Nord-Mali : la communauté internationale prône un règlement pacifique

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Le grand penseur du Moyen-Age Nicolas Machiavel a dit une fois qu’« on déclare la guerre quand on veut, on la termine quand on peut ». Cette adage reflète bien la situation actuelle au nord du Mali, fait remarquer Alexeï Grigoriev.

Le grand penseur du Moyen-Age Nicolas Machiavel a dit une fois qu’« on déclare la guerre quand on veut, on la termine quand on peut ». Cette adage reflète bien la situation actuelle au nord du Mali, fait remarquer Alexeï Grigoriev. Le 26 novembre était le dernier des 45 jours donnés par le Conseil de sécurité de l’ONU pour élaborer un plan d’actions militaires contre les groupes djihadistes sous le contrôle desquels trouve cette région du Sahel. Ceux qui prônent la force pour balayer ces islamistes radicaux, ne manquent pas. Avec cela, les appels de la communauté internationale au règlement pacifique et diplomatique de la crise malienne, sont de plus en plus forts. Ainsi, jeudi le 29 novembre le président de l’Union africaine, président béninois Thomas Boni Yayi, a estimé décevant le rapport de Ban Ki-Moon au Conseil de sécurité de l’ONU sur les risques d’une intervention militaire au Nord-Mali. « Tout recul devant la nécessité d’envoyer en urgence la Force Internationale pour combattre le terrorisme au Nord-Mali, sera interprété comme l’expression d’une faiblesse face aux terroristes », a-t-il déclaré. Après avoir pris connaissance avec le plan d’intervention militaire au Nord-Mali élaboré par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le secrétaire général des Nations unis l’a qualifié de mesure de dernier recours. Cependant, Ban Ki-Moon a indiqué qu’une intervention militaire « pourrait aussi risquer de ruiner toute chance d’une solution politique négociée à cette crise qui reste le meilleur espoir d’assurer la stabilité à long terme au Mali »

La Voix de la Russie a joint au téléphone l’ambassadeur russe au Mali Alexeï Doumian pour lui demander son commentaire.

« Il y a un plan d’intervention militaire concret visant à libérer le Nord-Mali qui devra être présenté. D’après nos informations, ce plan a déjà été envoyé par l’Union africaine d’Addis-Abeba à New York comme le prévoyait la procédure. C’est aussi à Addis-Abeba que le 24 octobre le Conseil de la paix et sécurité de l’Union africaine a approuvé le schéma de la sortie du Mali de la crise qui est une sorte de feuille de route où il est marqué ce qu’il faut faire pour résoudre le problème malien et quelles mesures il faut adopter pour le faire. Il s’agit en fait de deux documents. Le premier a un rapport direct à l’opération militaire multilatérale. Le second concerne la sortie du Mali de la crise sur le plan politique plus large. Et maintenant il ne reste qu’attendre la décision du Conseil de sécurité des Nations unies qui tombera fin décembre… »

A propos, en visite à Rabat la semaine dernière le représentant spécial de l’ONU pour le Sahel, Romano Prodi, a déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie marocaine Saad Eddine El Othmani, que « tous les experts (politiques et militaires) sont d’accord pour dire qu’une intervention militaire ne pourrait avoir lieu qu’en septembre 2013 (…) Il faut préparer une action militaire pour être crédible et ma mission c’est de faire tout pour la paix et éviter la guerre », a ajouté M. Prodi, plaidant pour la « recherche d’une solution politique » au « Mali et dans le Sahel ». Quant au ministre marocain, lui aussi s’est montré peu enthousiaste à l’idée d’une opération militaire. « La stratégie du royaume vis-à-vis du Mali privilégiait d’abord un règlement politique », a-t-il précisé.

« Décider c’est une chose, réaliser c’en est une autre, commente ces propos l’ambassadeur russe au Mali Alexeï Doumian. Maintenant, aujourd’hui, les Maliens ne sont tout simplement pas prêts, et la CEDEAO non plus, à réaliser cette opération. Selon les experts et instructeurs occidentaux qui doivent arriver au pays au début de l’année prochaine, il faut au minimum un an pour y préparer les Maliens dont le rôle dans la coopération militaire est primordial. Il y a donc pas mal de choses qui ne sont pas claires pour le moment, mais ce qui est clair, c’est qu’il ne faut pas cesser à déployer des efforts politiques et diplomatiques tendant à favoriser le processus de négociation qui vient d’être lancé. En rapport avec cela, la récente visite du premier ministre malien à Paris et ses entretiens avec son homologue français consacrés à ces mêmes processus de négociation, ne peut pas ne pas attirer l’attention. Sont tout aussi importants les contacts de la capitale burkinabé Ouagadougou et Alger avec le groupe le plus influent au Nord-Mali, les Touaregs Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam). A mon avis, c’est la meilleure voie qui ne demandera ni d’effusion du sang, ni de dépenses importantes mais créera un terrain propice à la résolution des problèmes politiques avec le gouvernement central à Bamako à l’avenir ».

Bref, la crise est déjà désamorcée, poursuit notre commentateur. La communauté internationale a réussi à convaincre les Touaregs d’Ansar Dine et du Mouvement national pour la libération d’Azawad, soit deux principaux acteurs de la scène nord-malienne, à renoncer à la lutte armée, d’accepter les pourparlers de paix et, le plus important, de s’opposer à deux autres groupes djihadistes, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mijao) qui restent sur les positions de guerre et semblent prêts d’aller jusqu’à bout…

« Avec eux, il ne peut y avoir aucuns pourparlers de paix, est convaincu Alexeï Doumian. Contre eux, seule une lutte farouche y compris armée, est possible. Il y a une question difficile qui se pose : après les opérations militaires, si celles-ci ont quand-même lieu, que deviendront-ils ? Le Nord-Mali est un territoire désert. Il est vrai qu’il y a des montagnes, des grottes où on peut se cacher pendant quelque temps. Mais ces groupes, ils doivent comprendre que leur existence est jugée inacceptable par le reste de la communauté malienne, sahélienne et plus globalement africaine et mondiale ».

L’ambassadeur mauritanien à Moscou contacté par La Voix de la Russie, a confirmé que la Mauritanie était en train de renforcer ses frontières avec le Nord-Mali. L’Algérie fait le même et les djihadistes ne vont pas y aller. Selon l’ambassadeur mauritanien, la seule voie qui reste ouverte à AQMI et Mujao est le Niger. Mais au nord de la Nigéria voisine c’est le mouvement islamiste Boko Haram qui fait la loi. Son chef, Abubakar Shekau exprime d’ailleurs sa solidarité avec les combattants d’Al-Qaida dans le monde et dans l’« Etat islamique au Mali », dans une vidéo mise en ligne jeudi, selon le centre de surveillance des sites islamistes SITE. Il est évident que la fusion entre Boko Haram et AQMI et Mujao créera un foyer terroriste beaucoup plus dangereux que même celui agissant dans le Sahel. La communauté internationale doit donc finir avec le terrorisme au Nord-Mali en utilisant des opportunités existantes pour un règlement pacifique du conflit. La Russie prône cette solution-là, dit l’ambassadeur Alexeï Doumian. Recourir à la force est une mesure ultime dans le règlement des litiges. C’est pourquoi la Russie privilégie le dialogue et les pourparlers de paix dans sa politique étrangère, y compris en Afrique…

Mamadou Salif Diouf, ambassadeur sénégalais en Russie, opte également pour le règlement pacifique du conflit malien.

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