Entretien avec Dion Eben Ezer, jeune musicien et entrepreneur Ivoirien

Entretien avec Dion Eben Ezer, jeune musicien et entrepreneur Ivoirien
Entretien avec Dion Eben Ezer, jeune musicien et entrepreneur Ivoirien - Sputnik Afrique
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Aujourd’hui, je propose aux lecteurs du site de La Voix de la Russie un entretien, réalisé dans le cadre des « success-stories » des Africains en Russie, avec une personnalité très intéressante mais aussi et surtout un ami de longue date. Il s’appelle Dion Eben-Ezer, il est Ivoirien et a passé de longues années à Moscou. C'est un musicien talentueux qui a coopéré avec plusieurs grands noms de la scène musicale russe.

Mikhail Gamandiy-Egorov, La Voix de la Russie : Dion, bonjour ! Tu es musicien. Tu as fais tes études à la prestigieuse Académie russe de musique Gnessine,de plus tu as également une formation en gestion. Durant tes longues années passées à Moscou, tu as travaillé avec plusieurs stars du show-business russe : Timati, Ani Lorak, Kornelia Mango, Anna Koroleva, Nanik, et bien d’autres. Que pourrais-tu ajouter ?

Dion Eben-Ezer : J’ai également fondé la première chorale Gospel de Moscou, composée de Russes et d’Africains, la « Moscow Gospel Mass Choir » dont j’étais le directeur artistique, à cette occasion nous avons enregistré un album disponible sur internet. J’ai aussi coaché plusieurs jeunes musiciens qui poursuivent aujourd’hui leur carrière musicale. En outre, j’ai apporté ma touche à plusieurs œuvres phonographique en studio. Je profite de cette occasion pour dire merci à tous les artistes avec lesquels j’ai travaillé, pour avoir réellement été des impacts dans ma vie en général, et plus particulièrement dans ma carrière musicale. Je tiens également à te remercier,  avec La Voix de la Russie, pour l’opportunité que vous donnez de faire connaître les Africains de Russie et leurs histoires.

La Voix de la Russie : Merci. Parle-nous de toi, de ta vie en Russie. De tes expériences.

Dion Eben-Ezer : Je suis Ivoirien. Né dans une famille très modeste de confession chrétienne. J’ai cinq frères et je suis le troisième enfant de la famille. Revenons à la musique puisque c’est de cela qu’il s’agit surtout. Au collège, j’ai découvert en moi des capacités musicales qui, à condition d'être bien exploitées, pourraient me permettre d’envisager et de réussir une carrière musicale. Même si, j’étais mal compris par mon entourage. En Afrique, souvent, la profession de musicien est considérée comme un loisir, une distraction. Heureusement que Dieu fait bien les choses : j’ai bénéficié du soutien de ma mère et de ma tante. Je profite par ailleurs de cette occasion pour leur dire merci.

En 1998, je suis admis au concours d’entrée au Lycée d’enseignement artistique d’Abidjan. Après le baccalauréat, mes ambitions me demandaient des équipements intellectuels, pour atteindre mes objectifs. C’est ainsi qu’en 2003 je suis arrivé à Moscou, pour étudier à l’Académie russe de musique Gnessine, spécialité piano. Ensuite, j’ai étudié la « Gestion dans le show-business » à l’Université d’État de gestion de Moscou. Durant mon séjour et pendant mes études en Russie, j’ai eu la possibilité de faire connaissance avec de nombreux artistes-musiciens. C’est ce qui m’a permis avec le temps de les côtoyer et de travailler pour eux. Avec certains nous avons collaboré durant de longues années. Au cours de ma dernière année passée en Russie, j’ai eu l’occasion de participer à l’enregistrement de l’album Live de la chanteuse Anna Koroleva. Je suis par ailleurs intervenu vocalement sur ses titres « Crazy Moon » et « I love Africa ». C’est une des expérience les plus inoubliables et formidables que j’ai eues dans ma carrière musicale en Russie.

La Voix de la Russie : Tu es arrivé en Russie à une époque où le problème du racisme faisait beaucoup parler de lui. Comment as-tu vécu cette période difficile de début des années 2000 ?

Dion Eben-Ezer : Effectivement, le problème sécuritaire à l’époque était un véritable soucis. Être Africain de peau noire à cette époque n’était pas chose facile. J’étais souvent étonné de la manière dont on me regardait des fois en classe, dans la rue, sur le campus, dans le métro, etc... J’étais encore plus surpris lorsqu’on m’insultait à cause de la couleur de ma peau. Mais je pense que les regards et les injures de ces personnes avaient différentes motivations. Je m’explique. A l’époque, certaines personnes n’avaient jamais vu de personnes de peau noire ou n’y étaient pas habituées. Cette attitude n’est pas raciste. J’ai été moi même étonné lorsque j’ai vu pour la première fois un blanc... Par contre, les injures et les agressions physiques dont j’ai été parfois victime, je pense effectivement que c’était des actes barbares en lien direct avec cette époque. Et par rapport à cela, je remercie le gouvernement russe pour tous les efforts qui ont été déployés depuis afin que l’étranger retrouve sa dignité et sa place en Russie. Il faut dire que la situation s’est nettement améliorée, bien qu’il y ait encore des choses à faire.

La Voix de la Russie : Aujourd’hui, tu vis en Côte d’Ivoire. Comment ça se passe pour toi ?

Dion Eben-Ezer : Après avoir vécu de longues années en Russie, il faut dire que l’intégration n’était pas facile au début, ou plutôt la réintégration. Mais au fur et à mesure, les choses semblent aller très bien, comme le traduit parfaitement l’expression russe « Doma vsegda khorosho » (A la maison se sent toujours bien). (Rires).

La Voix de la Russie : Quelles sont tes activités aujourd’hui en Côte d’Ivoire ?

Dion Eben-Ezer : Je projetais après mes études en Russie d’ouvrir un centre de formation en musique. Aujourd’hui c’est chose faite. Et c’est une énorme joie pour moi. Je suis le directeur de ce centre de formation, ainsi que le chef du département Musique. Il se nomme « Centre de Formation Arts Impact ». Je m’occupe de la formation musicale des musiciens et je me consacre à l’écriture d’œuvres musicales, ainsi qu'à la confection de méthodes d'étude de la musique. J’ai également achevé à mon retour en Côte d’Ivoire mon premier livre : « Dieu, l’auteur de la Musique ». Et depuis, j’ai aussi achevé un second livre « Le musicien selon le modèle Divin », qui sera bientôt sur le marché.

La Voix de la Russie : Félicitations ! Quel est ton opinion sur les relations russo-ivoiriennes, et plus globalement russo-africaines ? Que souhaiterais-tu pour l’Afrique et la Russie ?

Dion Eben-Ezer : D’après ce que je sais, la Côte d’Ivoire a toujours eu de bonnes relations diplomatiques avec la Russie. En ce qui concerne les Ivoiriens vivant en Russie, ils jouissent d’une bonne réputation grâce à la considération qu’ils ont pour le peuple russe et le respect des lois de la Russie. Je pense que cette atmosphère continuera. C’est mon souhait. Comme j’aime souvent le dire, pour comprendre quelqu’un, il faut lui accorder de l’attention et de l’importance. C’est un comportement auquel les Russes et les Ivoiriens doivent s’appliquer, il en va de leurs intérêts réciproques. Les relations russo-africaines ? Pareil. C’est avec le temps que les choses arrivent à maturité, et qu’on apprécie la beauté. Laissons les choses aller à leur terme et que chacun véhicule l’amour, l’attention et la compréhension de l’autre. Aussi bien sur le plan humain que diplomatique, économique, culturel et social.

La Voix de la Russie : La nostalgie de la Russie de temps en temps ?

Dion Eben-Ezer : Malgré toutes les épreuves vécues en Russie, il faut dire que j’ai vécu de très belles expériences. J’ai rencontré en Russie des personnes formidables. Je pense que ce sont des choses qui ne se racontent pas : il faut les vivre. Et toutes ces images qui sont imprimées dans mon esprit, je pense que c’est pour la vie.

La Voix de la Russie : Dion, merci pour cet entretien. Je te souhaite beaucoup de courage et de succès dans tous tes projets.

Dion Eben-Ezer : Merci, Mikhail. Réciproquement pour toi et La Voix de la Russie. T

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