Dans les années 2000 Shinzo Abe occupait le poste de premier-ministre qu'il a quitté pour ses erreurs. Un autre parti, tout jeune, l’Association pour le Relèvement du Japon (le parti national de Toru Hashimoto) pourrait gagner des points grâce à son leader charismatique Toru Hashimoto.
Le destin de la politique japonaise à l’échelle du pays est résolu tous les quatre ans par les élections législatives. Le parti vainqueur forme le gouvernement et désigne le premier-ministre. Ensuite le parti peut le limoger, s’il n’assume pas convenablement ses responsabilités. Et il n’est pas obligatoire de donner le pouvoir à l’opposition. Ce système était commode pour le Parti Démocrate, jusqu’à présent au pouvoir, et qui remplaçait les premiers-ministres tous les ans.
A la différence des autres pays, la personnalité de l’homme politique n’est pas hautement appréciée au Japon. Les élections du 16 décembre pourraient changer la donne. Le Parti Libéral Démocrate est dirigé par Shinzo Abe qui dirigeait le pays dans les années 2006-2007 et qui a déçu les Japonais. On lui demandait beaucoup, rappelle Dmitri Streltsov, chef de la chaire d’études orientales de l’institut des relations internationales de Moscou :
« Une des raisons de la perte de popularité d’Abe en 2007 réside dans le fait qu’il misait surtout sur la politique extérieure et la réforme de l’éducation. Il voulait introduire dans les programmes scolaires l’éducation patriotique, ce qui n’intéressait pas beaucoup les Japonais. C’était une personnalité peu marquante et sans charisme, il était peu disposé au dialogue avec l’opposition ».
Les Japonais ne sont pas prêts d'oublier les raisons de la démission d' Abe en 2007 : il arguait de problèmes de santé. Et son désir d’occuper de nouveau le poste de premier-ministre fait penser qu’à l’époque il a tout simplement eu peur. Aujourd’hui, son atout incontestable est son origine : son grand-père a été premier-ministre du Japon et son père chef de la diplomatie du pays. Parmi les représentants du parti libéral-démocrate, certains appartiennent même à la famille impériale. Même situation au sein du Parti Démocrate du Japon (PDJ), son adversaire.
Toru Hashimoto, politicien d’Osaka, est prêt à abolir cette norme. Son père, un ancien plombier, entretenait des liens avec les Yakuzas, la mafia japonaise. Sa mort - à l'époque le maire actuel d’Osaka était un enfant - suscite toujours des interrogations. Mais il prématuré pour Hashimoto et son Association pour le Relèvement du Japon de penser à la victoire : ils ont juste commencé à ébranler le système, estime Viktor Pavliatenko, chercheur au centre d’études japonaises :
« Pour lui avoir des origines sociales modestes est un point négatif. Vaut mieux être prince, ils peuvent plus facilement faire une carrière politique ».
La véritable vie politique pour Hashimoto et son parti va commencer après les élections. Pour entrer au parlement ils veulent s’unir avec un autre parti récemment créé : « Parti du Lever du Soleil ». Et c'est ce qui va se produire. Hashimoto a beaucoup à apprendre, selon Dmitri Streltsov :
« C’est un personnage qui fait de l'épate. Il propose des réformes radicales : la dissolution de la chambre haute du parlement, la modification de la constitution. Mais je ne dirais pas que c’est un nationaliste qui veut une politique internationale et militaire plus active. On voit parmi les slogans de Hashimoto la lutte contre la bureaucratie et le système politique inefficace ».
Et pour le Japon actuel la véritable politique commencera dans 4 ans. Ces élections sont une mesure forcée qui arrive mal à propos. La plupart des électeurs ne voteront pas pour le parti qui leur plaît, mais contre ceux qu’ils n’aiment pas. T
