La visite officielle du président Hollande en Algérie

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Sur nos ondes, notre programme habdomadaire « Le Maghreb: le panorama de la semaine ». Aujourd’hui, son animateur permanent – notre observateur Alexei Grigoriev vous propose d’écouter son article consacré à la visite officielle du président François Hollande en Algérie.

Sur nos ondes, notre programme habdomadaire « Le Maghreb: le panorama de la semaine ». Aujourd’hui, son animateur permanent – notre observateur Alexei Grigoriev vous propose d’écouter son article consacré à la visite officielle du président François Hollande en Algérie. Comme toujours, à la fin du programme, il y aura un bref apreçu des événements dans la région du Maghreb.

« Pourquoi vos pays n’arrivent-ils pas à oublier les problèmes dramatiques du passé ? » Notre collègue, un journaliste de la revue Jeune Afriquea posé cette question à l’expert sur l’histoire de l’Algérie, l’Algérien Benjamin Stora dans une interview consacrée aux bilans de la visite du président français dans son pays. Ce n’était pas la première visite de François Hollande en Algérie. Mais cette fois, il y est venu en visite officielle à l’invitation du président Abdelaziz Bouteflika. Il parait que les Algériens liaient de grands espoirs avec cette visite, écrit Alexei Grigoriev. Ne serait-ce que parce que les visites de ses prédécesseurs – Jacques Chirac et Nicolas Sarcozy n’avaient pas tiré au clair les problèmes dans les relations entre l’ancienne métropole et l’ancienne colonie. En Algérie, François Hollande n’a passé que 36 heures. Ce n’est pas assez pour se débarrasser des vestiges douloureux du passé dans les relations entre les deux pays. Notre observateur cite la réponse de Benjamin Stora : « Ils n'ont pas le même rapport à l'Histoire. La France, en perdant le contrôle d'un territoire qui était considéré comme une partie du pays, s'est retrouvée amputée. Elle a vu son nationalisme s'affaiblir. Alors que l'Algérie, en accédant à l'indépendance, a vu son nationalisme s'affermir. Sans doute, pour aider à dépasser cela, faudrait-il construire un projet qui dépasse les nationalismes, qui se déploie dans le cadre méditerranéen et européen. Ce serait une bonne chose que l'Europe s'intéresse plus à l'Algérie »….

Naturellement, l’Algérie, tout comme la France, a intérêt à voir renaitre une coopération économique à grande échelle, réduite ces derniers temps. Donc, en Algérie, on attendait avec impatience l’arrivée du président Hollande. Il a fallu deux mois pour la préparation diplomatique de la visite. Le 19 décembre, l’avion du président a atterri, même avant l’heure prévue, dans l’aéroport international de la capitale algérienne. Le président Bouteflika lui a serré la main le premier. Le président Hollande était accompagné d’une délégation composée de 200 personnes dont 9 ministres, une dizaine d’hommes politiques, 40 hommes d’affaires, des écrivains, des artistes, une centaine de journalistes français. "C'est l'illustration de l'importance politique mais aussi symbolique et économique que le président de la République attache à ce déplacement", a déclaré aux journalistes le porte-parole diplomatique de l'Elysée, Romain Nadal, appréciant l’atmosphère bienveillante, l’accueil chaleureux réservé au président Hollande par les habitants de la capitale algérienne. A propos, d’après les sondages faits par le quotidien français « Liberation », la plupart d’Algériens se prononçaient à la veille de la visite du président Hollande pour la normalisation des relations avec l’ancienne métropole et 57 pourcent des personnes interrogées les a traitées d’exemplaires. En France, les résultats des sondages étaient différents: 35 pourcent des Français trouvent que le président ne doit "en aucun cas" présenter les excuses à l'Algérie pour la colonisation, 13% jugeant qu'il doit le faire et 26% à « condition que l'Algérie présente des excuses au sujet des pieds noirs et des harkis ». Le journal a rappelé aussi la loi sur « le rôle positif » de la colonisation, particulièrement pour l'Algérie, adoptée en 2005 par l'Assemblée Nationale. Cette loi a compliqué encore plus les relations franco-algériennes. À vrai dire, dans les interventions à la conférence de presse en Algérie le jour de l'arrivée et plus tard, le lendemain, à la séance commune des deux chambres du parlement algérien, le président Hollande a tâché de ne pas oublier le passé. « Ma visite vient dans un moment chargé de sens et de symboles, il y a cinquante ans, l’Algérie accédait à l’indépendance, elle s’arrachait à la France, après une guerre longue d'huit ans » - par ces paroles, il a commencé l'intervention devant les parlementaires algériens. Ayant loué les succès du développement de l'Algérie et son rôle dans la communauté internationale, le président français a passé à la partie la plus douloureuse des relations entre les deux pays. Nous signalons à l'attention des auditeurs quelques fragments de cette partie du discours de François Hollande.

Entre autres, en se produisant à la conférence de presse le premier jour de la visite dans la capitale algérienne, le président Hollande a déclaré qu'il n'entendait ni faire acte de « repentance » ni présenter des « excuses ». Et voici comment l'agence ASP a cité l’avis sur l'intervention du président Hollande devant les parlementaires algériens du ministre des affaires étrangères de l'Algérie Mourad Medelci « C'est un discours qui n'a occulté ni le passé ni l'avenir». D'ailleurs, selon les médias algériens, les parlementaires se sont montrés compréhensifs vis-à-vis des propos du président français, en comprenant évidemment à quel point le système colonial était injuste et que, malgré les souffrances apportées au peuple algérien, il fallait avancer plus loin. La signature de la Déclaration Commune des deux pays dans laquelle ils s'engagent à mettre en oeuvre « un partenariat exemplaire et ambitieux » est devenue le bilan de la visite d'État du président Hollande et de ses négociations avec le collègue algérien Abdelaziz Bouteflika. On a signé six grands accords, en particulier, sur la construction à Oran de l'usine automobile de montage Renault, qui à partir de 2014 produira au moins 25 mille voitures par an. François Hollande a promis de payer des dédommagements aux Algériens qui avaient souffert pendant les essais nucléaires français dans le Sahara Algérien. Et enfin, en visitant l'Université de Tlemcen à 580 kilomètres de la capitale algérienne et en s'adressant à ses étudiants, il a promis de faciliter le régime de visa pour de jeunes Algériens souhaitant recevoir la formation en France. Devant le Parlement algérien, François Hollande a souligné que la France était prête à « aller plus loin » dans les domaines comme l'énergie, la santé, l'environnement, la construction ou les transports. Bref, l'Algérie et la France ont fait un important pas vers le rapprochement. Le futur montrera si ce sera un vrai cadeau en prévision de l’arrivée des fêtes de fin d’année.

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