On trouve absolument tout à cette exposition : l’armure de l'empereur Alexandre II enfant, le sabre de Leonid Brejnev et la dague du maréchal Ivan Bagramian ...
« Il s'agit d'une exposition vraiment unique », explique Tatiana Martynova, commissaire de l’exposition dans un entretien accordé à La Voix de la Russie. « Pour la première fois, une grande collection d’armes de Zlatooust est présentée à Moscou. Cette collection contient plus de 400 pièces. Les visiteurs peuvent ainsi retracer l'histoire de la production des armes dans cette ville. On y trouve aussi des gravures sur les armes en acier qui sont de véritables objets d’art ».
Diaporama : Les chefs d'oeuvre des armuriers de Zlatooust
Au 17e siècle, le tsar Alexis I a envoyé une expédition dans cette région de l’Oural à la recherche de réserves d’or et d’argent. Mais la mission n’a rien trouvé. D’importants gisements de minerais ont été retrouvés un siècle plus tard dans cette région, sous le règne de l'impératrice Elisabeth. C’est alors qu’a commencé l’histoire de la ville de Zlatooust. Avec l’augmentation de la production, vers le début du 19e siècle, l’armurerie de Zlatooust est devenue la plus importante de l'Empire de Russie.
La production d’armes gravées a été organisée à Zlatooust en 1811. Les armuriers allemands de Solingen, notamment le célèbre maître Wilhelm Schaaf, connu pour ses épées, ont transmis leur art aux fabricants d’armes de Zlatooust.
Pendant 6 mois les Allemands ont enseigné la technique de la « dorure au mercure ». Et après leur départ, les Russes ont inventé leurs propres techniques.
« La méthode de Schaaf était nocive. Les maîtres armuriers russes ont décidé alors de mettre en place leurs propres méthodes », explique Tatiana Martynova. « D’abord, ils s’occupaient de l’ornement, et ensuite ils appliquaient une feuille d'or avec un pinceau ».
L'exposition qui se tient actuellement à Kolomenskoïé présente des épées et des lances, des sabres et des poignards, destinés tant aux simples soldats qu’aux officiers supérieurs et aux grands dignitaires de l’armée. Les armuriers recevaient aussi des commandes spéciales de la part de la famille impériale. L'armure fabriquée spécialement pour le prince héritier, le futur Alexandre II, est sans doute l’un des joyaux de cette exposition. 33 armuriers, avec à leur tête le célèbre maître Ivan Bouchouev, ont travaillé sur cette œuvre d’art entre 1830 et 1833.
« En 1834, ils ont mis l’armure dans une boîte et l’ont expédiée à Saint-Pétersbourg. Ce cadeau destiné à la famille royale faisait partie d’un convoi transportant de l'or et de l'argent de l’Oural. L’Armure était emballée dans une boîte avec un double fond. Au fond de la boîte étaient placés l’épée, le bouclier et une petite lance. Dans la partie supérieure, les armuriers avaient placé les autres éléments de l’armure qui n’étaient pas dorés. Lorsque ce cadeau fut remis au prince héritier, il s’est avéré que les parties dorées de l’armure, le bouclier, l’épée et la lance avaient disparu », poursuit Tatiana Martynova.
En 2005, ces éléments de l’armure furent reconstitués par les maîtres armuriers modernes d’après les plans d’origine. Alexandre II n’a pas eu l’occasion de les porter. Pendant qu’ils étaient fabriqués à Zlatooust et transportés à Saint-Pétersbourg, le prince héritier a grandi. La famille du tsar les a donc conservés dans sa résidence comme relique.
Au 20e siècle, les effigies des leaders communistes soviétiques, que les armes fabriquées dans l’Oural ne laissaient pas indifférents, ont orné les gravures des armuriers de Zlatooust.
Dans les années 1990, la célèbre usine, en proie à des problèmes financiers importants, a fait faillite. Mais cela n’a pas empêché les maîtres armuriers de perpétuer leurs secrets de fabrication et d’élaborer de nouveaux procédés de gravure. Aujourd’hui les armes de Zlatooust sont mondialement connues. Elles se vendent dans les grandes maisons de vente aux enchères et sont la fierté de nombreux musées et collections privées dans le monde. T
