Il s’agit du rapport présenté à Bruxelles le 8 janvier par László Andor, commissaire européen en charge des problèmes du marché, de l’emploi et des problèmes sociaux, sur le développement social et l’emploi dans la « Grande Europe ». Ce rapport de plus de 450 pages est, selon la presse, le témoignage de « différenciation dramatique des pays européens, accentuée dangereusement ces 5 dernières années ». « Un nouveau fossé se creuse entre les pays en proie à la chute de la production, à la hausse du chômage, la baisse des revenus et ceux qui tiennent bon face à la crise », stipule le rapport de la Commission Européenne.
En novembre dernier, selon le rapport, le taux de chômage moyen dans les pays de l’Europe a atteint 11,8%. C’est l’indice maximal des 20 dernières années. Et s’il y a cinq ans, dans la partie nord et la partie sud de l’UE, le niveau était à peu près égal, maintenant, le décalage se monte à 7,5%. La part des Européens au chômage depuis longtemps atteint presque 5%. La situation est la plus critique en Espagne, en Grèce, en Irlande, en Slovaquie, en Estonie, en Lettonie et en Lituanie. Et 56,7 % des jeunes en Grèce et en Espagne n’ont pas de travail ! En tout, dans la zone de l’euro, on compte 18,8 millions de chômeurs, contre 26 millions dans l’UE. Ce sont des données record.
Jutta Steinruck, spécialiste des questions sociales au Parlement Européen, se prononce contre les réductions déraisonnables. Selon elle, le rapport de la Commission Européenne montre que la politique d’hyper-austérité provoque la misère des pays et aggrave la crise dans certains cas. Oleg Barabanov, chef de la chaire de politique européenne au MGIMO, voit la cause du décalage dramatique entre le nord et le sud de l’Europe dans la politique d’élargissement de l’UE. « Les fonds d’égalisation » étaient favorables aux nouveaux-venus de l’Est, et non aux pays du sud. Un cercle vicieux s’est formé.
« La réduction drastique des dépenses permet d’améliorer les chiffres du budget, dit-il, mais elle freine la croissance économique. Normalement, pour sortir de cette situation, il faudrait dévaluer la monnaie, mais le consommateur en souffrirait. Cette recette ne peut pas être appliquée car les membres de la zone euro ne sont pas libres de dépenser leur monnaie ».
Mattias Rossi, expert des questions de l’Etat et du droit à l’université allemande d’Augsburg estime que l’absence de solidarité entre les citoyens de l’UE est un problème grave.
« A mon avis, le sentiment de solidarité en UE est perçu par les gens comme un fardeau pesant. Certains ne se rendent pas compte qu’ils sont citoyens de l’Europe unie ».
Quant au problème de la viabilité de l’Europe, on peut se consoler en se disant que tant que l’on discute de cette question, c’est que l’Europe est bien vivante. T