Le référendum se déroule en deux étapes : la première a eu lieu le 15 décembre, la deuxième se tiendra le 22. Mais déjà les agences d’information confirment que 54-56% des gens soutiennent le projet de nouvelle constitution. Ce ne sont pas les 90% dont parlaient les Frères-musulmans, mais c’est tout de même un succès.
La constitution proposée par les islamistes menace-t-elle l'Egypte ? Victor Nadeine-Raevsky, analyste à l'Institut russe de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des Sciences de Russie a répondu à cette question.
« Sans aucun doute, cela signifiera le durcissement du régime intérieur. Cela signifiera des pertes dans le domaine des droits de l'homme pour les minorités non musulmanes –ethniques ou religieuses. Cela desservira sans doute l'économie égyptienne. N'importe quels durcissements amèneront aussi une pression sur le marché touristique. Le tourisme est une des principales sources de revenus du budget ».
La victoire au premier tour assure automatiquement l'adoption de la nouvelle loi fondamentale de l'Egypte élaborée par les partisans islamistes de Morsi.
Le fait est que la première étape du référendum se déroulait dans 10 provinces de l'Egypte. Y compris dans deux plus grandes métropoles - Le Caire et Alexandrie, deuxième ville du pays. Les deux sont des remparts de l'opposition libérale. C’est là que la révolution égyptienne de 2011 a vaincu et que le régime du président Moubarak est tombé.
Les autres 17 circonscriptions électorales sont réparties dans des régions rurales, concentrant la population la plus conservatrice et la plus pieuse. Les gens y sont fatigués des révoltes incessantes dans les « deux capitales ». Les habitants locaux ne voient aucune menace du côté des « frères-musulmans ». Au contraire, les gens sont convaincus que Morsi et « les Frères musulmans » remettront de l'ordre dans le ays.
Le bilan du référendum reflète réellement le rapport de forces dans le pays, selon Goumer Isaev, chef du Centre d’'étude du Proche-Orient moderne de Saint-Pétersbourg.
« L'opposition accuse les organisateurs du référendum de falsifications, de violations, etc. Mais de plus, il faut reconnaître que les chiffres annoncés des prévisions coïncident à peu près avec ceux de la base soutenant Morsi. Et il est clair qu'une grande partie des Egyptiens soutient les forces arrivées au pouvoir sur la vague des dernières élections législatives et présidentielle ».
D’après la dernière déclaration de l'opposition, on voit qu’au fond, elle a déjà reconnu sa défaite. L’un des leaders du Front d'opposition du secours national de l'Egypte, l'ex-chef de l'AIEA Mohamed El-Baradei a écrit aujourd'hui sur son blog Twitter : « Les bases de l'État tombent en ruines ». Certes, il est trop tôt pour parler de la destruction de la structure de l'État égyptien.
Mais la plupart des experts prédisent que le pays après le référendum sera divisé en deux camps : laïque-libéral, et musulman-conservateur. T