Le journal des Balkans d’un journaliste russe. Boris Tadic et le Kosovo

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En juin 2004, après l’élection de Boris Tadic à la présidence de la Serbie, je l’ai rencontré pour un nouvel entretien. Nous avons évoqué les relations entre la Serbie et la Russie, la possibilité pour son pays d’intégrer l’Union européenne et les procès au Tribunal de La Haye. Nous avons aussi parlé du Kosovo, plaie béante pour tous les Serbes.

J'ai dit au président Tadic qu’en mars 2004, le monde entier a pu voir le vrai visage de l'extrémisme albanais. Des dizaines de Serbes ont été tués et des centaines d’autres expulsés, sans aucune réaction de la KFOR. J’ai lui ai demandé alors ce qui allait se passer au Kosovo par la suite ? La province sera-t-elle divisée en deux parties, des enclaves serbes seront-elles créées ?

« En politique, il faut être réaliste », a répondu Tadic. « La communauté internationale mène des missions de maintien de la paix au Kosovo depuis plus de 5 ans et elle n'est pas prête à la division de cette région en plusieurs parties. Le problème du Kosovo est apparu à l’époque de Slobodan Milosevic. Mais actuellement le nouveau gouvernement du Kosovo ne veut plus de compromis. Les politiques locaux parlent uniquement de l’indépendance de cette province de la Serbie. Ils n’ont pas d’autres propositions.

Il existe aussi un autre point qu’il ne faut pas oublier. Les soldats des forces de maintien de la paix ne veulent pas de problèmes avec les Albanais locaux, ils ne veulent pas que leurs hommes soient tués. J'ai déjà dit à plusieurs reprises que les Albanais bénéficient de trop larges concessions de la part de la force de paix. Les médiateurs internationaux ont des problèmes avec les Albanais. Qu’arriverait-il si les Serbes menaçaient les représentants des organisations internationales? S’ils fermaient les yeux sur la situation ? C'est en cela que réside le problème essentiel du Kosovo. C'est une véritable catastrophe. Si une véritable démocratie, qui ne soit pas purement albanaise, n’y est pas édifiée, les Serbes fuiront à nouveau cette région, ce qui peut provoquer de très graves problèmes politiques en Serbie.

Sans la stabilité du Kosovo, il n’y aura pas de stabilité dans les Balkans. Les crises dans la région se produisent selon le principe des vases communicants. Sans la stabilité en Serbie, qui a une frontière commune avec la Hongrie, la Roumanie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine et l'Albanie, il n’y aura de stabilité nulle part. Et maintenant, beaucoup dépend de l'Europe. Nous n'avons pas besoin de décisions historiques, nous avons besoin d'une solution qui satisfasse tout le monde.

Le principal – c’est que les Serbes aient la possibilité de vivre non pas dans la peur et sous la protection éternelle des Casques bleus, mais de manière normale et civilisée. Quand je parle du Kosovo, je sous-entends aussi d’autres dangers potentiels qui menacent l’Europe : le trafic de drogue, le trafic d’armes, et la prostitution. Je n’exclus pas que les Kosovars puissent entretenir des contacts avec des organisations terroristes. Le Kosovo est donc un problème européen, ce n’est pas un problème de la Serbie et du Monténégro ».

Tadic est convaincu que les projets des séparatistes visant la création d’une « Grande Albanie » ne font que créer de nouveaux problèmes dans la région. Car cette entité géopolitique, selon ses concepteurs, doit inclure le Kosovo, mais aussi une partie du Monténégro, de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine.

« Nous surveillons de près la situation et connaissons les ambitions de certains politiques du Kosovo. Ils ne refusent pas l’idée de la « Grande Albanie ». Ils caressent le dessein de former dans les Balkans plusieurs Etats nains, ce qui ne fera que compliquer les problèmes régionaux et déstabiliser la situation dans le Sud-est de l'Europe. Il faut rechercher des compromis raisonnables, il n’y a pas d’autre solution. On peut parler également de la décentralisation du Kosovo. Les Albanais pourraient disposer de leur autonomie, mais les enclaves serbes devraient également devenir autonomes. Si le Kosovo obtient son ’indépendance - ce que veut le gouvernement actuel de Pristina - cela créera un précédent très dangereux pour l'Europe. Ses conséquences risquent d’être funestes pour de nombreux pays ».

Boris Tadic a également évoqué des liens possibles entre les terroristes du Kosovo et Al-Qaïda ainsi que d'autres organisations terroristes internationales.

« Nous avons reçu des signaux sur les contacts entretenus par l’Armée de libération du Kosovo (UCK) avec les terroristes internationaux, il y avait aussi des informations concernant des contacts en Bosnie-Herzégovine. Mais je ne peux pas affirmer qu’il s’agit de relations régulières et que nous en avons des preuves. Nous suivons de près toutes les informations à ce sujet et en informons les organisations internationales. Nous sommes prêts à coopérer avec tous ceux qui luttent contre le fléau du 21e siècle qu’est le terrorisme international », a conclu Boris Tadic. T

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