Cette semaine, le Service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire (Rosselhoznadzor) a informé les États-Unis, le Canada, le Mexique et le Brésil que désormais, ils devraient fournir des certificats attestant l'absence de ractopamine dans la viande exportée en Russie. A défaut de quoi, l'accès au marché russe sera fermé. En réponse, le représentant des États-Unis aux négociations commerciales Rhon Kirk et le ministre de l'agriculture Tom Wilsack ont appelé les autorités russes à suspendre l'action de ces mesures. L'accent était mis sur le fait que lors de son entrée à l´OMC, Moscou s'engageait à respecter strictement les normes de cette organisation.
L´interdiction russe frappant les livraisons de viande bovine et porcine coïncide avec l'adoption par le Congrès des États-Unis de « la liste Magnitski », stipulant des restrictions sur la délivrance des visas pour les Russes. C'est pourquoi, les Américains se sont empressés d'y voir un prétexte politique. Le chef du Service fédéral russe de protection des consommateurs (Rospotrebnadzor) Gennadi Onichtchenko a déclaré que l'exigence russe était dictée non pas par des considérations politiques, mais exclusivement par la nécessité de garantir la sécurité alimentaire des Russes. Et les producteurs qui présenteront des labels de qualité pourront revenir sur le marché russe. La Russie a prévenu à l'avance les fournisseurs étrangers des restrictions à venir, dit Sergei Youchine, chef du comité exécutif de l'Association Nationale de la viande de Russie.
« La fédération américaine d'exportation de viande était l'une des premières organisations à recevoir, il y a déjà près de six mois, l'avis annonçant le durcissement par la Russie des vérifications sur la présence de ractopamine dans la viande livrée dans le pays. La « liste Magnitski » a été adoptée récemment par les États-Unis, mais les avertissements sur l'interdiction de la présence de ractopamine dans la viande ont été reçues bien avant par tous les pays qui l´utilisent - le Brésil, le Canada, et d´autres. Une série de producteurs américains de porc se sont rendus à Moscou il y a quelque temps et ont affirmé leur disposition à respecter les exigences vétérinaires et sanitaires de l'Union douanière et à livrer de la viande sans ractopamine. Il n´y a pas de problème technique, il suffit de ne pas utiliser cet additif ».
La ractopamine est interdite dans 160 pays, y compris la Russie, la Chine et l'ensemble de l'Union européenne. Il n'existe pas de données cliniques sur les effets nocifs sur l´homme de la viande contenant de la ractopamine, mais l'influence nuisible de cet additif alimentaire sur les animaux est déjà prouvée. « C'est une préparation médicamenteuse, un stimulateur de croissance qui a une action sur l'organisme. Chez les animaux, il provoque une modification du métabolisme qui rend son utilisation par les producteurs très avantageuse. La ractopamine exerce un impact sur le système cardio-vasculaire, les fonctions rénales et hépatiques », préciseAlexeï Alekséenko, adjoint du chef du Service de contrôle vétérinaire et phytosanitaire de Russie.
L'utilisation de la ractopamine permet de réduire considérablement le prix de revient de la production de viande et d'augmenter rapidement la masse musculaire des animaux, ce qu´apprécient particulièrement les importateurs. Pour l'essentiel, cette viande est utilisée surtout dans la production de charcuterie.
La Russie occupe la sixième place dans le monde pour l´importation de boeuf et de porc américains. Au total, les producteurs américains vendent à la Russie de la viande pour environ 500 millions de dollars par an. T
