La découverte du boson de Higgs, c’est un peu comme la réinvention du tableau périodique du chimiste russe Dmitri Mendeleïev.
La physique nucléaire possède son propre modèle standard. Le but de cette science – c’est de décrire le monde des particules élémentaires et leurs interactions, explique le docteur en physique et mathématiques Vladimir Erokhine.
« Le modèle standard – c’est comme un bâtiment dans lequel un certain nombre d'éléments garantissent sa stabilité. Si le boson de Higgs n'était pas découvert, ce bâtiment serait remis en question. Tout cela semble théoriquement très logique. C'est pourquoi peu de scientifiques croyaient que cette particule n’existe pas. Elle est l’élément principal de cette théorie ».
Nous sommes habitués à ce que de nouveaux éléments apparaissent dans le tableau périodique de Mendeleïev. Mais peu nombreux sont ceux qui savent que le modèle standard possède exactement le même mode de fonctionnement. Donc si le boson de Higgs a vraiment été trouvé, les calculs des physiciens étaient justes. C’est ce qui explique leur joie.
« Il s'agit d'une particule spéciale, dont on a besoin dans la théorie moderne », analyse le docteur en sciences mathématiques et physiques Oleg Dalkarov dans un entretien à La Voix de la Russie. « Elle ajoute de la masse à d’autres particules qui existent dans l’univers. Le mécanisme, qui a été proposé par Peter Higgs, apporte la masse nécessaire à ces particules ».
Cette découverte ajoute non seulement le chaînon manquant dans la théorie, mais expose également de nouveaux domaines de recherches scientifiques, ajoute Vladimir Erokhine.
« Le boson de Higgs – c’est vraiment la dernière pierre dans ce qu'on appelle la théorie standard des interactions fondamentales. Il s'agit d'une découverte importante, mais pas inattendue. Cette théorie décrit correctement la plupart des phénomènes auxquels nous nous retrouvons confrontés. Et la question qui intéresse tout le monde c’est ce qui se trouve au-delà ».
La découverte des scientifiques peut être facilement transposée dans la vie quotidienne, constate Oleg Dalkarov.
« Tous les hommes qui vivent sur Terre sont différents les uns des autres. Ils sont différents par la couleur de la peau, et d’autres particularités. Mais tous les hommes ont aussi des signes génétiques. Ces signes, communs à tous, créent un champ scalaire unique qui interagit avec toute personne, sans distinction de race ou d'appartenance un groupe quelconque. Nous devrions avoir les mêmes signes, car nous sommes tous des humains ».
La découverte du boson de Higgs est devenue une étape importante pour le Grand collisionneur de hadrons. Il a d'ailleurs été construit pour trouver la « particule de Dieu ». Cependant, les chercheurs n’ont toujours pas de preuves qui confirmeraient qu'il s’agit bien de l’élément manquant, regrette Oleg Dalkarov.
« Dans les données publiées récemment, il y a une certaine controverse. Il faut les supprimer pour s'assurer que les fissions de la particule découverte correspondent aux prévisions du modèle standard. Enfin, une affirmation pourrait être faite qu’il y a plusieurs pics dans le spectre des masses et non pas un seul. Donc une image plus compliquée risque de se présenter. Mais à ce jour, il faut s’assurer que la probabilité de désintégration correspond au modèle standard, et que la particule quantique correspond au boson de Higgs ».
Même si l'élément découvert ne sera pas celui auquel on s’attendait au départ, les chercheurs ne vont pas arrêter de se réjouir. Car avec cette découverte, l'image de l’univers devient plus complexe, mais aussi plus intéressante. Et pour comprendre son fonctionnement, de nouvelles théories et expériences devront être mises en place. /L