Sous le signe de Mars
Lundi, les médias américains ont présenté les nouveaux résultats de recherche des appareils installés sur le rover Curiosity. Les rumeurs concernant le fait que des composés organiques, témoignant des traces de la vie, ont été retrouvés sur la surface de la planète Rouge, ne se sont pas confirmées. Des composantes organiques ont été effectivement retrouvées, mais il est fort probable que ces traces soient apportées sur Mars par le rover.
Une conférence à ce sujet a eu lieu à Moscou. Les résultats du spectromètre à neutrons russe DAN installé sur le rover ont été discutés lors de cette conférence. DAN étudiait la répartition de l’hydrogène sur la couche supérieure de la surface de Mars. Si l’hydrogène est présent sur la planète, cela prouve la présence de la glace d’eau. Dans la zone qu’a parcouru le rover, la proportion de la masse dans le sol atteignait plus de 4%. Une autre caractéristique - la couche supérieure du sol d’environ un mètre de profondeur est divisée en deux couches: sous 20-30 centimètres de sol « sec » se trouve une couche qui contient de la glace d’eau.
Immédiatement après les informations sur la réussite de la mission Curiosity, la NASA a annoncé qu'elle compte envoyer un autre rover sur la Planète Rouge dès 2020. Ce projet, comme on l’affirme à l’agence, fait partie d’un programme d’étude de Mars de plusieurs années, dont on n’a pas encore le détail. Ainsi, la NASA espère renforcer sa position dans le domaine de l’étude de Mars et franchir une nouvelle étape vers le vol piloté.
Récemment, après une nouvelle annonce des résultats de travail de Curiosity, la NASA a approuvé l'élaboration et le lancement d'un atterrisseur martien InSight afin d’étudier la structure interne de la planète. La date prévue pour le lancement est l’année 2016 et quelques mois plus tard, les Américains prévoient d’y envoyer un nouveau rover.
Selon la NASA, le nouveau projet fait partie d’un véritable plan quinquennal du budget de l’agence. Il s’agit d’une déclaration importante, car les grands projets ont tendance à s’élargir. Toutefois, dans le cas du nouveau rover, le coût devrait diminuer grâce à l’augmentation des nombreux éléments, qui sont déjà vérifiés par Curiosity. Il s’agit notamment de l’atterrissage en douceur à l’aide d’une «grue céleste ».
Le projet de la mission habitée sur Mars sera entamé de plusieurs aspects. Les représentants de la NASA et l'Agence spatiale russe ont parlé d’un vol annuel prévu sur la Station spatiale internationale (ISS), qui devrait en réalité imiter un vol vers Mars. Cependant le principal obstacle du vol vers Mars - le rayonnement cosmique - ne pourra pas être recréé lors de se vol. Les participants à cette mission, le Russe Mikhaïl Kornienko et l’Américain Scott Kelly ne pourront pas ressentir entièrement l’apesanteur, telle qu’elle peut être ressentie lors du voyage sur Mars.
La NASA ou une autre agence spatiale, auront-t-elles suffisamment de moyens et de capacités techniques pour réaliser ce projet de manière méthodique, comme c’était le cas pour le projet « Lune » en URSS et le projet « Appolo » aux Etats-Unis ? Ou alors l'euphorie de ces derniers mois n’est qu’une vague, qui a été soulevée par l’éphémère de succès de Curiosity,?
Des problèmes partagés
Les auteurs du rapport du Conseil national de la recherche des Etats-Unis ne mettent pas en question la faisabilité des projets sur Mars. Mais ils disent qu’il n’existe pas de consensus dans la société quant à ce qui devrait être considéré comme une priorité dans les recherches ultérieures de l’espace et les objectifs à réaliser en premier lieu. Le programme des vols pilotés de l’agence est notamment fortement critiqué. La NASA a déjà évoqué son intention d’envoyer une expédition pilotée vers un astéroïde en 2025. Mais jusqu'à présent, ce projet n'est pas considéré comme définitif ni à la NASA, ni dans la communauté internationale. Les incertitudes quant au financement du programme spatial aggravent également la situation. Les réductions financières des années précédentes ont sensiblement touché le programme spatial, ce qui a forcé la NASA à se retirer du projet européen ExoMars.
Les auteurs du projet s'inquiètent que les frais liés au volume des projets annoncés et la nécessité de garder tout le personnel et les installations existantes ne rentreront pas dans le budget. C’est pourquoi ils proposent à l’agence d’optimiser l’infrastructure de l’agence. Il faut coopérer plus activement avec d'autres organismes gouvernementaux, des entreprises privées et des partenaires étrangers pour réduire le nombre de programmes qui sont actuellement engagés dans la NASA. Les auteurs recommandent également que le gouvernement américain augmente le budget de l’agence. Ils supposent que l'exploration spatiale sera sans doute internationale. Et la NASA doit élaborer son programme de manière à le rendre attractif pour les autres agences spatiales.
Les problèmes américains et russes sont similaires dans ce domaine. Tout comme aux États-Unis, la stratégie unique d’exploration spatiale n’a toujours pas été élaborée en Russie. Une tendance à la formation de cette stratégie a commencé à se former après la catastrophe de « Phobos-Grunt », ce qui démontre la nécessité du développement des divers éléments des missions interplanétaires. Le programme lunaire a été révisé et désormais, il possède non seulement des objectifs de recherche, mais aussi des objectifs techniques. C’est grâce aux expéditions lunaires qu’il est prévu de travailler sur les technologies dont on aura besoin pour le projet « ExoMars », que la Russie a rejoint après le retrait des Etats-Unis.
Mais ces projets se trouvent à nouveau confrontés à des problèmes. En raison des retards dans la signature des nouveaux contrats de Roskosmos avec les entreprises, les missions lunaires sont à nouveau menacés de suspension. Toutefois, le premier départ devrait avoir lieu dès 2015. Le projet « ExoMars », qui devrait être lancé en 2016, se retrouve également sous la menace de suspension.
Il ne s'agit pas de missions séparées, mais d’un programme entier, qui va déterminer l'avenir de l’aérospatiale russe pour les décennies à venir. Et si les décideurs de ce secteur ne vont pas trouver une solution dès maintenant, il est possible qu’une deuxième chance ne se présentera pas.