guerre » au Mali, et ensuite en Algérie a encore une fois montré que la région était explosive, qu’il suffit d’un acte irréfléchi, pour que l’effusion de sang dépasse les frontières d’un seul pays. Le soi-disant printemps arabe prend des formes toujours plus bizarres, quand les actions des pays occidentaux mettent de l’huile sur le feu des conflits entre des clans, en cherchant suivant une tradition à tirer profit du chaos. Comment expliquer les actions de la France au Mali sinon par une myopie et des ambitions ? C’est la question que se posent des experts dans divers pays, et en premier lieu en France-même.
Certes, l’attaque des terroristes contre le site gazier de British Petroleum a été bien préparée et avait un sens pratique (là se trouvent des étrangers), mais aussi symbolique. Le géant pétrolier occidental – comme une personnification de tout ce qui est étranger et hostile. Des responsables d’Al-Qaïda ont déjà promis de punir ceux des habitants locaux qui collaborent avec des sociétés étrangères. Derrière les actions de la France ont entrevoit la politique à long terme de son principal allié – les Etats-Unis, considère le directeur de l’Institut de la planification stratégique et des prévisions Alexandre Goussev.
« La direction américaine cherche à promouvoir la démocratie américaine à travers le monde. Or c’est une démocratie à géométrie variable. Les événements en Tunisie, Libye et dans d’autres pays d’Afrique ont montré que la population n’acceptait pas la notion de démocratie occidentale. Mais elle comprend que les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne ont des vues sur la région au regard de sa situation géopolitique ».