Acquittement de Ramush Haradinaj : un camouflet pour Belgrade

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Le Tribunal de La Haye vient d’acquitter l'ex-Premier ministre kosovar et ancien commandant de l'UCK Ramush Haradinaj. Dans son livre, ce dernier n’a pas hésité à écrire que ses hommes et lui-même « tuaient des policiers serbes tous les jours ». La libération s’est produite deux semaines après l'acquittement des généraux croates Ante Gotovina et Mladen Markac, déclarés non coupables des crimes de guerre contre les Serbes de Croatie en 1995 dont ils étaient accusé. Ce mois de novembre 2012 marquera l’histoire de la justice mondiale par des décisions irréfléchies et irresponsables.

Lors du deuxième procès au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), le procureur avait requis à l'encontre de l'ancien commandant de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) Ramush Haradinaj et ses complices 20 ans de réclusion pour assassinats, tortures et maltraitances, les reconnaissant coupables de violations des règles de la guerre dans le camp de prisonniers de Jablanica pendant le conflit du Kosovo à la fin des années 1990. Toutefois, le juge a estimé qu'il n'existait aucune preuve attestant que Haradinaj était au courant de la perpétration de ces crimes.

Pristina se réjouit de cette libération et se prépare au retour de son héros. Avec le verdict d'acquittement de Haradinaj le tribunal a rendu la Serbie responsable des événements du Kosovo. Selon Krstimir Pantic maire de la ville de Kosovska Mitrovica, au nord du Kosovo, l'aquittement de Haradinaj montre que la communauté internationale ne veut pas que le Kosovo-Metohija reste une région multiethnique. Dans le même temps, les observateurs internationaux essaient de créer un autre état pour les Albanais, réalisant ainsi le rêve séculaire d'une Grande Albanie.

« Étant donné que la place de Premier ministre du Kosovo a été promise à Haradinaj, cela sera un message adressé aux Serbes indiquant qu'ils n’ont plus leur place au Kosovo », explique le maire de la commune de Strpce, au Sud du Kosovo, Zvonko Mikhaïlovic. « Quant aux accusés qui sont restés à la Haye, il est fort probable que le général serbe Ratko Mladic et l'ancien président de la république Radovan Karadzic seront condamnés à de lourdes peines ».

On savait déjà pour Haradinaj lorsque le tribunal de la Haye avait commencé à réfuter les affirmations sur des crimes de guerre du Procureur serbe. Le Tribunal de la Haye a également évoqué l’incapacité de la Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (UNMIK) à protéger les témoins, précisant que La commission d’enquête serbe a beaucoup plus de questions à poser à Haradinaj que le TPIY. Selon le Bureau du Procureur serbe, pendant la seule année 1998, le chef de guerre kosovar serait responsable de 56 meurtres commis sous le commandement des membres des Forces de libération du Kosovo.

Cependant, les raisons de la libération de Haradinaj sont évidentes : il est couvert par certains fonctionnaires internationaux. L’un d’eux, Søren Jessen-Petersen, qui a dirigé l'UNMIK à une époque, considérait Haradinaj comme le « garant de la paix et de la sécurité » dans la région. Des millions de dollars ont été investis dans la défense de Haradinaj, prise en charge par un cabinet d’avocats britannique, dans lequel, étrange coïncidence, travaille l’épouse de l'ancien Premier ministre de la Grande-Bretagne : Tony Blair. Ce dernier était d’ailleurs l'un des principaux partisans de l’utilisation de la force pour résoudre le conflit du Kosovo. Haradinaj était un partenaire fiable. Les médias occidentaux ont maintes fois écrit qu'il a contribué à coordonner les attaques aériennes de l'OTAN lors du bombardement de la Yougoslavie en 1999.

Quelle pourrait être la conséquence de la libération de Haradinaj ? Outre les menaces potentielles à la sécurité de la population serbe du Kosovo, les serbes risquent d'être la cible d'une nouvelle vague de pillages suite à la liesse des Kosovars et de subir de fortes pressions. Par ailleurs, ce verdict d'acquittement pourrait avoir des conséquences politiques. Il pourrait renforcer l'image du Kosovo comme Etat créé à la suite d’une guerre sainte ayant libéré la région de la domination de la Grande Serbie. Cette fausse image pourrait mener les pourparlers entre Belgrade et Pristina dans l’impasse, ou les réduire à néant. /L

 

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