Les contradictions entre la Russie et l’UE ne datent pas d’hier. Elles se sont accumulées depuis plusieurs années et s’expliquent avant tout par la volonté de l’UE d’étendre à notre pays la nouvelle législation énergétique européenne. Il s’agit notamment du « troisième paquet énergie ». Cette législation se justifie lorsqu’il s’agit des réseaux énergétiques nationaux mais dans le cas de la Russie on a affaire aux gazoducs transcontinentaux qui ne pourront plus fonctionner s’ils sont contrôlés par les nombreux opérateurs qui poursuivent souvent leurs propres objectifs financiers, voire politiques.
La Commission Européenne se refuse pour le moment à tout compromis. Plus encore, on a l’impression qu’elle ne recule devant rien pour évincer la Russie des marchés énergétiques européens. Comme l’a fait remarquer dans son entretien accordé à la Voix de la Russie Nikolaï Kavechnikov, directeur de la chaire d’intégration européenne de l’Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO), toutes ces questions sont interdépendantes dans la politique de l’UE :
« Le développement du marché gazier européen revêt aujourd’hui une importance capitale. Il s’agit des conséquences de la mise en application du « troisième paquet énergie » et l’enquête anti-monopole lancée en septembre contre Gazprom par la Commission Européenne. La compagnie russe est soupçonnée de pratiques violant la législation anti-monopole de l’UE. Mais le paradoxe c’est que le géant gazier russe n’occupe pas de positions monopolistes en Europe. Certes, plusieurs pays n’ont d’autre solution qu’acheter le gaz russe et les prix fixés par les contrats à long terme sont généralement plus élevés que ceux générés en bourse. Seulement, il est tout simplement impossible d’organiser le commerce en bourse dans la plupart des pays d’Europe Centrale. A leur tour, les contrats stipulent souvent la possibilité de corriger les prix et Gazprom ne s’en prive pas pour s’adapter aux réalités financières et économiques. Pourtant, la Commission Européenne continue de faire pression sur la Russie ».
Cette pression paraît pour le moins étonnante, surtout dans le contexte de la crise en Europe, note Hugo Kysilka, directeur exécutif de la compagnie gazière tchèque Vemex. A propos, l’audit dans le cadre de la Commission Européenne a déjà pris fin en République tchèque :
« Je pense que cette vérification s’est bien passée. Elle a duré 5 jours et nous avons mis à la disposition des contrôleurs toutes les informations qu’ils demandaient. Il y a un mois, la cour d’arbitrage de Vienne a examiné le contentieux entre l’allemand RWE et Gazprom-export sur un contrat datant des années 1990 ! Les Russes ont perdu le procès, injustement à mon avis, et se préparent à faire appel du verdict. Le «troisième paquet énergie » n’est pas fait pour arranger les choses! De même que nos collègues allemands de la société EON, nous pensons que ce régulateur du marché viole directement les droits du propriétaire et n’a rien à voir avec la pratique normale des affaires. J’espère que Gazprom saura défendre ses positions dans ce contentieux avec la Commission Européenne ».
On ne peut qu’envier l’optimisme de Monsieur Kysilka mais, d’un autre côté, les contentieux énergétiques globaux et même les guerres ne cessent de se produite tout au long de ces dernières décennies. Compte tenu des liens euro-atlantiques étroits entretenus par les dirigeants de l’UE, il y a fort à parier que leurs « jeux énergétiques » antirusses se poursuivront à l’avenir également. T