Les changements attendent toutes les sphères de la vie nationale : économique, sociale, en politique intérieure et extérieure. Mais ce sont, sans doute, les relations entre le pouvoir et le peuple qui ont la priorité. Aussi M. Poutine y a-t-il accordé une attention toute spéciale. Les Russes sont habitués à considérer que les fonctionnaires gouvernent la population. Ces rapports précisément appellent, en premier lieu, des changements - dans les actes, et non en paroles, indique le Président.
« La responsabilité pour le pays ne se fait pas avec des mots d’ordre et des appels, mais lorsque les gens peuvent constater que le pouvoir est transparent, accessible et ne ménage pas lui-même ses forces au nom du pays, de la ville, de la région, du bourg et de chaque citoyen, quand il tient compte de l’opinion publique ».
L’essentiel du discours présidentiel était destiné au public russe. Et même cette partie renfermait un message clair envoyé à tous les principaux Etats du monde. Il se résume à ce que la Russie allait ordonner ses rapports avec eux à partir de nouvelles positions. L’Etat russe est basé sur la démocratie, Vladimir Poutine ne voit pas d’autre avenir pour son pays. Or c’est une « démocratie par le peuple russe », et non apportée de l’extérieur. La Russie est un pays multiethnique, avec de riches traditions et expérience historique. On ne doit pas l’oublier – au contraire, les Russes doivent renouer avec leurs traditions, retrouver leur mentalité. Cela concerne toutes les sphères de la vie.
En somme, la Russie cherche à retrouver son image de grande puissance. C’est ainsi que le directeur de l’Institut de la planification stratégique et des pronostics Alexandre Goussev a compris la grande idée du message présidentiel :
« La Russie est un grand Etat, qui doit occuper l'une des premières positions dans le monde, dans le système des rapports internationaux. Et il est bien triste que pour le moment nous jouons un rôle aussi dépendant sur ce plan. On regarde la Russie comme un pays de matières premières – aux sens politique et économique du terme. Nous avons à changer d’image dans le monde, signaler de nouveaux défis et montrer la place de la Russie dans ce système ».
On doit dire que ce sont précisément les paroles de M. Poutine sur le caractère unique de la civilisation et de la démocratie russes qui suscitent une réaction négative de certains politologues occidentaux. Ainsi, à la veille de l’intervention du président russe The Financial Times britannique a publié un article critiquant ces propos. Il faut dire que la Russie s’est habituée déjà au refus par l’Occident des particularités nationales du modèle de la civilisation russe.
Et pourtant le message présidentiel est destiné principalement aux simples citoyens de Russie. M. Poutine a rappelé que par des efforts conjugués le peuple avait réussi à infléchir les tendances destructrices des années 90 du siècle dernier, lorsque l’économie du pays se ruinait, et la population diminuait chaque année d’un million. Les Russes croient à présent dans leur stabilité. D’après le président, on peut en juger ne serait-ce que d’après la hausse du taux de natalité. Il est dans la tradition des peuples habitant la Russie de « vivre au nom de l’avenir des enfants ». Mais désormais, il est possible que le bien-être soit vécu par la génération actuelle au présent, est persuadé M. Poutine. /L