Tous les participants de la réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation au Mali, ont unanimement approuvé l’opération militaire lancée par la France visant à libérer le Nord-Mali des groupes terroristes. Vitali Tchourkine, représentant permanent russe à l’ONU, a notamment déclaré aux journalistes que la Russie n’avaient rien à reprocher à la France en ce qui concernait les actions de celle-ci au Mali. Et d’ajouter que le gouvernement français avait informé la Russie de ses actions et projets dans ce pays. La légalité des actions de la France au Mali a été, par ailleurs, confirmée par Moscou. Dans une interview à l’agence Interfax, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov a expliqué que l’opération menée par les militaires français avait été lancée à la demande des autorités maliennes et était conforme à la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU appelant les Etats de fournir un soutien à ce pays dans le but de protéger l’unité de celui-ci et diminuer la menace terroriste…
Cette résolution prévoit le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) composée majoritairement des forces africaines. L’objectif de la MISMA est de soutenir l’armée malienne en l’aidant à repousser les groupes islamistes armés contrôlant actuellement le Nord-Mali. La mission devra, par ailleurs, favoriser le processus de règlement politique du conflit opposant les autorités du pays aux Touaregs ainsi qu’aux autres ethnies peuplant cette région qui ont refusé à coopérer avec les terroristes islamistes. Quant à l’opération militaire française « Serval », elle vise tout d’abord à neutraliser les tentatives des islamistes à progresser vers le sud du Mali mais aussi, et cela est primordial, à détruire leur potentiel militaire. La résolution appelle en outre la communauté internationale d’apporter son concours en matière de renforcement des capacités de l’armée malienne afin de rétablir l’autorité de l’Etat malien sur l’intégrité du territoire du pays.
Depuis vendredi dernier l’aviation française effectue régulièrement des vols au Nord-Mali depuis la base à Ndjamena au Tchad et les aérodromes situés au sud de la France. Les avions français bombardent les bases et les convois automobiles des terroristes de l’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et des Touaregs d’Ansar Dine. Dans le cadre de l’opération « Serval » l’aviation française renforce sa présence à Bamako et dans la zone tampon entre le sud et le nord du Mali. Environ 500 soldats des Forces spéciales françaises se trouvent actuellement dans cette zone. Dans la nuit du mardi un convoi de quarante voitures blindées légères Sagaie est arrivé à Bamako en provenance d’Abidjan. Une partie de ces blindés français assurera la sécurité de l’aéroport international de Bamako alors que l’autre partie partira au nord pour prendre part aux combats contre les islamistes. L’aéroport de Bamako est d’ailleurs déjà sous contrôle d’une centaine de commandos français. Sept cents cinquante soldats français sont présents actuellement au Mali, a annoncé le président Hollande en visite à Abu-Dhabi. Par ailleurs, le président n’a pas exclu le recours aux avions Rafales de la base français à Abu-Dhabi en cas de besoin. Paris compte renforcer son contingent au Mali jusqu’à 2 500 soldats, a déclaré mardi le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Pour le moment la France est quasiment le seul Etat étranger présent au Mali. L’arrivée d’un contingent des forces africaines est attendue dans les jours à venir dans le cadre de la MISMA. La Nigéria et la Guinée-Bissau sont les premiers à avoir envoyé leurs soldats à Bamako. En tout jusqu’à 3 300 soldats de presque tous les Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest participeront aux combats contre les islamistes au Nord-Mali, d’après la feuille de route de l’organisation. Le seul pays européen qui participe déjà à l’opération au Mali, est la Grande-Bretagne qui a mis à la disposition ses deux avions pour transporter des équipements militaires de la base d’Evreux (sud de la France) au Mali. L’aéroport malien de Sévaré situé au sud du pays, sera utilisé pour accueillir des équipements et des soldats étrangers. Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne devront d’ailleurs se réunir d’urgence jeudi pour discuter la situation au Mali et la nature des aides à apporter à la France pour soutenir cette dernière dans la guerre qu’elle a déclaré aux islamistes au Nord-Mali. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton présidera la réunion.
Selon le président béninois Thomas Boni Yayi qui préside actuellement l’Union africaine, environ six mille djihadistes résistent à la coalition des forces européennes et africaines qui est en train de se créer au Mali. « Il y a beaucoup de Pakistanais, d’Afghans », tandis que « les Touaregs sont minoritaires », a-t-il précisé lord d’un discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal. Six mille hommes bien armés et savant combattre dans les rudes conditions du désert au Nord-Mali, c’est un ennemi très fort et la guerre contre lui ne sera ni rapide, ni facile. Les djihadistes ne font d’ailleurs pas de secret de leurs projets : ils veulent créer au Nord-Mali une sorte de sultanat avec la loi de charia. Ce sultanat sera un danger permanant pour les pays voisins mais aussi pour les pays européens. Bref, la France et ses alliés ont lancé une guerre à des conséquences imprévisibles. Voici ce qu’à dit à ce propos Anne Guidicelli, experte indépendance au sein de l’Agence spécialisée dans le terrorisme international, dont un fragment de l’interview à la chaîne de télévision Euronews nous vous proposons d’écouter…