Le projet SDO (Solar Dynamics Observatory) de la NASA fonctionne sur l’orbite géosynchrone depuis février 2010. Ce complexe, composé de trois instruments, avait pour objectif l’observation du Soleil dans une large gamme des longueurs d'ondes. Il s’agissait d’assurer le suivi des changements qui se produisent sur cette étoile, la plus proche de nous. D'où le nom de ce projet.
L’Agence spatiale russe Roskosmos et la NASA ont signé un accord de collaboration dans le domaine de l'héliophysique en avril 2011. En vertu de cet accord, Roskosmos a l’obligation de transmettre à la NASA les archives des données qui ont été obtenues par l’observatoire solaire Coronas-Photon entre janvier et décembre 2009. En échange, la NASA doit fournir aux chercheurs russes l’accès en temps réel à l’information du SDO.
Coronas-Photon a fonctionné sur orbite moins d’un an. A la fin de l’année 2009, l’observatoire est devenu défectueux à cause de problèmes dans son système d’alimentation. Il s'agit du troisième appareil Coronas dans la série des observatoires solaires, le dernier projet spatial russe consacré à l’exploration du Soleil. Son travail était planifié pour la période de sortie du Soleil de sa période d’activité minimale. Cependant, le système n’a pu récolter que des données sur la période du minimum de l’activité solaire. C’est cette archive qui a été transmise à la NASA il y a environ 18 mois, explique Sergueï Bogtachev, chercheur du laboratoire d'astronomie des rayons X au Centre spatial de l’Institut de physique Lebedev.
« En échange de ces informations, les chercheurs de l’institut avaient la possibilité d’accéder à toutes les données de l’observatoire SDO en temps réel, sans faire une demande au préalable. En outre, l’Institut de physique Lebedev devait également distribuer ces données par le biais du centre russe SDO ».
L’accord entre les agences spatiales des deux pays prévoit que le centre russe va suivre le travail de l’observatoire au moins jusqu’en 2015, et peut-être même après, si l’accord sur la mission était prorogé.
Le projet SDO fait partie du programme de la NASA qui s’appelle LWS (Living With the Star). L’objectif de ce programme est l’étude des relations Soleil-Terre, c’est-à-dire des mécanismes, par le biais desquels l’activité du Soleil change la situation sur la Terre. Ce projet a également une version élargie – l’ILWS, qui inclut les appareils spatiaux de différents pays, dont Coronas-Photon.
Le prochain projet spatial russe lié avec la recherche solaire est prévu au plus tôt en 2015. Il s’agit de l’appareil spatial Intergeliozond, qui aura deux missions importantes à réaliser. La première sera d’approcher le Soleil à une distance de 40 rayons solaires (environ 27 millions de kilomètres). En comparaison, Mercure est décalé par rapport au point le plus proche de l’orbite d’environ 46 millions de kilomètres. La seconde mission sera d’observer les zones polaires du corps céleste (par inclinaison de l’orbite), ce que pouvait faire jusqu’à présent l’appareil ULYSSE de la NASA. Ce projet, réalisé par l’Institut N.V. Pouchkov du magnétisme terrestre, de l’ionosphère et de la propagation des ondes radio en collaboration avec l’entreprise russe de construction de matériel spatial NPO S. A. Lavotchkine, se trouve actuellement au stade de recherche et de développement. Après l'approbation du projet par le Conseil technique et scientifique de Roskosmos, les chercheurs ont proposé de réfléchir à la création de deux appareils supplémentaires pour améliorer la fiabilité de la mission et l’élargissement du programme scientifique.
Le prochain projet solaire s’intitule « Patrouille polaire-écliptique ». Il prévoit la sortie en orbite de deux appareils, qui se trouveront sous des angles différents par rapport au plan de l'écliptique, de manière à pouvoir observer la Soleil depuis des angles « inhabituels ». A la différence de l’Intergeliozond, ses appareils se trouveront à mi-chemin entre la Terre et le Soleil. Cependant, les délais exacts de réalisation de ce projet ne sont pas encore connus.
Une pause dans l’exploration solaire n’est pas habituelle pour le programme spatial russe. Même dans les années 1990, difficiles pour Roskosmos, les appareils des projets INTERBOL et Coronas étaient fonctionnels. Actuellement, seul le complexe Plazma-F à bord de l’observatoire Spectr-R reste actif et le projet Rezonans composé de plusieurs satellites, ayant pour objectif d’étudier les processus dans la magnétosphère terrestre, devra être lancé en 2014. Cependant Roskosmos ne prévoit pas de lancer ses propres observatoires solaires au cours des prochaines années. Par conséquent, l’accord sur l’utilisation des données de l’observatoire SDO reste très intéressant pour les chercheurs russes. /L